Dissertation théâtre

Publié le 15 janv. 2012 il y a 12A par Anonyme - Fin › 17 janv. 2012 dans 12A
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Sujet du devoir

En vous appuyant sur le corpus, vos lectures personnelles et éventuellement votre expérience de spectateur, vous vous demanderez si le théatre est essentiellement le lieu du conflit et de l'affrontement.


Molière "Dom Juan"
SGANARELLE: Mais laissons là la médecine, où vous ne croyez point, et parlons des autres choses; car cet habit me donne de l'esprit, et je me sens en humeur de disputer contre vous. Vous savez bien que vous me permettez les disputes, et que vous ne me défendez que les remontrances.

DOM JUAN: Eh bien?

SGANARELLE: Je veux savoir un peu vos pensées à fond. Est-il possible que vous ne croyiez point du tout au Ciel?

DOM JUAN: Laissons cela.

SGANARELLE: C'est-à-dire que non. Et à l'Enfer?

DOM JUAN: Eh!

SGANARELLE: Tout de même. Et au diable, s'il vous plaît?

DOM JUAN: Oui, oui.

SGANARELLE: Aussi peu. Ne croyez-vous point l'autre vie?

DOM JUAN: Ah! ah! ah!

SGANARELLE: Voilà un homme que j'aurai bien de la peine à convertir. Et dites-moi un peu (encore faut-il croire quelque chose): qu'est ce que vous croyez?

DOM JUAN: Ce que je crois?

SGANARELLE: Oui.

DOM JUAN: Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit.

SGANARELLE: La belle croyance que voilà! Votre religion, à ce que je vois, est donc l'arithmétique? Il faut avouer qu'il se met d'étranges folies dans la tête des hommes, et que, pour avoir bien étudié, on en est bien moins sage le plus souvent. Pour moi, Monsieur, je n'ai point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne saurait se vanter de m'avoir jamais rien appris; mais, avec mon petit sens, mon petit jugement, je vois les choses mieux que tous les livres, et je comprends fort bien que ce monde que nous voyons n'est pas un champignon qui soit venu tout seul en une nuit. Je voudrais bien vous demander qui a fait ces arbres-là, ces rochers, cette terre, et ce ciel que voilà là-haut, et si tout cela s'est bâti de lui-même. Vous voilà, vous, par exemple, vous êtes là: est-ce que vous vous êtes fait tout seul, et n'a-t-il pas fallu que votre père ait engrossé votre mère pour vous faire? Pouvez-vous voir toutes les inventions dont la machine de l'homme est composée sans admirer de quelle façon cela est agencé l'un dans l'autre? ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères, ces., ce poumon, ce cœur, ce foie, et tous ces autres ingrédients qui sont là et qui. Oh! dame, interrompez-moi donc, si vous voulez. Je ne saurais disputer, si l'on ne m'interrompt. Vous vous taisez exprès, et me laissez parler par belle malice.

DOM JUAN: J'attends que ton raisonnement soit fini.

SGANARELLE: Mon raisonnement est qu'il y a quelque chose d'admirable dans l'homme, quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer. Cela n'est-il pas merveilleux que me voilà ici, et que j'aie quelque chose dans la tête qui pense cent choses différentes en un moment, et fait de mon corps tout ce qu'elle veut? Je veux frapper des mains, hausser le bras, lever les yeux au ciel, baisser la tête, remuer les pieds, aller à droit, à gauche, en avant, en arrière, tourner.
Il se laisse tomber en tournant.

DOM JUAN: Bon! voilà ton raisonnement qui a le nez cassé.

SGANARELLE: Morbleu! je suis bien sot de m'amuser à raisonner avec vous. Croyez ce que vous voudrez: il m'importe bien que vous soyez damné!

DOM JUAN: Mais tout en raisonnant, je crois que nous sommes égarés. Appelle un peu cet homme que voilà là-bas, pour lui demander le chemin.

SGANARELLE: Holà, ho, l'homme! ho, mon compère! ho, l'ami! un petit mot s'il vous plaît.


Marivaux "l'île des esclaves"
Iphicrate, après avoir soupiré. - Arlequin!
Arlequin, avec une bouteille de vin qu'il a à sa ceinture. - Mon patron!
Iphicrate. - Que deviendrons-nous dans cette île?
Arlequin. - Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim; voilà mon sentiment
et notre histoire.
Iphicrate. - Nous sommes seuls échappés du naufrage; tous nos camarades ont péri, et
j'envie maintenant leur sort.
Arlequin. - Hélas! ils sont noyés dans la mer, et nous avons la même commodité.
Iphicrate. - Dis-moi: quand notre vaisseau s'est brisé contre le rocher, quelques-uns des
nôtres ont eu le temps de se jeter dans la chaloupe; il est vrai que les vagues l'ont
enveloppée: je ne sais ce qu'elle est devenue; mais peut-être auront-ils eu le bonheur
d'aborder en quelque endroit de l'île, et je suis d'avis que nous les cherchions.
Arlequin. - Cherchons, il n'y a pas de mal à cela; mais reposons-nous auparavant pour boire
un petit coup d'eau-de-vie: j'ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà; j'en boirai les deux
tiers, comme de raison, et puis je vous donnerai le reste.
Iphicrate. - Eh! ne perdons point de temps; suis-moi: ne négligeons rien pour nous tirer
d'ici. Si je ne me sauve, je suis perdu; je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes
dans l'île des Esclaves.
Arlequin. - Oh! oh! qu'est-ce que c'est que cette race-là?
Iphicrate. - Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis
cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici: tiens, voici sans doute
quelques-unes de leurs cases; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les
maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage.
Arlequin. - Eh! chaque pays a sa coutume; ils tuent les maîtres, à la bonne heure; je l'ai
entendu dire aussi, mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi.
Iphicrate. - Cela est vrai.
Arlequin. - Eh! encore vit-on.
Iphicrate. - Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie: Arlequin, cela ne
te suffit-il pas pour me plaindre?
Arlequin, prenant sa bouteille pour boire. - Ah! je vous plains de tout mon coeur, cela est
juste.
Iphicrate. - Suis-moi donc.
Arlequin siffle. - Hu, hu, hu.
Iphicrate. - Comment donc! que veux-tu dire?
Arlequin, distrait, chante. - Tala ta lara.
Iphicrate. - Parle donc, as-tu perdu l'esprit? à quoi penses-tu?
Arlequin, - riant. - Ah, ah, ah, Monsieur Iphicrate, la drôle d'aventure! je vous plains, par
ma foi, mais je ne saurais m'empêcher d'en rire.
Iphicrate, à part les premiers mots. - (Le coquin abuse de ma situation; j'ai mal fait de lui
dire où nous sommes.) Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos; marchons de ce côté.
Arlequin. - J'ai les jambes si engourdies.
Iphicrate. - Avançons, je t'en prie.
Arlequin. - Je t'en prie, je t'en prie; comme vous êtes civil et poli; c'est l'air du pays qui fait
cela.
Iphicrate. - Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher
notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens; et en ce cas-là,
nous nous rembarquerons avec eux.
Arlequin, en badinant. - Badin, comme vous tournez cela!
Il chante:
L'embarquement est divin
Quand on vogue, vogue, vogue,
L'embarquement est divin,
Quand on vogue avec Catin.

Iphicrate, retenant sa colère. - Mais je ne te comprends point, mon cher Arlequin.
Arlequin. - Mon cher patron, vos compliments me charment; vous avez coutume de m'en
faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là; et le gourdin est dans la chaloupe.
Iphicrate. - Eh! ne sais-tu pas que je t'aime?
Arlequin. - Oui; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela
est mal placé. Ainsi, tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse! s'ils sont
morts, en voilà pour longtemps; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge.
Iphicrate, un peu ému. - Mais j'ai besoin d'eux, moi.
Arlequin, indifféremment. - Oh! cela se peut bien, chacun a ses affaires: que je ne vous
dérange pas!
Iphicrate. - Esclave insolent!
Arlequin, riant. - Ah! ah! vous parlez la langue d'Athènes; mauvais jargon que je n'entends
plus.
Iphicrate. - Méconnais-tu ton maître, et n'es-tu plus mon esclave?
Arlequin, se reculant d'un air sérieux. Je l'ai été, je le confesse à ta honte; mais va, je te le
pardonne; les hommes ne valent rien. Dans le pays d'Athènes j'étais ton esclave, tu me
traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus
fort. Eh bien! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi; on va te faire esclave à ton tour;
on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là; tu
m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable;
tu sauras mieux ce qu'il est de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde,
si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. Adieu, mon ami; je vais
trouver mes camarades et tes maîtres. (Il s'éloigne.)
Iphicrate, au désespoir, courant après lui l'épée à la main. - Juste ciel! peut-on être plus
malheureux et plus outragé que je le suis? Misérable! tu ne mérites pas de vivre.
Arlequin. - Doucement, tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis plus, prends-y
garde.


Beaumarchais "Le mariage de figaro"

LE COMTE, radouci. Ce n'est pas ce que je voulais dire ; laissons cela. J'avais... oui, j'avais envie de t'emmener à Londres, courrier de dépêches... Mais, toutes réflexions faites...

FIGARO. Monseigneur a changé d'avis ?

LE COMTE. Premièrement, tu ne sais pas l'anglais.

FIGARO. Je sais God-dam.

LE COMTE. Je n'entends pas.

FIGARO. Je dis que je sais God-dam.

LE COMTE. Eh bien ?

FIGARO. Diable ! C'est une belle langue que l'anglais ! Il en faut peu pour aller loin. Avec God-dam, en Angleterre, on ne manque de rien nulle part. - Voulez-vous tâter d'un bon poulet gras ? Entrez dans une taverne, et faites seulement ce geste au garçon. (Il tourne une broche.) God-dam ! On vous apporte un pied de boeuf salé, sans pain. C'est admirable. Aimez-vous à boire un coup d'excellent bourgogne ou de clairet ? Rien que celui-ci. (Il débouche une bouteille.) God-dam ! On vous sert un pot de bière, en bel étain, la mousse aux bords. Quelle satisfaction ! Rencontrez-vous une de ces jolies personnes qui vont trottant menu, les yeux baissés, coudes en arrière, et tortillant un peu des hanches : mettez mignardement tous les doigts unis sur la bouche. Ah ! God-dam ! Elle vous sangle un soufflet de crocheteur : preuve qu'elle entend. Les Anglais, à la vérité, ajoutent par-ci, par-là, quelques autres mots en conversant ; mais il est bien aisé de voir que God-dam est le fond de la langue ; et si Monseigneur n'a pas d'autre motif de me laisser en Espagne...

LE COMTE, à part. Il veut venir à Londres ; elle n'a pas parlé.

FIGARO, à part. Il croit que je ne sais rien ; travaillons-le un peu dans son genre.

LE COMTE. Quel motif avait la Comtesse pour me jouer un pareil tour ?

FIGARO. Ma foi, Monseigneur, vous le savez mieux que moi.

LE COMTE. Je la préviens sur tout, et la comble de présents.

FIGARO. Vous lui donnez, mais vous êtes infidèle. Sait-on gré du superflu à qui nous prive du nécessaire ?

LE COMTE. ... Autrefois tu me disais tout.

FIGARO. Et maintenant je ne vous cache rien.

LE COMTE. Combien la Comtesse t'a-t-elle donné pour cette belle association ?

FIGARO. Combien me donnâtes-vous pour la tirer des mains du docteur ? Tenez, Monseigneur, n'humilions pas l'homme qui nous sert bien, crainte d'en faire un mauvais valet.

LE COMTE. Pourquoi faut-il toujours du louche en ce que tu fais ?

FIGARO. C'est qu'on en voit partout quand on cherche des torts.

LE COMTE. Une réputation détestable !

FIGARO. Et si je vaux mieux qu'elle ? Y a-t-il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire autant ?

LE COMTE. Cent fois je t'ai vu marcher à la fortune, et jamais aller droit.

FIGARO. Comment voulez-vous ? La foule est là : chacun veut courir : on se presse, on pousse, on coudoie, on renverse, arrive qui peut ; le reste est écrasé. Aussi c'est fait ; pour moi, j'y renonce.

LE COMTE. A la fortune ? (A part.) Voici du neuf.

FIGARO, à part. A mon tour maintenant. (Haut.) Votre Excellence m'a gratifié de la conciergerie du château ; c'est un fort joli sort : à la vérité, je ne serai pas le courrier étrenné des nouvelles intéressantes ; mais, en revanche, heureux avec ma femme au fond de l'Andalousie...

LE COMTE. Qui t'empêcherait de l'emmener à Londres ?

FIGARO. Il faudrait la quitter si souvent que j'aurais bientôt du mariage par-dessus la tête.

LE COMTE. Avec du caractère et de l'esprit, tu pourrais un jour t'avancer dans les bureaux.

FIGARO. De l'esprit pour s'avancer ? Monseigneur se rit du mien. Médiocre et rampant, et l'on arrive à tout.

LE COMTE. ... Il ne faudrait qu'étudier un peu sous moi la politique.

FIGARO. Je la sais.

LE COMTE. Comme l'anglais, le fond de la langue !

FIGARO. Oui, s'il y avait ici de quoi se vanter. Mais feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore ; d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend ; surtout de pouvoir au-delà de ses forces ; avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point ; s'enfermer pour tailler des plumes, et paraître profond quand on n'est, comme on dit, que vide et creux ; jouer bien ou mal un personnage, répandre des espions et pensionner des traîtres ; amollir des cachets, intercepter des lettres, et tâcher d'ennoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets : voilà toute la politique, ou je meurs !

LE COMTE. Eh ! C'est l'intrigue que tu définis !

FIGARO. La politique, l'intrigue, volontiers ; mais comme je les crois un peu germaines, en fasse qui voudra ! J'aime mieux ma mie, ô gué ! comme dit la chanson du bon Roi.

LE COMTE, à part. Il veut rester. J'entends... Suzanne m'a trahi.

FIGARO, à part. Je l'enfile, et le paie en sa monnaie.

LE COMTE. Ainsi tu espères gagner ton procès contre Marceline ?

FIGARO. Me feriez-vous un crime de refuser une vieille fille, quand Votre Excellence se permet de nous souffler toutes les jeunes !

LE COMTE, raillant. Au tribunal le magistrat s'oublie, et ne voit plus que l'ordonnance.

FIGARO. Indulgente aux grands, dure aux petits...

LE COMTE. Crois-tu donc que je plaisante ?

FIGARO. Eh ! Qui le sait, Monseigneur ? Tempo è galant' uomo, dit l'italien ; il dit toujours la vérité : c'est lui qui m'apprendra qui me veut du mal ou du bien.

LE COMTE, à part. Je vois qu'on lui a tout dit ; il épousera la duègne.

FIGARO, à part. Il a joué au fin avec moi, qu'a-t-il appris ?

Où j'en suis dans mon devoir

Bonjour !

J'ai déjà trouvé les mots clés du sujet, j'ai reformulé la question, si vous pouvez me donner des arguments pour ma thèse, antithèse, et synthèse.. à partir de ces extraits...

Je vous en remercie!



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