Oral blanc de français en seconde

Publié le 25 mars 2015 il y a 9A par Anonyme - Fin › 21 avr. 2016 dans 8A
1

Sujet du devoir

Œuvre complète : Bel Ami, Guy de Maupassant.

Textes à l’étude : Incipit 

Problématiques :

  • Pourquoi peut-on dire que ce texte constitue un avertissement de Norbert de Varenne à Duroy ?
  • Pourquoi peut-on dire de ce texte qu’il constitue une vanité verbale ?

 

Où j'en suis dans mon devoir

Voila l'extrait du texte, qui compose l'incipit : 

 

Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant.

Comme il portait beau, par nature et par pose d’ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d’un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide et circulaire, un de ces regards de joli garçon, qui s’étendent comme des coups d’épervier.

Les femmes avaient levé la tête vers lui, trois petites ouvrières, une maîtresse de musique entre deux âges, mal peignée, négligée, coiffée d’un chapeau toujours poussiéreux et vêtue toujours d’une robe de travers, et deux bourgeoises avec leurs maris, habituées de cette gargote à prix fixe.

Lorsqu’il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile, se demandant ce qu’il allait faire. On était au 28 juin, et il lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois. Cela représentait deux dîners sans déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners, au choix. Il réfléchit que les repas du matin étant de vingt-deux sous, au lieu de trente que coûtaient ceux du soir, il lui resterait, en se contentant des déjeuners, un franc vingt centimes de boni, ce qui représentait encore deux collations au pain et au saucisson, plus deux bocks sur le boulevard. C’était là sa grande dépense et son grand plaisir des nuits ; et il se mit à descendre la rue Notre-Dame-de- Lorette.

Il marchait ainsi qu’au temps où il portait l’uniforme des hussards, la poitrine bombée, les jambes un peu entr'ouvertes comme s’il venait de descendre de cheval ; et il avançait brutalement dans la rue pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les gens pour ne point se déranger de sa route. Il inclinait légèrement sur l’oreille son chapeau à haute forme assez défraîchi, et battait le pavé de son talon. Il avait l’air de toujours défier quelqu’un, les passants, les maisons, la ville entière, par chic de beau soldat tombé dans le civil.

Quoique habillé d’un complet de soixante francs, il gardait une certaine élégance tapageuse, un peu commune, réelle cependant. Grand, bien fait, blond, d’un blond châtain vaguement roussi, avec une moustache retroussée, qui semblait mousser sur sa lèvre, des yeux bleus, clairs, troués d’une pupille toute petite, des cheveux frisés naturellement, séparés par une raie au milieu du crâne, il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires.

C’était une de ces soirées d’été où l’air manque dans Paris. La ville, chaude comme une étuve, paraissait suer dans la nuit étouffante. Les égouts soufflaient par leurs bouches de granit leurs haleines empestées, et les cuisines souterraines jetaient à la rue, par leurs fenêtres basses, les miasmes infâmes des eaux de vaisselle et des vieilles sauces.

Les concierges, en manches de chemise, à cheval sur des chaises en paille, fumaient la pipe sous des portes cochères, et les passants allaient d’un pas accablé, le front nu, le chapeau à la main.

Quand Georges Duroy parvint au boulevard, il s’arrêta encore, indécis sur ce qu’il allait faire. Il avait envie maintenant de gagner les Champs-Élysées et l’avenue du bois de Boulogne pour trouver un peu d’air frais sous les arbres ; mais un désir aussi le travaillait, celui d’une rencontre amoureuse.

Comment se présenterait-elle ? Il n’en savait rien, mais il l’attendait depuis trois mois, tous les jours, tous les soirs. Quelquefois cependant, grâce à sa belle mine et à sa tournure galante, il volait, par-ci, par-là, un peu d’amour, mais il espérait toujours plus et mieux.
La poche vide et le sang bouillant, il s’allumait au contact des rôdeuses qui murmurent, à l’angle des rues : « Venez-vous chez moi, joli garçon ? » mais il n’osait les suivre, ne les pouvant payer ; et il attendait aussi autre chose, d’autres baisers, moins vulgaires.

Il aimait cependant les lieux où grouillent les filles publiques, leurs bals, leurs cafés, leurs rues ; il aimait les coudoyer, leur parler, les tutoyer, flairer leurs parfums violents, se sentir près d’elles.
C’étaient des femmes enfin, des femmes d’amour. Il ne les méprisait point du mépris inné des hommes de famille.

Il tourna vers la Madeleine et suivit le flot de foule qui coulait accablé par la chaleur. Les grands cafés, pleins de monde, débordaient sur le trottoir, étalant leur public de buveurs sous la lumière éclatante et crue de leur devanture illuminée. Devant eux, sur de petites tables carrées ou rondes, les verres contenaient des liquides rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes les nuances ; et dans l’intérieur des carafes on voyait briller les gros cylindres transparents de glace qui refroidissaient la belle eau claire.

Duroy avait ralenti sa marche, et l’envie de boire lui séchait la gorge.

Une soif chaude, une soif de soir d’été le tenait, et il pensait à la sensation délicieuse des boissons froides coulant dans la bouche. Mais s’il buvait seulement deux bocks dans la soirée, adieu le maigre souper du lendemain, et il les connaissait trop, les heures affamées de la fin du mois.

Il se dit :« Il faut que je gagne dix heures et je prendrai mon bock à l’Américain. Nom d’un chien ! que j’ai soif tout de même ! » Et il regardait tous ces hommes attablés et buvant, tous ces hommes qui pouvaient se désaltérer tant qu’il leur plaisait. Il allait, passant devant les cafés d’un air crâne et gaillard, et il jugeait d’un coup d’oeil, à la mine, à l’habit, ce que chaque consommateur devait porter d’argent sur lui. Et une colère l’envahissait contre ces gens assis et tranquilles. En fouillant leurs poches, on trouverait de l’or, de la monnaie blanche et des sous. En moyenne, chacun devait avoir au moins deux louis ; ils étaient bien une centaine au café ; cent fois deux louis font quatre mille francs ! Il murmurait : « Les cochons ! » tout en se dandinant avec grâce. S’il avait pu en tenir un au coin d’une rue, dans l’ombre bien noire, il lui aurait tordu le cou, ma foi, sans scrupule, comme il faisait aux volailles des paysans, aux jours de grandes manœuvres.

Et il se rappelait ses deux années d’Afrique, la façon dont il rançonnait les Arabes dans les petits postes du Sud. Et un sourire cruel et gai passa sur ses lèvres au souvenir d’une escapade qui avait coûté la vie à trois hommes de la tribu des Ouled-Alane et qui leur avait valu, à ses camarades et à lui, vingt poules, deux moutons et de l’or, et de quoi rire pendant six mois.

On n’avait jamais trouvé les coupables, qu’on n’avait guère cherché d’ailleurs, l’Arabe étant un peu considéré comme la proie naturelle du soldat.

À Paris, c’était autre chose. On ne pouvait pas marauder gentiment, sabre au côté et revolver au poing, loin de la justice civile, en liberté. Il se sentait au cœur tous les instincts du sous-off lâché en pays conquis. Certes il les regrettait, ses deux années de désert. Quel dommage de n’être pas resté là-bas ! Mais voilà, il avait espéré mieux en revenant. Et maintenant !... Ah ! oui, c’était du propre, maintenant !

Extrait de Maupassant, Bel Ami.




1 commentaire pour ce devoir


Anonyme
Posté le 29 mars 2015

slt sol974

voici tes reponses ou plutot des infos qui pourrait te servir

  • Réponse 1

Cet extrait est tiré d'un roman du XIXème siècle, Bel-Ami, écrit par G. de Maupassant.
Un personnage âgé, Norbert de Varenne, explique au héros du roman, le jeune Georges Duroy, ce qu'il pense de la mort, dans une longue tirade pessimiste, qui devient presque un monologue.

  • Réponse 2

Il s'agit théoriquement d'un dialogue. En effet, il y a deux interlocuteurs, et l'on retrouve la ponctuation des dialogues avec la présence de tirets. Cependant, seul Norbert de Varenne s'exprime. Georges Duroy se contente de l'écouter.
Le vieil homme monopolise la conversation, car il fait part à son cadet de son expérience. Il le prévient d'ailleurs au début du texte : "Vous ne comprenez pas aujourd'hui, mais vous vous rappellerez plus tard..."
Son but est d'impressionner Georges et de partager avec lui sa façon de voir la vie, et ses angoisses. Il utilise pour cela plusieurs procédés courants dans une argumentation : les énumérations, les fausses questions, l'interrogation, l'exclamation et la pause.

S'il s'agit essentiellement dans ce passage de phrases longues, il est intéressant de remarquer l'utilisation fréquente d'énumérations marquées par une soudaine abondance de virgules. Il y en a une, par exemple, à la ligne vingt-trois, quand le narrateur dit :"Respirer, dormir, boire, manger, travailler, rêver, tout ce que nous faisons, c'est mourir". Ainsi, la suite de verbes mène au but à atteindre, le verbe "mourir". On retrouve d'autres énumérations à la ligne 38 ("les petites bêtes [...] barbe d'un ami") ou à la ligne 52 ( "un nez, des yeux, un front, des joues et une bouche..."). Ce procédé stylistique qui accumule les verbes ou les noms montre bien l'objectif du narrateur : insister lourdement et convaincre son interlocuteur en le submergeant de termes.

Les questions oratoire montrent aussi l'état d'esprit de Norbert de Varenne. C'est un homme désabusé, blasé, qui a trop profité de la vie : "Qu'attendez-vous ? de l'amour ? Encore quelques baisers [...] Et puis après ? De l'argent ? [...] Et puis encore ? De la gloire ? A quoi cela sert-il..." Plus rien ne peut lui faire plaisir, il a tout connu, et il semble s'étonner que cela puisse encore attirer Georges Duroi. Evidemment, ce sentiment d'indifférence, d'écœurement, ne peut pas être partagé par ce dernier qui voudrait bien y goûter, lui, à tous ces plaisirs ! Par contre, la question rhétorique de la fin est plus désespérée, plus triste : "À quoi se rattacher ? Vers qui jeter des cris de détresse ? À quoi pouvons-nous croire ?" Si la réponse est "La mort seule est certaine", cette réponse est tragique... C'est donc une vraie question que se pose là l'auteur lui-même, par la bouche de son personnage.

Les exclamations sont, elles aussi, utilisées de façon contrastée : la première exprime la souffrance, le désarroi face à la proximité de la mort "La voilà !", la seconde achève une énumération des choses que Norbert de Varenne apprécie et qu'il regrette déjà alors qu'il pourrait encore en profiter : " les clairs de lune, les levers de soleil, la grande mer, les belles rivières, et l'air des soirs d'été, si doux à respirer !" Enfin, on trouve chez ce grand pessimiste quelque chose de merveilleux dans la vie, et c'est la nature.

Pour conclure, les points de suspension marquent le manque, la frustration : " Et jamais un être ne revient, jamais..." Ici, la peur de vieillir s'ajoute à la souffrance d'avoir perdu déjà de nombreux êtres chers, et de voir arriver son tour, inexorablement. Cet "être" qui ne revient jamais, c'est à la fois celui qui est déjà parti, mais aussi lui-même, qui refuse de disparaître pour toujours. Ce qu'il laisse en suspens, c'est cette cruauté de la vie, de la roue qui tourne et ne s'arrête pour personne.

L'étude de la ponctuation est donc ici tout à fait révélatrice de l'état d'esprit du narrateur. Sa souffrance, qu'il communique avec tous les talents de l'orateur, ne peuvent pas laisser indifférent, même si l'on n'a pas les mêmes préoccupations ou les mêmes obsessions.

  • Réponse 3

La figure de style utilisée ici est l'allégorie de la mort. Cette notion abstraite est ici représentée sous les traits d'une "bête rongeuse" (ligne 11) qui, comme un termite, attaque et "dégrad(e) ainsi qu'une maison qui s'écroule" le corps de sa victime. Cette mort est aussi une voleuse, ce que l'on peut remarquer grâce aux termes suivants : "elle m'a pris (...) ne me laissant que (...) qu'elle enlèvera bientôt aussi". Elle agit, bien entendu, sans le consentement de sa victime qui la méprise, " la gueuse ", pour sa cruauté calculée " quelle lenteur savante et méchante ". En effet, elle semble accomplir " son odieuse besogne " avec un plaisir sadique : la mort est un tortionnaire ou un bourreau impitoyable, qui fait lentement souffrir sa victime avant de l'achever ; et surtout, elle lui permet de se rendre compte de son travail qu'elle accomplit "doucement et terriblement", ce qui en augmente la souffrance. Enfin, elle agit de l'intérieur, comme un cancer que vous portez jour après jour, qui fait partie de vous, que vous supportez tant bien que mal, que vous aidez même à progresser par "tout ce que [vous faites]" et qui finit par vous emporter. Cette notion générale et abstraite qu'est la mort prend ici sous la plume de l'auteur, une apparence bien concrète et donc l'évocation provoque la terreur de celui qui en parle.

I) La forme du texte : un monologue

Dans cet extrait, on est en présence de deux interlocuteurs donc dans l'absolu nous sommes en présence d'un dialogue en discours rapporté dans le style direct. On constate bien qu'il y a deux personnages «voyez-vous», «vous, à votre âge». De plus, le «je» et le «vous» subissent un certain élargissement au «on» et au «nous» (...)

[...] Son discours se transforme en monologue, on a des questions oratoire ou rhétorique. –Durant le monologue, différents buts sont poursuivis. On a Norbert de Varenne face à son déclin. Bel-ami face à son ascension. La mort est une idée abstraite pour Duroy. retrouve toutes les aspirations de Duroy (argent, amour et gloire) dans ce monologue. Introduction Maupassant (1850-1893), écrivain réaliste, écrit Bel Ami en 1884, le roman fut publié en 1885 : dans cet extrait George Duroy vient d’être nommé chef des écho suite au dîner chez les Walten. [...] 

[...] L'un est au sommet de sa carrière et est fasciné par les vanités alors que l'autre est à la fin de la sienne et à s'est lassé de ces vanités. Pourquoi ce monologue est-il alors tragique ? En effet, les pensées du poète sont très sombres allant au delà de la mélancolie avec aucun espoir d'échapper à la mort. II)La mort dans le monologue Ici, le mot mort est plusieurs fois répété mais c'est tout de même assez peu pour un passage traitant autant de ce sujet. Ligne on a une mise en relief de la mort


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