Analyse d'un texte Antigone et Créon

Publié le 8 mars 2011 il y a 13A par Anonyme - Fin › 12 févr. 2014 dans 10A
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Sujet du devoir

Après le départ de leur père, les deux frères d’Antigone, Étéocle et Polynice, décident de se partager le trône et de régner, chacun à leur tour pendant une année. À la suite du refus d’Étéocle de rendre le pouvoir annuel, Polynice vient assiéger Thèbes avec six autres chefs, et les deux frères s’entretuent. C’est alors que Créon, leur oncle, s’empare du pouvoir. Il fait offrir de somptueuses funérailles à Étéocle et prive Polynice de sépulture, ce qui, chez les Grecs, empêche la personne d’accéder au paradis des champs Élysées. Antigone enfreint la loi établie par Créon en recouvrant de terre son frère Polynice : elle risque la mort. CRÉON Un matin, je me suis réveillé roi de Thèbes. Et Dieu sait si j’aimais autre chose dans la vie que d’être puissant… ANTIGONE Il fallait dire non, alors ! CRÉON Je le pouvais. Seulement, je me suis senti tout d’un coup comme un ouvrier qui refusait un ouvrage. Cela ne m’a pas paru honnête. J’ai dit oui. ANTIGONE Eh bien, tant pis pour vous. Moi, je n’ai pas dit « oui » ! Qu’est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires? Moi, je peux dire «non» encore à tout ce que je n’aime pas et je suis seul juge. Et vous, avec votre couronne, avec vos gardes, avec votre attirail, vous pouvez seulement me faire mourir parce que vous avez dit « oui ». CRÉON Écoute-moi. ANTIGONE Si je veux, moi, je peux ne pas vous écouter. Vous avez dit « oui ». Je n’ai plus rien à apprendre de vous. Pas vous. Vous êtes là à boire mes paroles. Et si vous n’appelez pas vos gardes, c’est pour m’écouter jusqu’au bout. CRÉON Tu m’amuses ! ANTIGONE Non. Je vous fais peur. C’est pour cela que vous essayez de me sauver. Ce serait tout de même plus commode de garder une petite Antigone vivante et muette dans ce palais. Vous êtes trop sensible pour faire un bon tyran, voilà tout. Mais vous allez tout de même me faire mourir tout à l’heure, vous le savez, et c’est pour cela que vous avez peur. C’est laid un homme qui a peur. CRÉON, sourdement. Eh bien, oui, j’ai peur d’être obligé de te tuer si tu t’obstines. Et je ne le voudrais pas. ANTIGONE Moi, je ne suis pas obligée de faire ce que je ne voudrais pas ! Vous n’auriez pas voulu non plus, peut-être, refuser une tombe à mon frère ? Dites-le donc, que vous ne l’auriez pas voulu ? CRÉON Je te l’ai dit. ANTIGONE Et vous l’avez fait tout de même. Et maintenant, vous allez me faire tuer sans le vouloir. Et c’est cela, être roi ! CRÉON Oui, c’est cela ! ANTIGONE Pauvre Créon! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m’ont faits aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine. CRÉON Alors, aie pitié de moi, vis. Le cadavre de ton frère qui pourrit sous mes fenêtres, c’est assez payé pour que l’ordre règne dans Thèbes. Mon fils t’aime. Ne m’oblige pas à payer avec toi encore. J’ai assez payé. ANTIGONE Non. Vous avez dit « oui ». Vous ne vous arrêterez jamais de payer maintenant ! CRÉON, la secoue soudain, hors de lui. Mais, bon Dieu ! Essaie de comprendre une minute, toi aussi, petite idiote ! J’ai bien essayé de te comprendre, moi. Il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballotte. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer, et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu, alors, qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire « oui » ou «non», de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut-être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a plus de nom. Et toi non plus, tu1 n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu le comprends, cela ? ANTIGONE, secoue la tête. Je ne veux pas comprendre. C’est bon pour vous. Moi je suis là pour autre chose que pour comprendre Je suis là pour vous dire non et pour mourir.

Où j'en suis dans mon devoir

9. Quel est le ton des répliques d’Antigone ? de Créon ? Lequel des deux personnages vous paraît en position de force? Justifiez. 10. La pièce d’Anouilh a été écrite en 1944 : en quoi cet extrait peut-il présenter un lien avec le contexte historique ? 11. En quoi les valeurs en jeu dans cet extrait ont-elles une portée universelle ?




1 commentaire pour ce devoir


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Anonyme
Posté le 9 mars 2011
Réponse 10
La pièce d'Anouilh a été écrite pendant l'occupation allemande.
la pièce à un lien avec le contexte historique car une grande partie de la population francaise a vécu sans se rebeller contre les ordres des allemands. Ils ont laissés faire, bref ils se sont compromis par exemple faire semblant de ne pas voir le sort réservé aux juifs et des communistes.

11/ les valeurs en jeux ont une portée universelle car on les trouve partout en effet les jeunes sont entiers, ils ont des principes intransigeants, pour eux tout est blanc ou noir alors que pour les adultes s'est nuancé par le poid de l'expérience et par leur confrontation avec la réalité. En effet le travail doit être fait quelque soient les états d'âme, la communauté prime sur l'individuel.

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