Le personnage de roman , du XVIIe siècle à de nos jours

Publié le 3 mai 2015 il y a 8A par Anonyme - Fin › 6 mai 2015 dans 8A
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Sujet du devoir

Bonjour

Corpus de textes :
Texte A : Stendhal, La chartreuse de Parme (1839)
Texte B : Céline, Voyage au bout de la nuit (1932)
Texte C : Le Clézio, Désert (1980)
Texte A : Stendhal, La chartreuse de Parme (1839)
Au début du roman, dans le chapitre III, le jeune Fabrice del Dongo, éperdu d’admiration
pour Napoléon, se retrouve sur le champ de bataille de Waterloo et vit sa première expérience du feu Mais le tapage devint tellement fort en ce moment, que Fabrice ne put lui répondre.
Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment. Toutefois la peur ne venait chez lui qu’en seconde ligne ; il était surtout scandalisé de ce bruit qui lui faisait mal aux oreilles. L’escorte prit le galop ; on traversait une grande pièce de terre labourée, située au-delà du canal, et ce champ était jonché de cadavres.
- Les habits rouges ! les habits rouges ! criaient avec joie les hussards de l’escorte, et d’abord Fabrice
ne comprenait pas ; enfin il remarqua qu’en effet presque tous les cadavres étaient vêtus de rouge.
Une circonstance lui donna un frisson d’horreur ; il remarqua que beaucoup de ces malheureux habits
rouges vivaient encore, ils criaient évidemment pour demander du secours, et personne ne s’arrêtait
pour leur en donner. Notre héros, fort humain, se donnait toutes les peines du monde pour que son
cheval ne mît les pieds sur aucun habit rouge. L’escorte s’arrêta ; Fabrice, qui ne faisait pas assez
d’attention à son devoir de soldat, galopait toujours en regardant un malheureux blessé.- Veux-tu bien t’arrêter, blanc-bec ! lui cria le maréchal des logis1. Fabrice s’aperçut qu’il était à vingt
pas sur la droite en avant des généraux, et précisément du côté où ils regardaient avec leurs lorgnettes.
En revenant se ranger à la queue des autres hussards restés à quelques pas en arrière, il vit le plus gros
de ces généraux qui parlait à son voisin, général aussi, d’un air d’autorité et presque de réprimande ;
il jurait. Fabrice ne put retenir sa curiosité ; et, malgré le conseil de ne point parler, à lui donné par son
amie la geôlière, il arrangea une petite phrase bien française, bien correcte, et dit à son voisin :
- Quel est-il ce général qui gourmande son voisin ?
- Pardi, c’est le maréchal !
- Quel maréchal ?
- Le maréchal Ney, bêta ! Ah çà ! où as-tu servi jusqu’ici ?
Fabrice, quoique fort susceptible, ne songea point à se fâcher de l’injure ; il contemplait, perdu dans
une admiration enfantine, ce fameux prince de la Moskova2, le brave des braves. Tout à coup on
partit au grand galop. Quelques instants après, Fabrice vit, à vingt pas en avant, une terre labourée
qui était remuée d’une façon singulière. Le fond des sillons était plein d’eau, et la terre fort humide,
qui formait la crête de ces sillons, volait en petits fragments noirs lancés à trois ou quatre pieds de
haut. Fabrice remarqua en passant cet effet singulier ; puis sa pensée se remit à songer à la gloire du
maréchal. Il entendit un cri sec auprès de lui : c’étaient deux hussards qui tombaient atteints par des
boulets ; et, lorsqu’il les regarda, ils étaient déjà à vingt pas de l’escorte. Ce qui lui sembla horrible,
ce fut un cheval tout sanglant qui se débattait sur la terre labourée, en engageant ses pieds dans ses
propres entrailles ; il voulait suivre les autres : le sang coulait dans la boue.
Ah ! m’y voilà donc enfin au feu ! se dit-il. J’ai vu le feu ! se répétait-il avec satisfaction. Me voici un vrai
militaire. À ce moment, l’escorte allait ventre à terre, et notre héros comprit que c’étaient des boulets
qui faisaient voler la terre de toutes parts. Il avait beau regarder du côté d’où venaient les boulets, il
voyait la fumée blanche de la batterie à une distance énorme, et, au milieu du ronflement égal et
continu produit par les coups de canon, il lui semblait entendre des décharges beaucoup plus voisines
; il n’y comprenait rien du tout.
Texte B : Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit
Avec Voyage au bout de la nuit, Céline dénonce les horreurs de la guerre, de la colonisation,
de l’exploitation capitaliste. Le héros du roman, Ferdinand Bardamu, incarne un individu
très ordinaire, qui, séduit par une parade militaire, s’engage dans l’armée sur un coup de
tête. Il se retrouve confronté aux dures réalités des combats qui se déchaînent dans l’Est de
la France, durant la Première Guerre mondiale.
Serais-je donc le seul lâche sur la terre ? pensais-je. Et avec quel effroi !… Perdu parmi deux millions de
fous héroïques et déchaînés et armés jusqu’aux cheveux ? Avec casques, sans casques, sans chevaux, sur
motos, hurlants, en autos, sifflants, tirailleurs, comploteurs, volants, à genoux, creusant, se défilant, caracolant
dans les sentiers, pétaradant, enfermés sur la terre comme dans un cabanon, pour y tout détruire,
Allemagne, France et Continents, tout ce qui respire, détruire, plus enragés que les chiens, adorant leur
rage (ce que les chiens ne font pas), cent, mille fois plus enragés que mille chiens et tellement plus vicieux !
Nous étions jolis ! Décidément, je le concevais, je m’étais embarqué dans une croisade apocalyptique.
On est puceau de l’Horreur comme on l’est de la volupté. Comment aurais-je pu me douter moi de
cette horreur en quittant la place Clichy ? Qui aurait pu prévoir, avant d’entrer vraiment dans la guerre,Alors les guerriers à cheval de Moulay Sebaa, le Lion, sont apparus. Ils ont traversé le lit du fleuve, se
repliant vers les collines, devant les habitants de la ville. Au loin, le croiseur Cosmao était immobile sur
la mer couleur de métal, et ses canons se sont tournés lentement vers la vallée où fuyaient les gens du
désert. Mais la flamme n’a plus brillé au bout des canons. Il y a eu un long silence, avec seulement le bruit
des gens qui couraient et les cris des bêtes, tandis que la fumée noire continuait à monter dans le ciel.
Quand les soldats des Chrétiens sont apparus devant les remparts brisés de la ville, personne n’a compris
tout de suite qui ils étaient. Peut-être même que Moulay Sebaa et ses hommes ont cru un instant que c’étaient
les guerriers du Nord que Moulay Hafid, le Commandeur des Croyants, avait envoyé pour la guerre sainte.
Mais c’étaient les quatre bataillons du colonel Mangin, venus par marche forcée jusqu’à la ville rebelle
d’Agadir – quatre mille hommes vêtus des uniformes des tirailleurs africains, sénégalais, soudanais,
sahariens, armés de fusils Lebel et d’une dizaine de mitrailleuses Nordenfelt. Les soldats se sont
avancés lentement vers la rive du fleuve, se déployant en demi-cercle, tandis que, de l’autre côté du
fleuve, au pied des collines caillouteuses, l’armée de trois mille cavaliers de Moulay Sebaa a commencé
à tourner sur elle-même en formant un grand tourbillon qui soulevait la poussière rouge dans
le ciel. À l’écart du tourbillon, Moulay Sebaa, vêtu de son manteau blanc, regardait avec inquiétude
la longue ligne des soldats des Chrétiens, pareille à une colonne d’insectes en marche sur la terre
desséchée. Il savait que la bataille était perdue d’avance (…).
Ensuite, tout s’est passé très vite, sous le soleil cruel de midi. Les trois mille cavaliers ont chargé en
formation serrée, comme pour une parade, brandissant leurs fusils à pierre et leurs longues lances.
Quand ils sont arrivés sur le lit du fleuve, les sous-officiers commandant les mitrailleuses ont regardé
le colonel Mangin qui avait levé son bras. Il a laissé passer les premiers cavaliers, puis, tout à coup,
il a baissé le bras, et les canons d’acier ont commencé à tirer leur flot de balle, six cents à la minute,
avec un bruit sinistre qui hachait l’air et résonnait dans toute la vallée, jusqu’aux montagnes. Est-ce
que le temps existe, quand quelques minutes suffisent pour tuer mille hommes, mille chevaux ? (…)
Alors le silence a cessé, et on a entendu tous les cris des vivants, les hommes et les animaux blessés, les
femmes, les enfants, comme un seul gémissement interminable, comme une chanson. C’était un bruit
plein d’horreur et de souffrance qui montait de tous les côtés à la fois, sur la plaine et sur le lit du fleuve.
J.M.G. Le Clézio, Désert.
© Éditions GALLIMARD.
« Tous les droits d'auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci
autre que la consultation individuelle et privée est interdite »
www.gallimard.fr
Questions (4 points)
 Quelle vision de la guerre ces trois textes présentent-ils ? (1 point)
 Analysez les points de vue adoptés par les narrateurs : en quoi le choix de la focalisation
sert-il la visée de l’auteur ? (3 points)
Travail d’écriture (16 points)
Vous traiterez ensuite, au choix, l’un des deux sujets suivants :
 Commentaire de texte
Vous ferez le commentaire du texte de Céline (texte B).
 Dissertation
En quoi le personnage de roman peut-il constituer pour l’écrivain un moyen d’instruire son
lecteur sur le monde ?
Vous répondrez à la question et justifierez votre réponse en vous appuyant sur les textes du
corpus, les oeuvres étudiées dans les séquences et vos lectures personnelles.


Où j'en suis dans mon devoir

Je n'arrive pas à trouver des arguments pour les questions de corpus et pour la dissertation.

merci !!




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