Ecrire un poème lyrique

Publié le 18 mai 2016 il y a 7A par Anonyme - Fin › 21 mai 2016 dans 7A
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Sujet du devoir

Bonsoir,

Je dois écrire 4 vers de poème lyrique sur l'hiver, les consigne étant de faire des alexandrins, et des rimes. Mais le problème est que ce thème ne m'inspire pas du tout. Alors je me demandais si vous pouviez m'aider en me donnant le premier vers.

merci d'avance

Où j'en suis dans mon devoir

J'ai pensé à des sentiments et des mots qui me faisait penser à l'hiver. sinon je n'ai rien fais d'autre à part me creser la tête .




12 commentaires pour ce devoir


willffy
willffy
Posté le 18 mai 2016

L'hiver, c'est le moment de l’endormissement

Chacun se réfugie dans   la tendre douceur

Laissons pleurer le   vent dans ses rugissements

Courons près de l'âtre et de sa douce chaleur.

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Anonyme
Posté le 19 mai 2016

La poésie lyrique

 

1. Origine

A l’origine, le mot lyrique vient du mot lyre, l’instrument de musique dont s’accompagnait le poète grec et notamment, dans la mythologie grecque, le musicien et poète Orphée.

 

2. Définition

L’expression poésie lyrique désigne des textes où la musicalité tient une place importante et plus particulièrement des poèmes dans lesquels le poète exprime ses sentiments personnels, intimes : il peut s’agir de l’amour, de la nostalgie, de la solitude, des angoisses liées à la condition humaine (la fuite du temps, la mort) ou des liens avec la nature. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ses propres sentiments mais de renvoyer aux sentiments éprouvés par tous.

 

3. La poésie lyrique française à travers les âges

Au Moyen Âge, les troubadours célèbrent l’amour dans leurs chansons ; des poètes comme Rutebeuf (XIIIe) et François Villon (XVe) traduisent leur malheur ou l’angoisse de la mort.

A la Renaissance (XVIe siècle), Louise Labé, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay évoquent leurs amours, la fuite du temps ou la nostalgie du pays natal dans leurs sonnets ou odes.

Au XIXe siècle, de nombreux poètes appartenant notamment aux mouvements romantiques (Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset) ou symbolistes (Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud) expriment leurs sentiments.

Au XXe siècle, Paul Eluard et Louis Aragon célèbrent l’amour dans des textes en vers libres et souvent sans ponctuation. De nombreux textes de chansons peuvent également être rattachés à la poésie lyrique (Jean Ferrat, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Barbara…).

 

4. Les caractéristiques de l’écriture lyrique

Puisqu’elle traduit des sentiments personnels, la poésie lyrique:

- est souvent écrite à la première personne

- utilise le vocabulaire des sentiments et des sensations

- emploie une ponctuation forte pour traduire les émotions du poète ( ? ! …)

- utilise de nombreuses figures de style (comparaisons, métaphores, anaphores, personnification, hyperbole…)

- joue sur le rythme et la musicalité du texte grâce aux procédés de versification (rimes, allitérations, assonances…)

 

L’élégie est une forme de la poésie lyrique qui constitue une sorte de plainte qui évoque une souffrance, qu’il s’agisse de l’évocation de la mort, d’une absence ou encore d’une souffrance amoureuse.

 

Le registre pathétique est souvent utilisé dans la poésie lyrique : il s’agit de susciter chez le lecteur une émotion violente, douloureuse ; il utilise le vocabulaire de la souffrance, des sentiments violents et des images fortes (comparaisons, métaphores, hyperboles).

 

Pour ceux qui ont besoin d'une mise au point concernant la versification, je les invite à consulter  :

http://cbaconlettres.over-blog.com/article-cours-sur-la-versification-107029280.html

 

La poésie lyrique au XXe siècle : Paul Eluard, poèmes d'amour et de désespoir

Paul Eluard épouse Gala en 1917 ; or en 1926 celle-ci rencontre Salvador Dali dont elle sera la muse (pour en savoir plus sur ce maître du surréalisme, allez sur : http://www.salvador-dali.org/fr_index.html) et le quitte. Il publie un recueil, Capitale de la douleur pour évoquer l'amour et les souffrances vécues avec Gala.

 

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

 

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.

                       (Mourir de ne pas mourir, 1924)

 

La version chantée de Jérôme Minières ; je vous invite à aller voir sur des sites de vidéos en ligne pour vous rendre compte que ces poèmes touchent toujours beaucoup de personnes.

La courbe de tes yeux

 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

 

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

 

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.
                                                                          (Capitale de la douleur, 1926)

 

 Paul Eluard se marie ensuite avec celle qu'il nommera Nusch et qui meurt brutalement en 1946 ; il publie alors le court recueil Le temps déborde pour crier sa souffrance.

 

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six

Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour

En trop : le temps déborde.

Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.

 

 

Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
 
 

 

Pour plus d'informations sur Paul Eluard, http://www.paul-eluard.com/

Pour entendre d'autres poèmes d'Eluard, dont Couvre-feu dit par Gérard Philippe 

 

 

__________________________________________________________________

Textes poétiques du XIXe siècle

 

Vous trouverez ci-dessous quelques poèmes de grands auteurs du XIXe siècle qui vous permettront d'avoir une première idée de ce qu'a pu produire ce siècle et vous donner envie d'en lire plus.
Tout d'abord, Lamartine pour le romantisme, puis des poèmes de Victor Hugo (beaucoup d'autres en cliquant ici : Poèmes de Hugo et Poème de Hugo : A la mère de l'enfant mort), d'autres de Baudelaire, Rimbaud, puis Verlaine pour le symbolisme.

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Méditations poétiques
Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

 

 


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