corpus de français : la peine de mort

Publié le 2 oct. 2010 il y a 13A par Anonyme - Fin › 4 oct. 2010 dans 13A
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Sujet du devoir

Questions:
1.Quel regard les auteurs portent ils sur la peine de mort?
2.Quelle est la nature de l'argumentation?
(ci joint les textes je j'ai scannés)


Texte 1 :
Le 12 octobre 1761, on découvre Marc-Antoine Calas pendu dans le
magasin de son père, Jean Calas, un négociant protestant. Ce dernier est
accusé d'avoir tué son fils pour l'empêcher de se convertir au catholi·
cisme, seule religion autorisée alors. Jean Calas est condamné a mort et
roué. Voltaire entreprend de réhabiliter sa mémoire.

Il paraissait impossihle que Jean Calas, vieillard de"'soixante-huit
ans, qui avait depuis longtemps les jamhes enflées et faibles, eur
seul étranglé et pendu un fils âgé de vingt-huit ans, qui était d'une
force au-dessus de l'ordinaire; il fallait absolument ql! 'il eût été
assisté dans cerre exécution par sa femme. par son fils Pierre Calas,
par Lavaissel et par la servante. Ils ne s'étaient·pas quittés un seul
moment le soir de cette fatale aventure. Mais cene supposition était
encore aussi absurde que l'autre: car comment" une servante zélée
catholique aurait-elle pu souffrir que des huguenots assassinassent
un jeune homme élevé par elle pOUf le punir d'aimer la religion de
cette servante? Comment Lavaisse serait-ii venu exprès de Bordeaux
pour étrangler son ami dont il ignotait la conversion
prétendue? Comment une mère tendre aurait-elle mis les mains
sur son fils? Comment tous ensemble auraient-ils pu étrangler un
jeune homme aussi robuste qu'eux toUS, sans un combat long et
violent, sans des cris affreux qui auraient appelé tout le voisinage,
sans des coups réitérés, sans des meurtrissures, sans des habits
déchirés?
Il était évident que, si le parricide avait pu être commis, rous les
accusés étaient également coupables, parce qu'ils ne 1'étaient pas
quittés d'un moment; il était évident qu'ils ne t'étaient pas; il était
évident que le père seul ne pouvait l'être; et cependant l'arrêt condamna
ce père seul à expirer sur la roue.
Le motif de l'arrêt était aussi inconcevable que tout le reste. Les
juges qui étaient décidés pour le supplice de Jean Calas persuadèrent
aux autres que ce vieillard faible ne pourrait résister aux
tourments, et qu'il avouerait sous les coups des bourreaux son
crime et celui de ses complices. Ils furent confondus, quand ce
vieillard, en mourant sur la roue, prit Dieu à témoin de son innoso
cence, et le conjura de pardonner à ses juges.
Ils furent obligés de rendre un second arrêt contradictoire avec
le premier, d'élargir2 la mère, son fils Pierre, le jeune Lavaisse, et
la servante; mais un des conseillers leur ayant fait sentir qu.e cet
arrêt démentait l'autre, qu'ils se condamnaient eux-mêmes, que
tous les accusés ayant toujours été ensemble dans le temps qu'on
supposait le parricide, l'élargissement de tous les survivants prouvait
invinciblement l'innocence du père de famille exécuté, ils
prirent alors le parti de bannir Pierre Calas son ftls. Ce bannissement
semblait aussi inconséquent, aussi absurde que tout le
reste: càr Pierre Calas était coupable ou innocent du parricide;
s'il était coupable, il fallait le rouer comme son père; s'il était
innocent, il ne fallait pas le bannir. Mais les juges, effrayés du
supplice du père et de la piété attendrissante avec laquelle il était
mort, imaginèrent de sauver leur honneur en laissant. croire qu'ils
faisaient grâce au fils, comme si ce n'eût pas été une
prévarication3 nouvelle de faire grâce; et ils crurent que le bannissement
de ce jeune homme pauvre et sans appui, étant sans
conséquence, n'était pas une grande injustice, après celle qu'ils
avaient eu le malheur de commettre.

Voltaire, Traité sur La tolérance, 1763.

1. Livaisse : ami du fils.
2," Élargir: libérer. rdaxer ; éiargisscinent : n1ise en liberté.
3: Prévaric"tion : acte de mauvaise foi, manquement au< devoirs d'une charge.



Texte 2:

Après ,'e coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte, qui del'ient Napoléon III, Hugo doit fuir la France, s'exiler: il
",:'-:' devient un «proscrir1 », Après quelques mois passés à Bruxelles, il part à Londres puis s'installe dans lmf.: île anglo- t' normande, Jersey, qui accueille alors de nombreux exilés français. En janvier 1854, dans l'ile voisine de Guernesey,
Tapner est condamné à mort pour meurtre. Hugo, farouche adversaire de la peine de mort depuis des années, écrit puis
publie une lettre ouverte Aux habitants de Guernesey.( 10 janvier 1854.) .
C'est un proscrit qui vient à vous.
C'est un proscrit qui vient vous parler pour un condamné. L'homme qUI est dans l'exiltend la main Ii l'homme
qui est dans le sépulcrel2• Ne le trouvez pas mauvais, et écoutez-moi.
Le mardi 1g octobre 1853, à Guernesey, un homme, John-Charles Tapner, est entré la nuit chez une femme,
Mme Saujon, et l'a tuée; puis il FIl volée, et il a mis le feu au cadavre et à la maison, espéran; que le premier
forfaitl3 s'en irait dans la fumée du second. Il s'est trompé. Les crimes ne sont pas complaisantsl~. etl'incendie a
refusé àe cacher ]' assassinat [.,.]
Cet homme a été jugé; jugé avec une impartialité et un scrupule15 qui honorent votre libre et intègrel&
magistrature. Treize audiences ont été employées à l'examen des faits et à la formation lente de la conviction des
juges. Le 3 janvier l'arrêt a été rendu à J'unanimité; et à neuf heures du soir, en audience publique et solennelle,
votre honorable chef-magistrat, le baillil7 de Guernesey, d'une voix brisée et éteinte, tremblant d'une émotion dont
je ie glorifie, a déclaré à J'accusé que «( la ioi punissant de mort le meurtre)}, il devait, lui John-Charles Tapner, se
préparer à mourir, qu'il serait pendu, le 27 janvier prochain, sur le lien même de son crime, et que, là où il avait tué,
il serait tué.
Ainsi, à ce moment où nous sommes, il y a, au milieu de vous, au milieu de nous. habitants de cet archipel, un
homme qui, dans cet avenir piein d'heures obscures pour tous les autres hommes, voit distinctement sa dernière
beure ; en cet instant, dans cette minute où nous respirons librement, où nous allons et venons, où nous parlons et
sourions, il y a, à quelques pas de nous, et le coeur se serre en y songeant, il y a dans une goolel8
, sur un grabat!9 de
prison, un homme, un misémble homme frissonnant, qui vit l'oeil fixé sur un jour de ce mois, sur le 27janvier,
spectre qui grandit et qui approche. Le 27 janvier, masqué pour nous tous comme tous les autres jours qui nous
attendent, ne montre qu'à cet homme son visage, la face sinistre de la mort.
Guemesiais20, Tapner est condamné à mort; en présence du texte des codes, votre magistrature a fait son
devoir ;eHe a rempli, pour me servir des propres termes duchef-tnagistrat, {(son obligation» ; mais prenez garde,
Ceci est le talion21
Tu as tué, tu semstué. Devant la loi humaine, c'est juste ; devant la loi divine, c'est redoutable.
Peuple de Guernesey, rien n'est petit quand il s'agit de l'inviolabilité humaine. Le monde civilisé vous demande
la vie de cet homme.
Qui suis-je? rien. l\1ais a-t-on besoin d'être quelque chose pour supplier? est-il nécessaire d'être granô poUf
crier grâce? ( •••J .
Guemesiais lIa peine de mort recule aujourd'hui partout et perd chaque jour du terrain; eHe s'en va devant le
sentiment humain. En 1830, la Chambre des députés de France en réclamait l'abolition, par acclamation; la
Constituante de Francfort ra rayée des codes en 1848; la Constituante de Rome l'a supprimée en 1849; notre
Constituante de Paris ne l'a maintenue qu'à une ~jorité imperceptible; je dis pius, la Toscane, qui est catholique,
l'a abolie; la Russie, qui est barbare, l'a abolie; Otahiti, qui est sauvage, l'a abolie, Il semble que les ténèbres
eHes-mêmes n'en veulent plus. Est-ce que vous en voulez,· vous, hommes de ce bon pays?
Il dépend de vous que la peine de mort soit abolie de fait à Guernesey; il dépend de vous qu'un homme ne soit
pas «pendu jusqu'à ce que mort s'ensuive}} le 27 janvier; il dépend de vous que ce spectacle effroyable, qui
laisserait une tache noire sur votre beau ciel, ne vous soit pas donné.
Oh! nous sommes le dix-neuvième siècle; nous sommes le peuple nouveau; nous sommes le peuple pensif,
sérieux, libre, intelligent, travailleur, souverain; nous sommes le meilleur âge de l'humanité, l'époque de progrès,
d'art, de science, d'amour, d'espérance. de fraternité; échafauds! qu'est-ce que vous nous voulez? Ô machines
monstrueuses de la mort, hideuses charpentes26 du néant, apparitions du passé, toi qui tiens à deux bras ton couperet
triangulaire, toi qui secoues un squelette au bout d'une corde, de quel droit reparaissez-vous en plein midi, en plein
soleil, en plein dix-neuvième siècle, en pleine vie ? vous êtes des spectres. Vous êtes les choses de la nuit, rentrez
dans la nuit. Est-ce que les ténèbres offrent leurs services à la lumière? Allez-vous-en. I;...J
NonTplus de supplices! nous, hommes de ce grand siècle, nous n'en voulons plus. Nous n'en voulons
paspJus pour le coupable que pour le non coupable. Je le répète, le crime se rachète par le remords et non par un
coup de hache ou un noeud coulant; le sang se lave avec les larmes et non avec le sang. E..J Tous les échafauds
portent des noms d'innocents et de martyrs. Non, nous ne voulons plus de supplices. Pour nous la guilloti..'1e
s'appelle Lesurques2l!, la roue s'appelle Calas, le bûcher s'appelle Jeanne d'Arc, la torture s'appelle Campanella, le
billot s'appelle Thomas Morus, la ciguë s'appeHe Socrate, le gibet se nomme Jésus-Christ!

,. proscrit: exilé, banni
12 sévulcre ; tombeau
13 foifait : crime, faute
14 complaisant: a.'Tlmgeant, indulgent
15 scrupule: doute, hésitation
16 intègre: honnête
17 bailli: officier qui rend ia justice au nom du mi
18 geôle: ceJjule
19 g,.abat ; lit misérable
20 Guernesiais : habitants de Guernesey
21 talion: loi biblique: « oeil pour oeil, dent pour dent i>
26 charpente : assemblage de pièces de bois
27 besogne : travail
2g les noms qui suivent désignentpom Hugo des innocents exécutés

texte 3:

Sur une plage écrasée de soleil, Meursault a tué un homme •. acte nullement
prémédité, conséquence d'une succession de hasards. Le përsonnage
de ce roman va se trouver pris dans l'engrenage judiciaire.
Et j'ai essayé d'écouter encor~ parce que le procureurl s'est rms
il parler de mon âme.
11disait qu'il s'était penché sur elle et qu'il n'avait rien trouvé,
messieurs les jurés2• Il disait qu'à la vérité, je n'en avais point, d'âme,
et que rien d'humain, et pas un des principes moraux qui gardent le
coeur des hommes ne m'étair accessible. « Sans doute, ajoutait-il,
nous ne saurions le lui reprocher. Ce qu'il ne saurait acquérir, nous
ne pouvons nous plaindre qu'il en manque. Mais quand il s'agit de
cette cour, la vertu toute négative de la tolérance doit se muer en
celle, moins facile, mais plus élevée, de la justice. Surtout lorsque le
vide du coeur tel qu'on le découvre chez cet homme devient un
gouffrt Oll la société peut succomber. " C'est alors gu'il a parLé de
mon éHtitude envers maman'. fi a répété ce qu'il Jéb8tS. Mais il a été hC:,llICOUP plu~ long que iorsqu ïl parlait de mon
1; crime, si long même que, finalelllem, jl' n'ai rlu~ semi que b chaleur
de cette matinée. Jusqu'au moment, du moins, où l'avocat général"
s'est arrêté et, après un moment de sii~nce, a repris d'une voix tres
basse et uès péDétrée: «Cette même cour, messieurs, va juger,.
demain le plus abominable des forfaits: le meurtre d'un père. )l Selon
lui, L'imagination reculait devant cet atroce attentat. Il osait espérer
que la justice des homme:; punirait sans faiblesse. Mais i! ne craignait
pas de le dire, J'horreur que lui inspirait ce crime ie cédait presque à
celle qu ïl ressentait devant mon insensibilité. Toujours selon lui, un
homme qui ruait moralem~nt sa mère se retranchait de Lasocièté des
....hommes au même titre que celui qui panait une main meurtrière sur
l'auteur de ses jours. Dans rous les cas, le premier préparait les aGtes
du second, il les annonçait en quelque sorte et il les légitimait. «J'en
suis persuadé, messieurs, a-t-il ajouré en élevant la voix, vous ne trouverez
pas ma pensée trop audacieuse, si je dis que j'homme qui est
assis sur ce banc est coupabLe aussi du meurtre que cette cour devra
juger demain. Il doit être puni en conséquence. »
Albert Camus, L'Etranger, 1942.
1. Procureur: représentant du ministère public, chargé de l'accusation.
2. .Jurés: citoyens raisam panit du jury.
3. Mtursaulr a beaucoup cb0'lué parce 'lu'il a fumé tr bu du café au lait pendanr 1"veillée
funèbre de sa mère, et parce 'lu'il a commence' une liaison amoureuse le lendemain.
4. Avocar général: synonyme de procureur.


A certains moments moments les lettres peuvent êtres bizarres, c'est du au scan des texte, le truc ocr n'a pas bien décrypte.

Où j'en suis dans mon devoir

J'ai tout lu, mais je n'ai trouvé aucune idée, si quelqu'un peut m'aider merci d'avance.
Le devoir est pour lundi matin.



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