Rhinocéros Eugène Ionesco (2)

Publié le 18 avr. 2015 il y a 9A par Anonyme - Fin › 26 avr. 2015 dans 8A
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Sujet du devoir

En quoi le choix du monologue contribue-t-il au tragique ?

Comment béranger perçoit-il désormais le Rhinocéros ? Quels sentiments éprouve-t-il ? 

 

Je ne suis pas beau, je ne suis pas
beau. (Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace.) Ce
sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! comme je voudrais être comme eux. Je
n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux,
pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je
pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! (Il regarde les paumes de
ses mains.) Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? (Il enlève son
veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace.) J’ai la peau flasque.
Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette
magnifique couleur d’un vert sombre, une nudité décente, sans poils, comme la leur !
(Il écoute les barrissements.) Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un
charme certain ! Si je pouvais faire comme eux. (Il essaye de les imiter.) Ahh, ahh,
brr ! Non, ça n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! Ahh, ahh, brr ! non, non, ce
n’est pas ça, que c’est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n’arrive pas à
barrir. Je hurle seulement Ahh, ahh, brr ! Les hurlements ne sont pas des
barrissements ! Comme j’ai mauvaise conscience, j’aurais dû les suivre à temps.
Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je
ne deviendrai rhinocéros, jamais, jamais ! Je ne peux plus changer. Je voudrais bien,
je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J’ai trop honte !
(Il tourne le dos à la glace.) Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver
son originalité ! (Il a un brusque sursaut.) Eh bien tant pis ! Je me défendrai contre
tout le monde ! Ma carabine, ma carabine ! (Il se retourne face au mur du fond où
sont fixées les têtes des rhinocéros, tout en criant:) Contre tout le monde, je me
défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule
pas !

Où j'en suis dans mon devoir

J'ai fais la question 2 et la question 3 il ne me manque plus que la question 1                                                                                                                                                                                    ...




5 commentaires pour ce devoir


Anonyme
Posté le 19 avr. 2015

si tu veux j'ai le plan détaillé de ce texte, peut être que dedans tu y trouveras des réponses, dit moi si a t'intéresse :)

Anonyme
Posté le 19 avr. 2015

ah oui je veux bien si ça te dérange pas :)

3
Anonyme
Posté le 19 avr. 2015

Lecture analytique n°4 : Le monologue final, Acte 3 «  Je ne suis pas beau »p.245 jusqu’à la fin.
Intro
Bérenger est désormais seul sur scène : il est le dernier personnage à ne pas avoir subi la métamorphose. La pièce se clôt donc sur un monologue final de Bérenger, dans sa chambre, où il semble reclus, cerné par les rhinocéros. Ce monologue a commencé un peu plus haut dans la pièce, après le départ de Daisy ; Bérenger compare alors les tableaux représentant des hommes et les têtes de rhinocéros présentes au fond de la scène. Comment, par ce monologue, se dénoue la farce tragique qu'est Rhinocéros?

1. La solitude radicale et tragique de Bérenger

a) Un discours particulier : le monologue

Le recours au monologue est ici justifié par l'évolution du « drame » qui a conduit à la métamorphose progressive de tous les personnages. Bérenger est le dernier homme, il n'a plus d'interlocuteur. Un accessoire sur scène souligne cette situation : la glace ; Bérenger se parle de fait à lui-même (« il va vers la glace »l.3, « il contemple sa poitrine dans la glace »l.12).
Aucune marque du discours dialogué, fréquemment utilisé au sein même d'un monologue : il n'y a donc plus aucun destinataire même potentiel, même imaginaire, à la parole de Bérenger ; plus personne ne parle sa langue. Toute communication est donc impossible et le passage radicalise cette faillite de la parole présente dans toute la pièce.
Disposition spécifique du discours théâtral qui confère au public une place particulière et problématique : est-il l'ultime destinataire de la parole de Bérenger (et de Ionesco), selon le jeu de la double énonciation, ou est-il inclus, par une sorte de manœuvre provocante et déstabilisante du dramaturge, dans cet espace rhinocérique qui encercle Bérenger ? En effet, celui-ci n'est pas exactement seul sur scène : il est cerné par les rhinocéros, figurés par les têtes accrochées au mur et dont la présence est accentuée par les barrissements. D'ailleurs, à la fin du monologue, Bérenger semble s'adresser à ces rhinocéros, dans une forme de défi final :
Il se retourne face au mur du fond [...] tout en criant ».
b) Bérenger et les autres

Solitude de Bérenger contre tous : on relèvera l'opposition du singulier et du pluriel, et celles entre je et « eux »( l.3, 5, 19 ), entre « je » et « tout le monde »( l.35, 37).
Déplacement de la norme. Comme Bérenger est le dernier de son espèce, il est devenu « l'anormal », alors que les rhinocéros constituent la norme de référence : il se qualifie de « monstre »l.27 et se compare, à son désavantage, aux rhinocéros
Les rhinocéros sont connotés positivement. Le contraste de la beauté et de la laideur (« je ne suis pas beau »l.1, « ce sont eux qui sont beaux »l.3) est développé à travers les oppositions de formes (« corne »l.5, « Front plat »l.6 et « traits tombants »l.7), de texture (« moites »l.11, « rugueuses »l.11 / « flasque »l.13, « dure »l.14 / « sans poils »l.16, « poilu »l.14) ou de couleur (« trop blanc »l.13, « magnifique couleur vert sombre »l.15).
Enfin, les barrissements apparaissent comme des « chants »l.17 opposés à la faiblesse de sa propre voix, humaine. On aboutit dès lors à un éloge des rhinocéros qui révèle que la solitude et la différence, c'est-à-dire le simple fait d'être soi, sont difficiles à porter, à assumer.
Le sentiment dominant de Bérenger est ici la honte (« j'ai trop honte »l.31, « comme j'ai mauvaise conscience »l.25, « J'ai eu tort »l.4). Le monologue exprime la douleur de Bérenger, qui est d'abord douleur d'être lui-même. Ponctuation expressive : phrases exclamatives, interjections (« hélas ! »l.5 « ah ! »l.14), répétitions désespérées (« jamais, jamais »l.28).

2 2. La tentation de la métamorphose
3 a) Devenir rhinocéros !
Le souhait de la métamorphose s'exprime fortement dans ce final : répétition du verbe vouloir au conditionnel « je voudrais » l.4, l.14, 29 + propositions introduites par « comme » ou par « si ». De même, les formules comparatives révèlent le désir de devenir rhinocéros : « être comme eux »l.5, « faire comme eux » l.19. Enfin, Bérenger tente d'adopter le barrissement (« il essaie de les imiter »l.19 ; « ahh ! ahh ! brr ») l.21, ce qui confère à la scène une véritable dimension de farce tragique.
Le discours de Bérenger évolue : le début du passage reste empreint d'un espoir de changement (« ça viendra peut-être »l.l.7), puis après la tentative de barrissement, c'est le constat d'échec : « je ne deviendrai jamais rhinocéros »l.28 .Bérenger ne parvient pas en effet à se transformer en rhinocéros.
Le monologue multiplie aussi les aveux directs d'impuissance par l'abondance des phrases négatives : « non, ce n'est pas ça »l.20, « je n'arrive pas à » l.23, « je ne peux plus » l.29, « je ne peux pas »l.30. Le caractère définitif de cette impossibilité à être rhinocéros est enfin souligné par les adverbes « jamais »l.28, « plus » « trop tard »l.26.

b) Bérenger, une nouvelle figure héroïque ?

Si Bérenger reste homme, c'est d'abord non par héroïsme, mais par impossibilité profonde de céder au « charme » (au sens d'envoûtement) des barrissements et de suivre les autres.
L’expression « Malheur à celui qui veut conserver son originalité »l.32 est à prendre au sens premier du terme. Ainsi l'attitude de Bérenger ne relève pas du simple anticonformisme. Ce serait plus amoindrir la portée de la pièce qui est, il faut le rappeler ici, une représentation de tous les totalitarismes, et notamment des idéologies nazies (ainsi, le culte du corps et de la force dans le monologue est une allusion claire à l'idéologie nazie). Sans doute faut-il alors comprendre le mot « originalité » non pas au sens d'anticonformisme, mais au sens premier de celui qui conserve ce qu'il est « à l'origine », c'est-à-dire ici son humanité
Béren­ger sort dans ses derniers mots de sa léthargie et de ses tentations de céder à la rhinocérite. Ce changement apparaît dans la gestuelle du personnage qui « a un brusque sursaut »l.33 et « se tourne face au mur où sont fixées les têtes » l.36. De même, le futur et les phrases affirmatives semblent marquer le temps de l'engagement : « je me défendrai »l.38, « je le resterai »l.38, « je suis le dernier homme »l.38. La seule phrase négative devient ici expression, non pas de son impuissance mais d'une position revendiquée (« je ne capitule pas »), qui annonce le passage à l'action (« ma carabine, ma carabine »).
II y a donc bien une progression de la figure de Bérenger qui assume une forme de résistance parce qu'il n'a d'autre choix que d'être un homme. Ces dernières répliques constituent un renversement ultime de situation et renvoient les rhinocéros à leur monstruosité réelle.
Cependant le dénouement reste ouvert. Ce monologue ne consacre pas le triomphe de Bérenger et de l'humanité ; l'issue paraît être fatale : « jusqu'au bout » (c'est-à-dire peut-être jusqu'à la mort), même si le futur (« je le resterai ») laisse une petite place à l'espoir. La faillite de l'humanité n'est pas non plus ici totale ; malgré lui, Bérenger dit son sens inné de l'humain et en proclame la dignité.


Conclusion: la force de ce monologue final, dont le destinataire ultime est le spectateur lui-même, tient à son ambiguïté. Faut-il lire dans la résistance de Bérenger un espoir pour l'homme face aux tentations totalitaires ? Convient-il plutôt de voir dans l'absurdité de la situation de Bérenger face au monde un constat profondément pessimiste sur la condition humaine ? Ionesco ne délivre aucun message ; son théâtre s'adresse d'abord à ce qui remue profondément en l'homme : « L'art et la littérature ne peuvent être qu'affectivité et connaissance des choses par le cœur » (Entre la vie et le rêve).

Anonyme
Posté le 19 avr. 2015

Merci beaucoup :)

Anonyme
Posté le 20 avr. 2015

C'est toi qui l'a faite ou tu l'as trouvée sur internet ? 


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