Les liaisons dangereuses, lettre 20: la proposition de Mme de Merteuil

Publié le 6 oct. 2016 il y a 7A par Anonyme - Fin › 11 oct. 2016 dans 7A
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Sujet du devoir

Bonjour! J'ai une lecture analytique à faire en français sur la lettre 20 des liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos.

La question était: "Quel "contrat" Mme de Merteuil propose-t-elle à Valmont? Pour quelles raisons?"

J'ai donc répondu à la première partie de la question: Mme de Merteuil propose à Valmont une nuit d'amour si il réussit à séduire la présidente de Tourvel, et si il lui en apporte la preuve écrite.

Mais c'est surtout la deuxième partie qui me pose problème... Pourquoi proposer ce contrat? 

 Un grand merci d'avance à ceux qui auront l'amabilité de m'aider!

Voici la fameuse lettre 20:

Lettre XX
De la Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont

Ah ! fripon, vous me cajolez, de peur que je ne me moque de vous ! Allons, je vous fais grâce : vous m’écrivez tant de folies, qu’il faut bien que je vous pardonne la sagesse où vous tient votre Présidente. Je ne crois pas que mon Chevalier eût autant d’indulgence que moi ; il serait homme à ne pas approuver notre renouvellement de bail, & à ne rien trouver de plaisant dans votre folle idée. J’en ai pourtant bien ri, & j’étais vraiment fâchée d’être obligée d’en rire toute seule. Si vous eussiez été là, je ne sais où m’aurait menée cette gaieté : mais j’ai eu le temps de la réflexion, & je me suis armée de sévérité. Ce n’est pas que je refuse pour toujours ; mais, je diffère, & j’ai raison. J’y mettrais peut-être de la vanité, &, une fois piquée au jeu, on ne sait plus où l’on s’arrête. Je serais femme à vous enchaîner de nouveau, à vous faire oublier votre Présidente ; & si j’allais, moi indigne, vous dégoûter de la vertu, voyez quel scandale ! Pour éviter ce danger, voici mes conditions.

Aussitôt que vous aurez eu votre belle dévote, que vous pourrez m’en fournir une preuve, venez, & je suis à vous. Mais vous n’ignorez pas que dans les affaires importantes, on ne reçoit de preuves que par écrit. Par cet arrangement, d’une part, je deviendrai une récompense au lieu d’être une consolation ; & cette idée me plaît davantage ; & de l’autre, votre succès en sera plus piquant, en devenant lui-même un moyen d’infidélité. Venez donc, venez au plus tôt m’apporter le gage de votre triomphe : semblable à nos preux chevaliers qui venaient déposer aux pieds de leur dame les fruits brillants de leur victoire. Sérieusement, je suis curieuse de voir ce que peut écrire une prude après un tel moment, & quel voile elle met sur ses actions, après n’en avoir plus laissé sur sa personne. C’est à vous de voir si je me mets à un prix trop haut ; mais je vous préviens qu’il n’y a rien à rabattre. Jusques-là, mon cher vicomte, vous trouverez bon que je reste fidèle à mon chevalier, & que je m’amuse à le rendre heureux, malgré le petit chagrin que cela vous cause.

Cependant si j’avais moins de mœurs, je crois qu’il aurait dans ce moment un rival dangereux ; c’est la petite Volanges. Je raffole de cet enfant : c’est une vraie passion. Ou je me trompe, ou elle deviendra une de nos femmes les plus à la mode. Je vois son petit cœur se développer, & c’est un spectacle ravissant. Elle aime déjà son Danceny avec fureur ; mais elle n’en sait encore rien. Lui-même, quoique très amoureux, a encore la timidité de son âge, & n’ose pas trop le lui apprendre. Tous deux sont en adoration vis-à-vis de moi. La petite surtout a grande envie de me dire son secret ; particulièrement depuis quelques jours je l’en vois vraiment oppressée, & je lui aurais rendu un grand service de l’aider un peu : mais je n’oublie pas que c’est un enfant, & je ne veux pas me compromettre. Danceny m’a parlé un peu plus clairement ; mais, pour lui, mon parti est pris, je ne veux pas l’entendre. Quant à la petite, je suis souvent tentée d’en faire mon élève ; c’est un service que j’ai envie de rendre à Gercourt. Il me laisse du temps, puisque le voilà en Corse jusqu’au mois d’octobre. J’ai dans l’idée que j’emploierai ce temps-là, & que nous lui donnerons une femme toute formée, au lieu de son innocente pensionnaire. Quelle est donc en effet l’insolente sécurité de cet homme, qui ose dormir tranquille, tandis qu’une femme, qui a à se plaindre de lui, ne s’est pas encore vengée ? Tenez, si la petite était ici dans ce moment, je ne sais ce que je ne lui dirais pas.

Adieu, vicomte ; bonsoir & bon succès : mais, pour Dieu, avancez donc. Songez que si vous n’avez pas cette femme, les autres rougiront de vous avoir eu.

De…, ce 20 août 17…




1 commentaire pour ce devoir


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Anonyme
Posté le 6 oct. 2016

Cette lettre est décisive dans ce roman épistolaire. En effet, elle met en avant les termes du contrat entre la Marquise de Merteuil et Valmont .

" Voici mes conditions" écrit la marquise. Cela montre qu'un accord a été passé mais qu'elle contrôle la situation en imposant ses propres conditions. C'est un moyen pour elle d'avoir de l'ascendant sur le Vicomte.

Cette lettre montre également que la marquise excelle dans l'art de la manipulation. Pour arriver à ses fins, cette dernière joue de son influence sur le vicomte en le rendant jaloux via la relation qu'elle entretient avec le Chevalier. De même, elle s'offre à lui s'il lui apporte la preuve de sa victoire; preuve qu'il a couché avec la Présidente.


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