Dissertation citation Eugène Ionesco

Publié le 14 mai 2015 il y a 9A par Anonyme - Fin › 17 mai 2015 dans 9A
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Sujet du devoir

Discutez cette citation d’Eugène Ionesco "Dans ma première pièce : La Cantatrice chauve‚ qui tentait d’être, au départ‚ une parodie du théâtre et‚ par là‚ une parodie d’un certain comportement humain‚ c’est en m’enfonçant dans le banal, en poussant à fond‚ jusque dans leurs dernières limites‚ les clichés les plus éculés du langage de tous les jours que j’ai essayé d’atteindre à l’expression de l’étrange où me semble baigner toute l’existence"

Où j'en suis dans mon devoir

Je dois faire une dissertation de cette phrase prise dans le livre : La cantatrice Chauve

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1 commentaire pour ce devoir


Anonyme
Posté le 14 mai 2015

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Ionesco a théorisé, à la différence de Beckett, les fondements de son écriture théâtrale : Notes et contre-notes. Cf. chapitre « Expérience du théâtre » :
« J’ai intitulé mes comédies « anti-pièces », « drames comiques », et mes drames « pseudo-drames », ou « farces tragiques », car, me semble-t-il, le comique est tragique, et la tragéie de l’homme, dérisoire. Pour l’esprit critique moderne, rien ne peut être pris tout à fait au sérieux, rien tout à fait à la légère. »
Mais si tragique et comique coexistent pour Ionesco, ils « se repoussent l’un l’autre en permanence ; se mettent en relief l’un par l’autre ; se critiquent, se nient mutuellement, pouvant constituer ainsi, grâce à cette opposition, un équilibre dynamique, une tension. »
A propos de La Cantatrice chauve : pièce « qui tentait d’être, au départ, une parodie de théâtre, et, par là, une parodie d’un certain comportement humain » ;
« c’est en m’enfonçant dans le banal, en poussant à fond, jusque dans leurs dernières limites, les clichés les plus éculés du langage de tous les jours que j’ai essayé d’atteindre à l’expression de l’étrange où me semble baigner toute l’existence. Tragique et farce, prosaïsme et poétisme, réalisme et fantastique, quotidien et insolite, voilà peut-être les principes contradictoires (il n’y a de théâtre que s’il y a des antagonismes) qui constituent les bases d’une construction théâtrale possible. De cette façon, peut-être, le non-naturel peut apparaître, dans sa violence, naturel, et le trop naturel apparaître non naturaliste »
Dramaturgie de Ionesco : réunir ce qui avait été jusque là artificiellement séparé, et donc aller à l’encontre des idées reçues, en matière de genre, de situations, de langage. Réunir ce qui avait été jusque là artificiellement séparé, et concentrer la représentation sur le conflit provoqué par cette réunion, représentation tendant au conflit « pur » :
« Je voudrais pouvoir, quelquefois, pour ma part, dépuiller l’action théâtrale de toute ce qu’elle a de particulier ; son intrigue, les traits accidentels de ses personnages, leurs noms, leur appartenance sociale, leur cadre historique, les raisons apparentes du conflit dramatique, toutes justifications, toutes explications, toute la logique du conflit. Le conflit existerait, autrement il n’y aurait pas de théâtre, mais on n’en connaîtrait pas la raison. »

Ce qui se retrouve dans La Cantatrice chauve, désignée comme « anti-pièce » : pièce inspirée par la méthode d’anglais « Assimil ». Ionesco y a retranscrit parfois littéralement les petites phrases grammaticales d’entraînement pour néophytes comme « le plancher est en bas, le plafond est en haut ». C’est le cas dans la 1ère scène, ce qui permet de mettre en avant la vacuité totale du langage, qui ne véhicule que des poncifs. Méthode Assimil est symptomatique de cette vacuité
Cf. Ionesco, entretien avec Claude Bonnefoy : « Au fond, je n’ai eu qu’à écouter les gens parler autour de moi. Ils parlaient comme on parle dans la Méthode Assimil… »
Cette vacuité du langage se trouve soulignée par l’emploi d’une forme globalement cohérente empruntée au théâtre de Boulevard : les époux Smith reçoivent à dîner un couple d’amis, les Martin, dans un intérieur typiquement bourgeois.
Le caractère conventionnel de la scène laisse la place au malaise, augmenté par le fait que les personnages se révèlent interchangeables (à la fin les Smith deviennent les Martin).
+ fin envisagée : l’auteur monte sur scène et fait mine de tirer au revolver sur le public.
Volonté de susciter l’angoisse chez le spectateur, qui se retrouve dans Les Chaises (scène se peuple de chaises vides au fur et à mesure que les personnages égrènent leurs souvenirs, scène se rapprochant par là même de la salle). Amédée ou comment s’en débarrasser : cadavre qui grandit et occupe tout l’espace de la scène.

Toujours noter l’usage « littéraire » des didascalies : comment « rendre » sur scène une pendule qui ne sonne aucune fois ? Cet usage signale l’importance du langage comme ressort dramatique, langage détraqué à l’image de la pendule et à l’image de cette didascalie dont la fonction est déplacée.

Scène qui commence par la mention (lue) d’un fait divers (toujours ordre du discours) : nouvelle tragique et funèbre mais qui ne correspond en réalité à aucun événement véritable : en réalité une réminiscence ; l’ordre n’est pas logique, mais relève de « l’association d’idées » non explicitée.
1er détraquement, temporel, qui correspond à cette mise en conflit des contraires (le corps mort est encore chaud : comique / renvoie à une présence durable de la mort.

2ème détraquement touche les identités : le/la Bobby. Ce n’est plus la situation, mais le sujet même du discours qui est miné de l’intérieur.

3ème détraquement touche la possibilité du langage à rendre compte du réel : description contradictoire qui incarne cette tension théâtrale définie par Ionesco. Sorte de juxtaposition de qualités qui ne font pas un portrait, ne s’associent pas les uns aux autres.
Détraquement qui culmine avec le renversement final veuvage/mariage.

 

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