Corpus - Ecriture d'invention

Publié le 10 oct. 2015 il y a 8A par Anonyme - Fin › 14 oct. 2015 dans 8A
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Sujet du devoir

Document A : extrait 1 de Notes sur le rire, Marcel Pagnol
Document B : extrait 2 de Notes sur le rire, Marcel Pagnol
Document C : extrait 3 de Notes sur le rire, Marcel Pagnol

Document A : extrait 1 de Notes sur le rire, Marcel Pagnol

Il est certain que ces formules, dues à des penseurs de grande valeur, sont le résultat de longues et patientes recherches, et qu’elles peuvent expliquer certains cas particuliers du rire. Toutefois, nous nous permettrons de critiquer ici non point la méthode ou la théorie, mais le sens même de ces recherches, et le but que ces philosophes semblent s’être proposé: à savoir, la découverte, dans la nature, des sources du comique.
En effet, dire : « Est comique tout acte… », c’est dire qu’il existe des sources de comique, comme il existe des sources d’électricité ; c’est affirmer qu’il y a dans certaines formes, dans certains mouvements, dans certains caractères, quelques « ergs » de la fameuse vis comica, qui attendent les passants pour leur sauter au zygomatique.
Cette idée nous paraît non seulement discutable, mais parfaitement insoutenable: il n’existe pas de comique en soi, et toujours semblable à lui-même. Aucun geste, aucun acte ne peut être qualifié de « comique ».
Un petit garçon de trois ans pousse des cris affreux. Il s’est enfoncé dans le nez une épingle de nourrice. Personne ne rit, et c’est d’une voix altérée que son père téléphone au médecin.
Si le même accident arrivait à un chanoine, ou à un conseiller à la cour, les premiers informés commenceraient par rire d’un malheur aussi singulier.
Un très vieux chiffonnier, à demi gâteux, en fouillant dans une poubelle, ne peut maîtriser un bruit déplaisant. Cet incident n’est que faiblement comique. Mais si cette mésaventure surprend un haut personnage, en grand uniforme, dans le silence d’une cérémonie solennelle, l’effet de fou rire sera aussi brutal que violent.
D’autre part, n’importe quel événement, de quelque nature qu’il soit, peut faire rire quelqu’un.
Ainsi, la vue d’un homme que l’on vient de pendre, avec cette longue langue baveuse qui jaillit d’une bouche bleue, n’a rien de comique. Cependant, s’il s’agit d’un bourreau sadique, exécuté devant ses victimes, les derniers soubresauts de son agonie seront salués par de grands et violents éclats de rire.
Il serait facile de multiplier les exemples de cette sorte. Nous allons donc proposer au lecteur une conclusion d’une importance capitale.
Il n’y a pas de sources du comique dans la nature : la source du comique est dans le rieur.
Ainsi, nous ne chercherons pas à répondre à la question posée par nos maîtres : « De quoi rions-nous ? »
Il nous semble beaucoup plus important de résoudre celle-ci : « Pourquoi rions-nous ? »
Une seule réponse à la seconde question contiendra toutes les réponses à la première.

Marcel Pagnol, Notes sur le rire, 1947


Document B : extrait 2 de Notes sur le rire, Marcel Pagnol

En arrivant à ce chapitre, où il nous faut construire une théorie du rire, nous voici bien embarrassé.
Habitué à faire parler des personnages, mais inexpert dans l’art d’écrire, nous avons hésité longtemps entre les deux façons d’exposer clairement et complètement une thèse.
La première prendrait mille exemples, mille faits de la vie courante, et tenterait ensuite de les éclairer et de les unifier par une loi.
C’est une méthode subtile qui prépare l’adhésion du lecteur, et qui le conduit, comme par la main, vers une conclusion préméditée par son guide. C’est la méthode de Socrate, la maïeutique.
Nous l’avons employée dans une version de ce livret. Le résultat ne nous a pas satisfait : il est bien difficile d’imiter Socrate.
Nous avons donc adopté la seconde méthode, celle d’Euclide.
Il est facile d’imiter les hommes de science. Leurs découvertes sont transmissibles, celles des artistes ne le sont pas. La contemplation prolongée de la Joconde ne nous donne pas le talent de Vinci. Mais, si un savant de génie invente la poudre et qu’il en donne la formule, tous les imbéciles en font: ils nous l’ont bien prouvé, et ce n’est pas fini.
C’est pourquoi, reculant devant la manière du philosophe, nous nous sommes réfugié auprès du géomètre, dont le génie contagieux, qui mesure la terre, nous apprend à la mesurer.
Nous allons donc tout d’abord exposer la loi du rire, comme si nous l’avions reçue sur le mont Sinaï.
Nous essaierons ensuite de prouver que tous les faits et tous les exemples possibles démontrent l’exactitude rigoureuse de cette loi, et qu’elle explique tous les éclats de rire, dans tous les temps et tous les pays.
L’avantage de ce procédé, c’est qu’il nous dispense d’un grand effort, qui aurait eu pour but de classer les manifestations du rire.
Or, le lecteur verra que toutes les démonstrations particulières que nous allons lui proposer convergent vers un but central: elles veulent prouver l’exactitude de la loi. On ne peut classer ni ranger par catégories les rayons d’une circonférence.
Nous espérons que l’ingéniosité de cette comparaison nous méritera l’indulgence du lecteur, et qu’il nous permettra de lui présenter, dans un désordre assez peu philosophique, nos arguments et nos observations.
Voici notre définition du rire :
1°Le rire est un chant de triomphe; c’est l’expression d’une supériorité momentanée, mais brusquement découverte du rieur sur le moqué.
2°Il y a deux sortes de rires, aussi éloignées l’une de l’autre, mais aussi parfaitement solidaires que les deux pôles de notre planète.
3°Le premier, c’est le vrai rire, le rire sain, tonique, reposant :
Je ris parce que je me sens supérieur à toi (ou à lui, ou au monde entier, ou à moi-même).
Nous l’appelons rire positif.
4°Le second est dur, et presque triste :
Je ris parce que tu es inférieur à moi. Je ne ris pas de ma supériorité, je ris de ton infériorité.
C’est le rire négatif, le rire du mépris, le rire de la vengeance, de la vendetta, ou, tout au moins, de la revanche.
5°Entre ces deux sortes de rires, nous rencontrons toutes sortes de nuances.
Et sur l’équateur, à égale distance de ces deux pôles, nous trouverons le rire complet, constitué par l’association des deux rires.
Quand l’armée Leclerc a repris Paris, nous avons ri avec des larmes de joie, parce que la France était délivrée et reprenait sa place dans le monde; et nous avons ri âprement, parce que l’oppresseur était chassé, piétiné, écrasé. Ce fut un rire complet, un rire de tout le corps et de toute l’âme; ce fut, dans toute sa force, le rire de l’homme.


Marcel Pagnol, Notes sur le rire, 1947

IRÉNÉE (amer)
Faire rire ! Devenir un roi du rire ! C’est moins effrayant que d’être guillotiné, mais c’est aussi infamant.
FRANÇOISE
Pourquoi ?
IRÉNÉE
Des gens vont dîner avec leur femme ou leur maîtresse. Et, vers neuf heures du soir, ils se disent : « Ah ! maintenant qu’on est repu et qu’on a fait les choses sérieuses de la journée, où allons-nous trouver un spectacle qui ne nous fera pas penser, qui ne nous posera aucun problème et qui nous secouera un peu les boyaux, afin de faciliter la digestion ? »
FRANÇOISE
Allons donc ! Vous exagérez tout…
IRÉNÉE
Oh non, car c’est même encore pire : ce qu’ils viennent chercher, quand ils vont voir un comique, c’est un homme qui leur permette de s’estimer davantage. Alors, pour faire un comique, le maquilleur approfondit une ride, il augmente un petit défaut. Au lieu de corriger mon visage, au lieu d’essayer d’en faire un type d’homme supérieur, il le dégradera de son mieux, avec tout son art. Et si alors j’ai un grand succès de comique, cela voudra dire que dans toutes les salles de France, il ne se trouvera pas un homme, si bête et si laid qu’il soit, qui ne puisse pas se dire : « Ce soir, je suis content parce que j’ai vu – et j’ai montré à ma femme – quelqu’un de plus bête et de plus laid que moi. » (Un-temps, il réfléchit.) Il y a cependant une espèce de gens auprès desquels je n’aurai aucun succès, les gens instruits, les professeurs, les médecins, les prêtres. Ceux-là, je ne les ferai pas rire, parce qu’ils ont l’âme assez haute pour être émus de pitié. Allez, Françoise, celui qui rit d’un autre homme, c’est qu’il se sent supérieur à lui. Celui qui fait rire tout le monde, c’est qu’il se montre inférieur à tous.
FRANÇOISE
Il se montre, peut-être, mais il ne l’est pas.
IRÉNÉE
Pourquoi ?
FRANÇOISE
Parce que l’acteur n’est pas l’homme. Vous avez vu Charlot sur l’écran qui recevait de grands coups de pied au derrière. Croyez-vous que, dans la vie, monsieur Charlie Chaplin accepterait seulement une gifle ? Oh ! non ! Il en donnerait plutôt… C’est un grand chef dans la vie, monsieur Chaplin.
IRÉNÉE
Alors, pourquoi s’abaisse-t-il à faire rire ?
FRANÇOISE
Quand on fait rire sur la scène ou sur l’écran, on ne s’abaisse pas, bien au contraire. Faire rire ceux qui rentrent des champs, avec leurs grandes mains tellement dures qu’ils ne peuvent plus les fermer. Ceux qui sortent des bureaux avec leurs petites poitrines qui ne savent plus le goût de l’air. Ceux qui reviennent de l’usine, la tête basse, les ongles cassés, avec de l’huile noire dans les coupures de leurs doigts… Faire rire tous ceux qui mourront, faire rire tous ceux qui ont perdu leur mère, ou qui la perdront… Celui qui leur fait oublier un instant les petites misères… la fatigue, l’inquiétude et la mort ; celui qui fait rire des êtres qui ont tant de raisons de pleurer, celui-là leur donne la force de vivre, et on l’aime comme un bienfaiteur…
IRÉNÉE
Même si pour les faire rire il s’avilit devant leurs yeux ?
FRANÇOISE
S’il faut qu’il s’avilisse, et s’il y consent, le mérite est encore plus grand, puisqu’il sacrifie son orgueil pour alléger notre misère… On devrait dire saint Molière, on pourrait dire saint Charlot…
IRÉNÉE
Mais le rire, le rire… C’est une espèce de convulsion absurde et vulgaire…
FRANÇOISE
Non, non, ne dites pas du mal du rire. Il n’existe pas dans la nature ; les arbres ne rient pas, les bêtes ne savent pas rire… les montagnes n’ont jamais ri… Il n’y a que les hommes qui rient… Les hommes et même les tout petits enfants, ceux qui ne parlent pas encore… Le rire, c’est une chose humaine, une vertu qui n’appartient qu’aux hommes et que Dieu, peut-être, leur a donnée pour les consoler d’être intelligents… »

Marcel Pagnol, Notes sur le rire, 1947

 

Où j'en suis dans mon devoir

Question de corpus (6 points)

Quel est le sujet de chacun de ces textes ? Quelles méthodes utilise l'auteur pour réfléchir à celui- ci. ?
Vous répondrez sous la forme d'un paragraphe argumenté et chercherez à relever des indices textuels qui ne sont pas seulement des citations. Vous vous servirez de la grille de notation, en fin de sujet, pour vérifier que vous avez su respecter les attentes d'une telle question.

Écriture d'invention. (14 points)

« Un très vieux chiffonnier, à demi gâteux, en fouillant dans une poubelle, ne peut maîtriser un bruit déplaisant. Cet incident n’est que faiblement comique. Mais si cette mésaventure surprend un haut personnage, en grand uniforme, dans le silence d’une cérémonie solennelle, l’effet de fou rire sera aussi brutal que violent. »
Sous la forme d'un récit vous conterez la mésaventure du haut personnage, vous chercherez à renforcer les effets comiques. Vous vous servirez de la grille de notation, en fin de sujet, pour vérifier que vous avez su respecter les attentes d'un tel sujet.




3 commentaires pour ce devoir


Anonyme
Posté le 10 oct. 2015

Il faut que tu es déjà fait une part du travail sinon on ne pourra pas t'aider :/

Anonyme
Posté le 11 oct. 2015

Je bloque pour le debut aidez moi pour le debut et je terminerai tout seul

Anonyme
Posté le 14 oct. 2015

Alors pur le sujet de ce corpus je crois que la réponse est assez simple si tu regardes l'intitulé de chaque texte.

Pour la méthode, il faut que tu expliques que l'auteur à utilisé trois types de textes differents pour donner sa définition du rire et de sa fonction.

Quand on parle d'indices textuels pour justifier tes réponses on ne parle pas seulement de relever les citations mais aussi les figures de styles et les champs lexicaux récurrents.


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