Réaliser une anthologie poétique - Français, 3eme

Publié le 19 févr. 2011 il y a 13A par Anonyme - Fin › 15 avr. 2016 dans 8A
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Sujet du devoir

Anthologie poétique :


parmi ces poèmes que j'ai sélectionné sur le thème de l'amour, pouvez vous m'aider à les trier et à garder les 15 meilleurs, qui se rapprochent le plus du sujet de l'amour.

Où j'en suis dans mon devoir

Le tendre et dangereux visage de l'amour


Le tendre et dangereux visage de l'amour m'est apparu un soir après un trop long jour


C'était peut-être un archer avec son arc ou bien un musicien avec sa harpe


Je ne sais plus


Je ne sais rien


Tout ce que je sais c'est qu'il m'a blessée peut-être avec une flèche peut-être avec une chanson


Tout ce que je sais c'est qu'il m'a blessée blessée au cœur et pour toujours


Brûlante trop brûlante blessure de l'amour.


Jacques Prévert


Pour toi mon amour


Je suis allé au marché aux oiseaux


Et j'ai acheté des oiseaux


Pour toi Mon amour


Je suis allé au marché aux fleurs


Et j'ai acheté des fleurs


Pour toi Mon amour


Je suis allé au marché à la ferraille


Et j'ai acheté des chaînes


De lourdes chaînes


Pour toi Mon amour


Et je suis allé au marché aux esclaves


Et je t'ai cherchée


Mais je ne t'ai pas trouvée


Mon amour


Immense et Rouge


Immense et rouge


Au-dessus du Grand Palais


Le soleil d'hiver apparaît


Et disparaît


Comme lui mon cœur va disparaître


Et tout mon sang va s'en aller S'en aller à ta recherche


Mon amour Ma beauté


Et te trouver Là où tu es.


Jacques Prévert Cet Amour 


Cet amour


Si violent


Si fragile


Si tendre


Si désespéré


Cet amour Beau comme le jour


Et mauvais comme le temps


Quand le temps est mauvais


Cet amour si vrai


Cet amour si beau 


Si heureux 


Si joyeux 


Et si dérisoire 


Tremblant de peur comme un enfant dans le noir 


Et si sûr de lui 


Comme un homme tranquille au milieu de la nuit 


Cet amour qui faisait peur aux autres 


Qui les faisait parler 


Qui les faisait blêmir 


Cet amour guetté 


Parce que nous le guettions 


Traqué blessé piétiné achevé nié oublié 


Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié 


Cet amour tout entier 


Si vivant encore 


Et tout ensoleillé 


C'est le tien 


C'est le mien 


Celui qui a été 


Cette chose toujours nouvelles 


Et qui n'a pas changé 


Aussi vraie qu'une plante 


Aussi tremblante qu'un oiseau 


Aussi chaude aussi vivante que l'été 


Nous pouvons tous les deux 


Aller et revenir 


Nous pouvons oublier 


Et puis nous rendormir 


Nous réveiller souffrir vieillir 


Nous endormir encore 


Rêver à la mort


Nous éveiller sourire et rire 


Et rajeunir 


Notre amour reste là 


Têtu comme une bourrique 


Vivant comme le désir 


Cruel comme la mémoire 


Bête comme les regrets 


Tendre comme le souvenir 


Froid comme le marbre 


Beau comme le jour 


Fragile comme un enfant 


Il nous regarde en souriant 


Et il nous parle sans rien dire 


Et moi j'écoute en tremblant 


Et je crie  Je crie pour toi 


Je crie pour moi 


Je te supplie 


Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment 


Et qui se sont aimés 


Oui je lui crie 


Pour toi pour moi et pour tous les autres 


Que je ne connais pas 


Reste là 


Là où tu es 


Là où tu étais autrefois 


Reste là  Ne bouge pas 


Ne t'en va pas 


Nous qui sommes aimés 


Nous t'avons oublié 


Toi ne nous oublie pas 


Nous n'avions que toi sur la terre 


Ne nous laisse pas devenir froids 


Beaucoup plus loin toujours 


Et n'importe où 


Donne-nous signe de vie 


Beaucoup plus tard au coin d'un bois 


Dans la forêt de la mémoire 


Surgis soudain 


Tends-nous la main 


Et sauve-nous.


Les Amours de Psyché - Éloge de l'Amour


Tout l'Univers obéit à l'Amour ;


Belle Psyché, soumettez-lui votre âme.


Les autres dieux à ce dieu font la cour,


Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme.


Des jeunes cœurs c'est le suprême bien


Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien.


Sans cet Amour, tant d'objets ravissants,


Lambris dorés, bois, jardins, et fontaines,


N'ont point d'appâts qui ne soient languissants,


Et leurs plaisirs sont moins doux que ses peines.


Des jeunes cœurs c'est le suprême bien


Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien.


Jean de La Fontaine


A la belle impérieuse


L'amour, panique


De la raison,


Se communique


Par le frisson.


Laissez-moi dire,


N'accordez rien.


Si je soupire,


Chantez, c'est bien.


Si je demeure,


Triste, à vos pieds,


Et si je pleure,


C'est bien, riez.


Un homme semble


Souvent trompeur.


Mais si je tremble,


Belle, ayez peur.


Victor Hugo - Il pleure dans mon cœur.


Il pleure dans mon cœur,


Comme il pleut sur la ville,


Quelle est cette langueur,


Qui pénètre mon cœur ?


Ô bruit doux de la pluie,


Par terre et sur les toits !


Pour un cœur qui s'ennuie,


Ô le chant de la pluie !


Il pleure sans raison,


Dans ce cœur qui s'écœure.


Quoi ! nulle trahison ?


Ce deuil est sans raison.


C'est bien la pire peine,


De ne savoir pourquoi,


Sans amour et sans haine


Mon cœur a tant de peine !


Paul Verlaine - Il n'y a pas d'amour heureux


Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force


Ni sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit


Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix


Et quand il croit serrer son bonheur il le broie


Sa vie est un étrange et douloureux divorce


Il n'y a pas d'amour heureux


Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes


Qu'on avait habillés pour un autre destin


A quoi peut leur servir de se lever matin


Eux qu'on retrouve au soir désœuvrés incertains


Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes


Il n'y a pas d'amour heureux


Mon bel amour mon cher amour ma déchirure


Je te porte dans moi comme un oiseau blessé


Et ceux-là sans savoir nous regardent passer


Répétant après moi les mots que j'ai tressés


Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent


Il n'y a pas d'amour heureux


Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard


Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson


Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson


Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson


Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare


Il n'y a pas d'amour heureux


Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur


Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri


Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri


Et pas plus que de toi l'amour de la patrie


Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs


Il n'y a pas d'amour heureux


Mais c'est notre amour à tous les deux


Louis Aragon (La Diane Francaise, Seghers 1946)


Plaintive tourterelle


Plaintive tourterelle,


Qui roucoules toujours,


Veux-tu prêter ton aile


Pour servir mes amours !


Comme toi, pauvre amante,


Bien loin de mon ramier


Je pleure et me lamente


Sans pouvoir l'oublier.


Vole, et que ton pied rose


Sur l'arbre ou sur la tour


Jamais ne se repose,


Car je languis d'amour ;


Évite, ô ma colombe,


La halte des palmiers


Et tous les toits où tombe


La neige des ramiers.


Va droit sur sa fenêtre,


Près du palais du roi,


Donne-lui cette lettre


Et deux baisers pour moi.


Puis sur mon sein en flamme,


Qui ne peut s'apaiser,


Reviens, avec son âme,


Reviens te reposer.


Théophile Gautier - A la femme aimée


Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,


Le ciel mêlait aux ors le cristal et l'airain.


Ton corps se devinait, ondoiement incertain,


Plus souple que la vague et plus frais que l'écume.


Le soir d'été semblait un rêve oriental


De rose et de santal.


Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes


Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids.


Leurs parfums expirants s'échappaient de tes doigts


En le souffle pâmé des angoisses suprêmes.


De tes clairs vêtements s'exhalaient tour à tour


L'agonie et l'amour.


Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes


La douceur et l'effroi de ton premier baiser.


Sous tes pas, j'entendis les lyres se briser


En criant vers le ciel l'ennui fier des poètes


Parmi des flots de sons languissamment décrus,


Blonde, tu m'apparus.


Et l'esprit assoiffé d'éternel, d'impossible,


D'infini, je voulus moduler largement Un hymne de magie et d'émerveillement.


Mais la strophe monta bégayante et pénible,


Reflet naïf, écho puéril, vol heurté,


Vers ta Divinité.


Renée VIVIEN (1877-1909)


La Courbe de tes yeux


La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,


Un rond de danse et de douceur,


Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,


Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu


C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.


Feuilles de jour et mousse de rosée,


Roseaux du vent, sourires parfumés,


Ailes couvrant le monde de lumière,


Bateaux chargés du ciel et de la mer,


Chasseurs des bruits et sources des couleurs,


Parfums éclos d'une couvée d'aurores


Qui gît toujours sur la paille des astres,


Comme le jour dépend de l'innocence


Le monde entier dépend de tes yeux purs


Et tout mon sang coule dans leurs regards.


Paul ELUARD, Capitale de la douleur, (1926)


Je t'aime


Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues


Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu


Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud


Pour la neige qui fond pour les premières fleurs


Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas


Je t'aime pour aimer


Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas


Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu


Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte


Entre autrefois et aujourd'hui


Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille


Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir


Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie


Comme on oublie


Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne


Pour la santé


Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion


Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas


Tu crois être le doute et tu n'es que raison


Tu es le grand soleil qui me monte à la tête


Quand je suis sûr de moi.


Paul Eluard - Le Phénix


Désirs


Le rêve pour les uns serait d'avoir des ailes,


De monter dans l'espace en poussant de grands cris,


De prendre entre leurs doigts les souples hirondelles,


Et de se perdre, au soir, dans les cieux assombris.


D'autres voudraient pouvoir écraser des poitrines


En refermant dessus leurs deux bras écartés ;


Et, sans ployer des reins, les prenant aux narines,


Arrêter d'un seul coup les chevaux emportés.


Moi ; ce que j'aimerais, c'est la beauté charnelle :


Je voudrais être beau comme les anciens dieux,


Et qu'il restât aux cœurs une flamme éternelle


Au lointain souvenir de mon corps radieux.


Je voudrais que pour moi nulle ne restât sage,


Choisir l'une aujourd'hui, prendre l'autre demain ;


Car j'aimerais cueillir l'amour sur mon passage,


Comme on cueille des fruits en étendant la main.


Ils ont, en y mordant, des saveurs différentes ;


Ces arômes divers nous les rendent plus doux.


J'aimerais promener mes caresses errantes


Des fronts en cheveux noirs aux fronts en cheveux roux.


J'adorerais surtout les rencontres des rues,


Ces ardeurs de la chair que déchaîne un regard,


Les conquêtes d'une heure aussitôt disparues,


Les baisers échangés au seul gré du hasard.


Je voudrais au matin voir s'éveiller la brune


Qui vous tient étranglé dans l'étau de ses bras ;


Et, le soir, écouter le mot que dit tout bas


La blonde dont le front s'argente au clair de lune.


Puis, sans un trouble au cœur, sans un regret mordant,


Partir d'un pied léger vers une autre chimère. -


Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent :


On trouverait au fond une saveur amère.


Guy de Maupassant L'Amour et le Crâne


L'amour est assis sur le crâne


De l'Humanité et sur ce trône le profane,


Au rire effronté,


Souffle gaiement des bulles rondes


Qui montent dans l'air,


Comme pour rejoindre les mondes


Au fond de l'éther.


Le globe lumineux et frêle


Prend un grand essor,


Crève et crache son âme grêle


Comme un songe d'or.


J'entends le crâne à chaque bulle


Prier et gémir : - "Ce jeu féroce et ridicule, Quand doit-il finir ?


Car ce que ta bouche cruelle Éparpille en l'air,


Monstre assassin, c'est ma cervelle,


Mon sang et ma chair !"


Charles Baudelaire Mon rêve familier


Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant


D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,


Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même


Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.


Car elle me comprend, et mon cœur transparent


Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème


Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,


Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.


Est-elle brune, blonde ou rousse?


Je l'ignore. Son nom?


Je me souviens qu'il est doux et sonore,


Comme ceux des aimés que la vie exila.


Son regard est pareil au regard des statues,


Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave,


elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.


Paul Verlaine L'Amour et la Folie


Tout est mystère dans l'Amour,


Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance :


Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour


Que d'épuiser cette science.


Je ne prétends donc point tout expliquer ici :


Mon but est seulement de dire, à ma manière,


Comment l'aveugle que voici


(C'est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ;


Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien


J'en fais juge un amant, et ne décide rien.


La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble :


Celui-ci n'était pas encore privé des yeux.


Une dispute vint : l'Amour veut qu'on assemble


Là-dessus le conseil des Dieux ;


L'autre n'eut pas la patience;


Elle lui donne un coup si furieux,


Qu'il en perd la clarté des cieux.


Vénus en demande vengeance.


Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris :


Les Dieux en furent étourdis,


Et Jupiter, et Némésis,


Et les Juges d'Enfer, enfin toute la bande.


Elle représenta l'énormité du cas ;


Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas :


Nulle peine n'était pour ce crime assez grande :


Le dommage devait être aussi réparé.


Quand on eut bien considéré


L'intérêt du public, celui de la partie,


Le résultat enfin de la suprême cour


Fut de condamner la Folie


A servir de guide à l'Amour


Jean de La Fontaine Une bonne fortune


Il ne faudrait pourtant, me disais-je à moi-même,


Qu'une permission de notre seigneur Dieu,


Pour qu'il vînt à passer quelque femme en ce lieu.


Les bosquets sont déserts ; la chaleur est extrême ;


Les vents sont à l'amour l'horizon est en feu ;


Toute femme, ce soir, doit désirer qu'on l'aime.


S'il venait à passer, sous ces grands marronniers,


Quelque alerte beauté de l'école flamande,


Une ronde fillette, échappée à Téniers,


Ou quelque ange pensif de candeur allemande:


Une vierge en or fin d'un livre de légende,


Dans un flot de velours traînant ses petits pieds ;


Elle viendrait par là, de cette sombre allée,


Marchant à pas de biche avec un air boudeur,


Écoutant murmurer le vent dans la feuillée,


De paresse amoureuse et de langueur voilée,


Dans ses doigts inquiets tourmentant une fleur,


Le printemps sur la joue, et le ciel dans le cœur.


Elle s'arrêterait là-bas, sous la tonnelle.


Je ne lui dirais rien, j'irais tout simplement,


Me mettre à deux genoux par terre devant elle,


Regarder dans ses yeux l'azur du firmament,


Et pour toute faveur la prier seulement,


De se laisser aimer d'une amour immortelle.


Alfred de Musset Les roses de Saadi


J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;


Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes


Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.


Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées


Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.


Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;


La vague en a paru rouge et comme enflammée.


Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...


Respires-en sur moi l'odorant souvenir.


Marceline Desbordes-Valmore


A l'amour Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs,


Ces lettres qui font mon supplice,


Ce portrait qui fut ton complice ;


Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs.


Je te rends ce trésor funeste, Ce froid témoin de mon affreux ennui.


Ton souvenir brûlant, que je déteste,


Sera bientôt froid comme lui.


Oh ! Reprends tout.


Si ma main tremble encore,


C'est que j'ai cru te voir sous ces traits que j'abhorre.


Oui, j'ai cru rencontrer le regard d'un trompeur ;


Ce fantôme a troublé mon courage timide.


Ciel ! On peut donc mourir à l'aspect d'un perfide,


Si son ombre fait tant de peur !


Comme ces feux errants dont le reflet égare,


La flamme de ses yeux a passé devant moi ;


Je rougis d'oublier qu'enfin tout nous sépare ;


Mais je n'en rougis que pour toi.


Que mes froids sentiments s'expriment avec peine !


Amour... que je te hais de m'apprendre la haine !


Eloigne-toi, reprends ces trompeuses couleurs,


Ces lettres, qui font mon supplice,


Ce portrait, qui fut ton complice ;


Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs !


Cache au moins ma colère au cruel qui t'envoie,


Dis que j'ai tout brisé, sans larmes, sans efforts ;


En lui peignant mes douloureux transports,


Tu lui donnerais trop de joie.


Reprends aussi, reprends les écrits dangereux,


Où, cachant sous des fleurs son premier artifice,


Il voulut essayer sa cruauté novice


Sur un cœur simple et malheureux.


Quand tu voudras encore égarer l'innocence,


Quand tu voudras voir brûler et languir,


Quand tu voudras faire aimer et mourir,


N'emprunte pas d'autre éloquence.


L'art de séduire est là, comme il est dans son cœur !


Va ! Tu n'as plus besoin d'étude.


Sois léger par penchant, ingrat par habitude,


Donne la fièvre, amour, et garde ta froideur.


Ne change rien aux aveux pleins de charmes


Dont la magie entraîne au désespoir :


Tu peux de chaque mot calculer le pouvoir,


Et choisir ceux encore imprégnés de mes larmes...


Il n'ose me répondre, il s'envole... il est loin.


Puisse-t-il d'un ingrat éterniser l'absence !


Il faudrait par fierté sourire en sa présence :


J'aime mieux souffrir sans témoin.


Il ne reviendra plus, il sait que je l'abhorre ;


Je l'ai dit à l'amour, qui déjà s'est enfui.


S'il osait revenir, je le dirais encore :


Mais on approche, on parle... hélas !


Ce n'est pas lui !


Marceline Desbordes-Valmore Les Yeux d'Elsa


Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire


J'ai vu tous les soleils y venir se mirer


S'y jeter à mourir tous les désespérés


Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire


À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé


Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent


L'été taille la nue au tablier des anges


Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés


Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur


Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit


Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie


Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure


Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée


Sept glaives ont percé le prisme des couleurs


Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs


L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé


Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche


Par où se reproduit le miracle des Rois


Lorsque le cœur battant ils virent tous les trois


Le manteau de Marie accroché dans la crèche


Une bouche suffit au mois de Mai des mots


Pour toutes les chansons et pour tous les hélas


Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres


Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux


L'enfant accaparé par les belles images


Écarquille les siens moins démesurément


Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens


On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages


Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où


Des insectes défont leurs amours violentes


Je suis pris au filet des étoiles filantes


Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août


J'ai retiré ce radium de la pechblende


Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu


Ô paradis cent fois retrouvé reperdu


Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes


Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa


Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent


Moi je voyais briller au-dessus de la mer


Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa


Louis Aragon Sensation


Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,


Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,


Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.


Je laisserai le vent baigner ma tête nue.


Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :


Mais l'amour infini me montera dans l'âme,


Et j'irais loin, bien loin, comme un bohémien,


Par la nature, heureux comme avec une femme.


Arthur Rimbaud


Amour Amour, je prends congé de ta menteuse école,


Où j'ay perdu l'esprit, la raison et le sens,


Où je me suis trompé, où j'ay gasté mes ans,


Où j'ay mal employé ma jeunesse trop folle,


Malheureux qui se fie en un enfant qui vole,


Qui a l'esprit soudain, les effets inconstants,


Qui moissonne nos fleurs avant nostre printans,


Qui nous paist de créance et d'un songe frivole.


Jeunesse l'allaicta, le sang chaud le nourrit,


Cuider l'ensorcela, Paresse le pourrit


Entre les voluptés vaines comme fumées.


Cassandre me ravit,


Marie me tint pris,


Ja grison à la Cour, d'une autre je m'espris,


L'ardeur d'Amour ressemble aux pailles allumées.


Pierre de Ronsard




5 commentaires pour ce devoir


Anonyme
Posté le 19 févr. 2011
je ne sais pas si tu as fait du copie/collé... mais tu nous donnes de quoi lire !

d'une manière générale, sont réputés pour le style amoureux, c'est Ronsard, Aragon, Rimbaud, Prévert, Verlaine.

Mais je trouve que tous ceux que tu as sélectionnés sont bien dans ton sujet. Bonne soirée
Anonyme
Posté le 19 févr. 2011
ok!!!!!!!!! bon je dirais que tout tes poeme sont sauf quelques un
le dernier
Amour

Amour, je prends congé de ta menteuse école,
Où j'ay perdu l'esprit, la raison et le sens,
Où je me suis trompé, où j'ay gasté mes ans,
Où j'ay mal employé ma jeunesse trop folle,
Malheureux qui se fie en un enfant qui vole,
Qui a l'esprit soudain, les effets inconstants,
Qui moissonne nos fleurs avant nostre printans,
Qui nous paist de créance et d'un songe frivole.
Jeunesse l'allaicta, le sang chaud le nourrit,
Cuider l'ensorcela, Paresse le pourrit
Entre les voluptés vaines comme fumées.
Cassandre me ravit, Marie me tint pris,
Ja grison à la Cour, d'une autre je m'espris,
L'ardeur d'Amour ressemble aux pailles allumées.
Pierre de Ronsard
2eme
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irais loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud
3eme




Anonyme
Posté le 19 févr. 2011
Merci sa m'adie deja mais je doi encor en enlever j'ai pas le droit d'en mettre plus de 15
Anonyme
Posté le 19 févr. 2011
Alors il y a les poèmes intitulés: "plaintive tourterelle", "il pleure dans mon coeur" et "les roses de Saadi" , que tu pourrais enlever de ta liste, après à toi de voir, en lisant les poèmes sur l'ordi ça ne paraît pas très clair, donc à toi de voir ^^

En espérant avoir pu t'aider !!
Anonyme
Posté le 13 avr. 2016

Je pense que le poème de Paul Eluard L'amoureuse est bien aussi pour ton thème.


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