Anthologie poétique sur l'identité

Publié le 14 mai 2018 il y a 5A par Anonyme - Fin › 18 mai 2018 dans 5A
2

Sujet du devoir

bonjour,

 

je dois réaliser une anthologie sur un thème pour le Français. j'ai choisi le thème de l'identité, puis j'ai créé une sorte de plan. L'idée serait de commencer par des poèmes sur le conflit identitaire, puis de continuer sur la négritude et le féminisme.

 

Il me faut 10 textes, or ma culture poétique est très limité. De plus, suite a des contretemps je n'ai pas pus avancer dessus les dernières semaines.

 

Merci d'avance pour vos réponses.

 

Cordialement,

Antoine Canivet 

 

Où j'en suis dans mon devoir

Conflit identitaire :

Être Ange
C’est Étrange
Dit l’Ange
Être Âne
C’est étrâne
Dit l’Âne
Cela ne veut rien dire
Dit l’Ange en haussant les ailes
Pourtant
Si étrange veut dire quelque chose
étrâne est plus étrange qu’étrange
dit l’Âne
Étrange est !
Dit l’Ange en tapant du pied
Étranger vous-même
Dit l’Âne
Et il s’envole.

Jacques Prévert 

 

Mon âme donne sur la cour
Où quelques canaris pépient,
Une bonne dans l'ombre pie
Repasse ses vieilles amours.
Le lait du petit jour qu'on monte
Propose une âme et de l'espoir
Aux anneaux de l'escalier noir
Où tintent ses promesses promptes.
Ce sont les bruits clairs du matin,
Le jour nouveau qui me visitent,
Et ni moins vite, ni plus vite
Les pas serviles du destin.

Ce sont mes jambes de trente ans
Qui filent vers la quarantaine,
Sans que ni l'amour ni la haine
Ne les arrêtent un instant
Je retrouve à la même place
Mes os d'hier et d'aujourd'hui,
Parmi la chair vive et sa nuit
Mon cœur m'encombre et me grimace.
Plus de trente ans je me cherchai
Toujours de moi-même empêché,
Hier enfin je me vis paraître
Debout dans la brousse de l'être;
J'étais nu, le cœur apparent
Avec sa courbe et son tourment.
Je donnai à l'autre moi-même (Aussitôt nous nous reconnûmes)
Une poignée de main sereine
Ayant un petit goût posthume.
Il n'y eut pas même une larme,
Ce fut grave torride calme,
Et je me tendis une palme
Que je gardais depuis trente ans
Pour ce purissime moment.

Jules supervielle

 

Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés. 
Chacun d’eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu’un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d’un fantassin romain. 
Mais la monstrueuse bête n’était pas un poids inerte ; au contraire, elle enveloppait et opprimait l’homme de ses muscles élastiques et puissants ; elle s’agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture ; et sa tête fabuleuse surmontait le front de l’homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l’ennemi. 

 

 

Je questionnai l’un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu’il n’en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu’évidemment ils allaient quelque part, puisqu’ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher. 
Chose curieuse à noter : aucun de ces voyageurs n’avait l’air irrité contre la bête féroce suspendue à son cou et collée à son dos ; on eût dit qu’il la considérait comme faisant partie de lui-même. Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d’aucun désespoir ; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d’un sol aussi désolé que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux qui sont condamnés à espérer toujours. 
Et le cortége passa à côté de moi et s’enfonça dans l’atmosphère de l’horizon, à l’endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe à la curiosité du regard humain. 
Et pendant quelques instants je m’obstinai à vouloir comprendre ce mystère ; mais bientôt l’irrésistible Indifférence s’abattit sur moi, et j’en fus plus lourdement accablé qu’ils ne l’étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères. 

Charles Baudelaire

 

pas sur de le mettre :(Ne cherchez pas à lire mon nom sur mes papiers
J’ai lavé mes empreintes et j’ai perdu mon âge
Appelez moi fumée, appelez moi nuage
Laissez le reste en blanc sans rien me demander.Je n’ai jamais volé que mes instants de chance,
Je n’ai jamais tué que le temps qui passait,
Mes poches sont percées mais je garde en secret
Le coquillage bleu du fond de mon enfance.

Vous n’avez pas le droit de prendre mes bretelles,
Ouvrez moi cette porte, rendez moi mes lacets
Je ne demandais rien, seulement je passais
Si je n’ai pas de nom c’est que nul ne m’appelle.

Je suis très bien ainsi, laissez moi m’en aller
Je ne mendiais pas, n’étais même pas ivre,
Et s’il faut à tout prix mettre un nom sur vos livres,
Appelez moi nuage, appelez moi fumée.

 Francis BLANCHE)

 

Feminisme :

Il pleut Il pleut
Il fait beau
Il fait du soleil
Il est tôt
Il se fait tard
Il
Il
Il
toujours Il
Toujours Il qui pleut et qui neige
Toujours Il qui fait du soleil
Toujours Il
Pourquoi pas Elle
Jamais Elle
Pourtant Elle aussi
souvent se fait belle!

Jacques Prevert

 

Negritude :

 

Ma Négritude point n’est sommeil de la race mais soleil de l’âme, ma négritude vue et vie
Ma Négritude est truelle à la main, est lance au poing
Réécade. Il n’est question de boire, de manger l’instant qui passe
Tant pis si je m’attendris sur les roses du Cap-Vert !
Ma tâche est d ‘éveiller mon peuple aux futurs flamboyants
Ma joie de créer des images pour le nourrir, ô lumières rythmées de la Parole !

Léopold Sédar SENGHOR

 

 




5 commentaires pour ce devoir


willffy
willffy
Posté le 14 mai 2018

Pour ton 1° poème:

Je suis comme je suis
Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Quand j'ai envie de rire
Oui je ris aux éclats
J'aime celui qui m'aime
Est-ce ma faute à moi
Si ce n'est pas le même
Que j'aime à chaque fois
Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Que voulez-vous de plus
Que voulez-vous de moi
Je suis faite pour plaire
Et n'y puis rien changer
Mes talons sont trop hauts
Ma taille trop cambrée
Mes seins beaucoup trop durs
Et mes yeux trop cernés
Et puis après
Qu'est-ce que ça peut vous faire
Je suis comme je suis
Je plais à qui je plais
Qu'est-ce que ça peut vous faire
Ce qui m'est arrivé
Oui j'ai aimé quelqu'un
Oui quelqu'un m'a aimée
Comme les enfants qui s'aiment
Simplement savent aimer
Aimer aimer...
Pourquoi me questionner
Je suis là pour vous plaire
Et n'y puis rien changer.

Il introduirait bien ton thème , plutôt que le 1° que tu as choisi

 

willffy
willffy
Posté le 14 mai 2018

Pour le féminisme :

 

Aux femmes
Poète : Victor Hugo (1802-1885)
Recueil : Les châtiments (1853).

Quand tout se fait petit, femmes, vous restez grandes.
En vain, aux murs sanglants accrochant des guirlandes,
Ils ont ouvert le bal et la danse ; ô nos soeurs,
Devant ces scélérats transformés en valseurs
Vous haussez, — châtiment ! — vos charmantes épaules.
Votre divin sourire extermine ces drôles.
En vain leur frac brodé scintille ; en vain, brigands,
Pour vous plaire ils ont mis à leurs griffes des gants,
Et de leur vil tricorne ils ont doré les ganses ;
Vous bafouez ces gants, ces fracs, ces élégances,
Cet empire tout neuf et déjà vermoulu.
Dieu vous a tout donné, femmes ; il a voulu
Que les seuls alcyons tinssent tête à l'orage,
Et qu'étant la beauté, vous fussiez le courage.

Les femmes ici-bas et là-haut les aïeux,
Voilà ce qui nous reste !

 

2
willffy
willffy
Posté le 14 mai 2018

Afrique

Afrique mon Afrique
Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales
Afrique que chante ma grand-mère
Au bord de son fleuve lointain
Je ne t'ai jamais connue
Mais mon regard est plein de ton sang
Ton beau sang noir à travers les champs répandu
Le sang de ta sueur
La sueur de ton travail
Le travail de I' esclavage
L'esclavage de tes enfants
Afrique dis-moi Afrique
Est-ce donc toi ce dos qui se courbe
Et se couche sous le poids de l'humilité
Ce dos tremblant à zébrures rouges
Qui dit oui au fouet sur les routes de midi
Alors gravement une voix me répondit
Fils impétueux cet arbre robuste et jeune
Cet arbre là-bas
Splendidement seul au milieu des fleurs
blanches et fanées
C'est I'Afrique ton Afrique qui repousse
Qui repousse patiemment obstinément
Et dont les fruits ont peu à peu
L' amère saveur de la liberté.


David Diop ("Coups de pilon" - Présence Africaine, 1956)

willffy
willffy
Posté le 14 mai 2018

"Comprenne qui voudra" (1944)

En ce temps là, pour ne pas châtier
les coupables, on maltraitait des filles.
On allait même jusqu’à les tondre.

Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
À la robe déchirée
Au regard d’enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés

Une fille faite pour un bouquet
Et couverte
Du noir crachat des ténèbres

Une fille galante
Comme une aurore de premier mai
La plus aimable bête

Souillée et qui n’a pas compris
Qu’elle est souillée
Une bête prise au piège
Des amateurs de beauté

Et ma mère la femme
Voudrait bien dorloter
Cette image idéale
De son malheur sur terre.

   Eluard

willffy
willffy
Posté le 14 mai 2018

La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Boeuf
Jean de La Fontaine


Une Grenouille vit un boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
– Nenni. – M’y voici donc ? – Point du tout. – M’y voilà ?
– Vous n’en approchez point. La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages.

Jean de La Fontaine

 

 


Ils ont besoin d'aide !

Il faut être inscrit pour aider

Crée un compte gratuit pour aider

Je m'inscrisOU

J'ai déjà un compte

Je me connecte