Texte A : STENDHAL, Le Rouge et le Noir, chapitre 4, 1830. Texte B : Gustave FLAUBERT, Madame Bovary, 1857. Texte C : Jules VALLÈS, L'Enfant, 1878.

Publié le 2 mai 2016 il y a 7A par Anonyme - Fin › 5 mai 2016 dans 7A
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Sujet du devoir

Texte A : STENDHAL, Le Rouge et le Noir, chapitre 4, 1830.

  En approchant de son usine, le père Sorel appela Julien de sa voix de stentor1 ; personne ne répondit. Il ne vit que ses fils aînés, espèces de géants qui, armés de lourdes haches, équarrissaient les troncs de sapin, qu'ils allaient porter à la scie. Tout occupés à suivre exactement la marque noire tracée sur la pièce de bois, chaque coup de leur hache en séparait des copeaux énormes. Ils n'entendirent pas la voix de leur père. Celui-ci se dirigea vers le hangar; en y entrant, il chercha vainement Julien à la place qu'il aurait dû occuper, à côté de la scie. Il l'aperçut à cinq ou six pieds plus haut, à cheval sur l'une des pièces de la toiture. Au lieu de surveiller attentivement l'action de tout le mécanisme, Julien lisait. Rien n'était plus antipathique au vieux Sorel; il eût peut-être pardonné à Julien sa taille mince, peu propre aux travaux de force, et si différente de celle de ses aînés; mais cette manie de lecture lui était odieuse : il ne savait pas lire lui-même.
  Ce fut en vain qu'il appela Julien deux ou trois fois. L'attention que le jeune homme donnait à son livre, bien plus que le bruit de la scie, l'empêcha d'entendre la terrible voix de son père. Enfin, malgré son âge, celui-ci sauta lestement sur l'arbre soumis à l'action de la scie, et de là sur la poutre transversale qui soutenait le toit. Un coup violent fit voler dans le ruisseau le livre que tenait Julien; un second coup aussi violent, donné sur la tête, en forme de calotte, lui fit perdre l'équilibre. Il allait tomber à douze ou quinze pieds plus bas, au milieu des leviers de la machine en action, qui l'eussent brisé, mais son père le retint de la main gauche comme il tombait :
  — Eh bien, paresseux ! tu liras donc toujours tes maudits livres, pendant que tu es de garde à la scie ? Lis-les le soir, quand tu vas perdre ton temps chez le curé, à la bonne heure. Julien, quoique étourdi par la force du coup, et tout sanglant, se rapprocha de son poste officiel, à côté de la scie. Il avait les larmes aux yeux, moins à cause de la douleur physique, que pour la perte de son livre qu'il adorait.
  — Descends, animal, que je te parle. Le bruit de la machine empêcha encore Julien d'entendre cet ordre. Son père qui était descendu, ne voulant pas se donner la peine de remonter sur le mécanisme, alla chercher une longue perche pour abattre des noix, et l'en frappa sur l'épaule. A peine Julien fut-il à terre, que le vieux Sorel, le chassant rudement devant lui, le poussa vers la maison. Dieu sait ce qu'il va me faire ! se disait le jeune homme. En passant, il regarda tristement le ruisseau où était tombé son livre; c'était celui de tous qu'il affectionnait le plus, le Mémorial de Sainte-Hélène2.

1. Voix de stentor : voix forte, retentissante.
2. Mémorial de Sainte-Hélène : récit dans lequel Emmanuel de Las Cases a recueilli les mémoires de Napoléon Bonaparte lors de son exil à Sainte-Hélène en 1815.

 

Texte B : Gustave FLAUBERT, Madame Bovary, 1857.

[Emma Rouault est la fille d'un paysan aisé. Elle a passé quelques années au couvent pour y recevoir une bonne éducation. L'extrait présente quelques traits marquants de cette expérience.]

  Il y avait au couvent une vieille fille qui venait tous les mois, pendant huit jours, travailler à la lingerie. Protégée par l'archevêché comme appartenant à une ancienne famille de gentilshommes1 ruinés sous la Révolution, elle mangeait au réfectoire à la table des bonnes sœurs, et faisait avec elles, après le repas, un petit bout de causette avant de remonter à son ouvrage. Souvent les pensionnaires s'échappaient de l'étude pour l'aller voir. Elle savait par cœur des chansons galantes du siècle passé, qu'elle chantait à demi­voix, tout en poussant son aiguille. Elle contait des histoires, vous apprenait des nouvelles, faisait en ville vos commissions, et prêtait aux grandes, en cachette, quelque roman qu'elle avait toujours dans les poches de son tablier, et dont la bonne demoiselle elle-même avalait de longs chapitres, dans les intervalles de sa besogne. Ce n'étaient qu'amours, amants, amantes, dames persécutées s'évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons2 qu'on tue à tous les relais, chevaux qu'on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles3 au clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l'est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes. Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets de lecture.

1. Gentilshommes : nobles.
2. Postillon : conducteur d'une voiture tirée par des chevaux.
3. Nacelle : petite barque.

 

Texte C : Jules VALLÈS, L'Enfant, 1878.

[Le personnage principal du roman, Jacques, raconte les traumatismes de son enfance. Dans cet extrait, la scène se déroule dans son école.]

 J'ai été puni un jour : c'est, je crois, pour avoir roulé sous la poussée d'un grand, entre les jambes d'un petit pion1 qui passait par là, et qui est tombé derrière par-dessus tête ! Il s'est fait une bosse affreuse, et il a cassé une fiole qui était dans sa poche de côté; c'est une topette de cognac dont il boit — en cachette, à petits coups, en tournant les yeux. On l'a vu : il semblait faire une prière, et il se frottait délicieusement l'estomac. — Je suis cause de la topette cassée, de la bosse qui gonfle... Le pion s'est fâché.
  Il m'a mis aux arrêts; — il m'a enfermé lui-même dans une étude vide, a tourné la clef, et me voilà seul entre les murailles sales, devant une carte de géographie qui a la jaunisse, et un grand tableau noir où il y a des ronds blancs et la binette du censeur2.
  Je vais d'un pupitre à l'autre : ils sont vides — on doit nettoyer la place, et les élèves ont déménagé.
  Rien, une règle, des plumes rouillées, un bout de ficelle, un petit jeu de dames, le cadavre d'un lézard, une agate3 perdue.
  Dans une fente, un livre : j'en vois le dos, je m'écorche les ongles à essayer de le retirer. Enfin, avec l'aide de la règle, en cassant un pupitre, j'y arrive; je tiens le volume et je regarde le titre :

ROBINSON CRUSOÉ

  Il est nuit.
  Je m'en aperçois tout d'un coup. Combien y a-t-il de temps que je suis dans ce livre ? — quelle heure est-il ?
  Je ne sais pas, mais voyons si je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres s'effacent; les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d'un mot, puis plus rien.
  J'ai le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse : je suis resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans entendre rien, dévoré par la curiosité, collé aux flancs de Robinson, pris d'une émotion immense, remué jusqu'au fond de la cervelle et jusqu'au fond du cœur; et en ce moment où la lune montre là-bas un bout de corne, je fais passer dans le ciel tous les oiseaux de l'île, et je vois se profiler la tête longue d'un peuplier comme le mât du navire de Crusoé ! Je peuple l'espace vide de mes pensées, tout comme il peuplait l'horizon de ses craintes; debout contre cette fenêtre, je rêve à l'éternelle solitude et je me demande où je ferai pousser du pain...
  La faim me vient : j'ai très faim.
  Vais-je être réduit à manger ces rats que j'entends dans la cale de l'étude ? Comment faire du feu ? J'ai soif aussi. Pas de bananes ! Ah ! lui, il avait des limons4 frais! Justement j'adore la limonade !
  Clic, clac ! on farfouille dans la serrure.
  Est-ce Vendredi ? Sont-ce des sauvages ?

1. Pion: surveillant (mot familier).
2. Binette du censeur : caricature du directeur adjoint de l'établissement.
3. Agate : bille en verre marbré.
4. Limons : citrons.

Quel rôle joue la lecture pour les personnages des trois textes ?

Quel regard les narrateurs portent-ils sur les personnages en train de lire ?

 

Où j'en suis dans mon devoir

Me manque ces 2questions, je ne comprends rien !




1 commentaire pour ce devoir


niogret2m
niogret2m
Posté le 3 mai 2016

La lecture apporte le rêve et l'évasion. Elle nourrit l'imagination.


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