Histoire des Arts: Primo Levi - Musique à Auschwitz.

Publié le 23 avr. 2015 il y a 9A par Anonyme - Fin › 26 avr. 2015 dans 9A
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Et pour la première fois que je suis au camp, la cloche du réveil me surprend dans un sommeil profond, et c’est un peu comme si je sortais du néant. Au moment de la distribution du pain, on entend au loin, dans le petit matin obscur, la fanfare qui commence à jouer : ce sont nos camarades de baraque qui partent travailler au pas militaire.
Du K.B. on n’entend pas très bien la musique : sur le fond sonore de la grosse caisse et des cymbales qui produisent un martèlement continu et monotone, les phrases musicales se détachent par intervalles, au gré du vent. De nos lits, nous nous entre-regardons, pénétrés du caractère infernal de cette musique.
Une douzaine de motifs seulement, qui se répètent tous les jours, matin et soir : des marches et des chansons populaires chères aux coeurs allemands. Elles sont gravées dans notre esprit et seront bien la dernière chose du lager que nous oublierons ; car elles sont la voix du lager, l’expression sensible de sa folie géométrique, de la détermination avec laquelle des hommes entreprirent de nous anéantir, de nous détruire en tant qu’homme avant de nous faire mourir lentement.
Quand cette musique éclate, nous savons que nos camarades, dehors dans le brouillard, se mettent en marche comme des automates ; leurs âmes sont mortes, et c’est la musique qui les pousse en avant comme le vent les feuilles sèches, et leur tient lieu de volonté. Car, ils n’ont plus de volonté : chaque pulsation est un pas, une contraction automatique de leurs muscles inertes. Voilà ce qu’ont fait les Allemands. Ils sont dix mille hommes, et ils ne forment plus qu’une même machine grise ; ils sont exactement déterminés ; ils ne pensent pas, ils ne veulent pas, ils marchent.
Jamais les SS n’ont manqué l’une de ces parades d’entrée et de sortie. Qui pourrait leur refuser le droit d’assister à la chorégraphie qu’ils ont eux-mêmes élaborée, à la danse de ces hommes morts qui laissent, équipe par équipe, le brouillard pour le brouillard ? Qu’elle preuve plus tangible de leur victoire ?
Ceux du KB connaissent bien eux aussi ces départs et ces retours, l’hypnose du rythme continu qui annihile la pensée et endort la douleur ; ils en ont fait l’expérience, ils la feront encore. Mais il fallait échapper au maléfice, il fallait entendre la musique de l’extérieur, comme nous l’entendions au KB, comme nous l’entendons aujourd’hui dans le souvenir, maintenant que nous sommes à nouveau libre et revenus à la vie ; il fallait l’entendre sans y obéir, sans la subir, pour comprendre ce qu’elle représentait, pour quelles raisons préméditées les Allemands avaient instauré ce rite monstrueux, et pourquoi aujourd’hui encore, quand une de ces innocentes chansonnettes nous revient en mémoire, nous sentons notre sang se glacer dans nos veines et nous prenons conscience qu’être revenus d’Auschwitz tient du miracle.
Primo Levi in Si c’est un homme

 

J'ai choisi ce sujet comme sujet d'histoire des arts, il faut donc une biographie (que j'ai déjà faite), une analyse de texte et le contexte historique. Il me manque donc le contexte historique et l'analyse.

 

Où j'en suis dans mon devoir

J'ai déjà un peu commencé mais je suis un peu coincée... 

J'ai déjà cela:

Dans cet extrait, Primo Levi relate un moment important de sa vie : Une hospitalisation à l'intérieur du camp pendant sa déportation. La valeur de son témoignage est fondée sur les sensations dont la monstruosité l'a marqué à vie : Le sens de l'ouie est très utilisé ("le fond sonore", "on entend"...) 

Les déportés sont ici comparés à des machines ("chaque pulsation est un pas, une contraction automatique de leurs muscles inertes", "une même machine grise","comme des automates") ils sont considérés comme les mêmes personnes, ils ont perdu leur identité, Primo Levi dénonce et témoigne de la déshumanisation.

 

 

 




3 commentaires pour ce devoir


Anonyme
Posté le 23 avr. 2015

Pour le contexte historique, il t'est donné dans le texte puisqu'il en est le thème. A toi d'en expliquer le sens (lieu, année, qui en sont les acteurs principaux, etc)

Je trouve que ton début d'analyse n'est pas mauvais. Tu pourrais peut-être essayer de creuser un peu ce que tu as trouvé : comment les déportés en sont-ils arrivés là ? Pourquoi ? A cause de qui ? Tu peux aussi parler de la mort qui est beaucoup évoquée dans le texte. Tu peux d'ailleurs faire un lien avec le fait que les déportés soient considérés comme des machines (une machine ça n'a pas de conscience, pas de vie). Ensuite, pourquoi le sens de l'ouïe est-il autant utilisé ? Il faut rappeler que l'extrait se base sur une musique.

Enfin, il faut que tu expliques ce que signifie cette musique. A la fin de l'extrait, l'auteur peut sembler énigmatique : il ne nomme pas le rôle de cette musique. Il faut que tu l'expliques pour montrer que tu as compris l'extrait.

Anonyme
Posté le 23 avr. 2015

Wow ! Merci, je vais y réfléchir un peu. Mais maintenant que j'ai la base, je pense que ça ira ! Encore merci ! 

Anonyme
Posté le 23 avr. 2015

Je crois avoir fini, c'est mieux ?

Dans cet extrait, Primo Levi relate un moment important de sa vie : une hospitalisation à l'intérieur du camp pendant sa déportation. La valeur de son témoignage est fondée sur les sensations dont la monstruosité  l'a marquée à vie : Le sens de l'ouie est très utilisé

"Le fond sonore", "On entend"...

car l'auteur, du fait qu'il soit au "KB", ne voit pas ce qu'il se passe à l'extérieur, il n'entend que cette musique et les pas rythmés des détenus. Cela nous permet de voir les faits sous un autre angle.

Les détenus sont, ici, comparés à des machines

"chaque pulsation est un pas, une contraction automatique de leurs muscles inertes", "une même machine grise","comme des automates"...

ils sont considérés comme les mêmes personnes, sans identité et sans vie : Perte d'identité.

Cette musique représente, pour l'auteur, ce camp, ce que les autres ont pu vivre quand, lui, était au "KB". Quand il entend cette même musique, son sang se glace. Pour lui c'est un miracle qu'il en soit sortit vivant, Pourquoi lui ? Pourquoi pas un autre? C'est pour cela que cette musique est tant insupportable, angoissante pour Primo Levi, de savoir que les autre dehors sont peut-être mort, qu'ils ont souffert plus que lui. Il témoigne et dénonce la déhumanisation que subissaient tous les déportés du camp.


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