L'art est-il fait pour délivrer un message ? Votre avis sur ma dissertation.

Publié le 4 mai 2016 il y a 7A par Anonyme - Fin › 14 mai 2016 dans 7A
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Sujet du devoir

Bonjour à tous.

Donc voilà, la question de mon DM est celle de mon titre, à savoir "l'art est-il fait pour délivrer un message" ?

Voici ma dissertation :

 

"Nous avons tous été confrontés à un examen de littérature, qui nous imposait de faire un commentaire expliqué sur une œuvre. Analyser les poèmes de Baudelaire ou de Verlaine est un exercice commun pour chaque lycéen, peu importe sa série. Mais ce fait ne suggère-t-il pas une évidence ? Expliquer suggère qu'il faut un sens, sinon le fait même d'expliquer deviendrait inutile ou alors futile. Pourtant, l'histoire nous apprend aussi que l'art est un monde sur lequel il faut réfléchir autrement. Quel est son but, sa raison d'exister, sa finalité ? Les grands courants artistiques n'ont pas forcément de message. De plus, l'art est une pratique qui peut évoquer quelque chose à quelqu'un, ou son exact opposé à la personne d'en face. Il serait donc réducteur de rattacher l'art à la seule finalité de délivrer un message. C'est là toute la question de l'art. Quand on parle d'art, nous sommes obligés d'aborder la question du sens dans une œuvre d'art et donc du message. Pour tenter de savoir si l'art est fait pour délivrer un message, il faudra d'abord parler dans une première partie que le message transmis par l'Artiste n'est pas la raison d'exister de l'Art avant de constater que l'Artiste, auteur du message, est celui qui façonne l'Art et qui s'exprime au travers.

 


Lorsque nous regardons une œuvre d'art, le premier réflexe est de constater si l'objet de notre critique, de notre jugement, nous plaît, c'est-à-dire si on le trouve beau ou intéressant. Regardez un poème de Victor Hugo et vous serez subjugué par la beauté des vers, par l'harmonie des rimes, par la sonorité des allitérations et des assonances ; regardez un tableau de Léonard de Vinci, et vous contemplerez peut-être la perfection peinte. En est-il de même lorsque nous regardons des œuvres qui ont pour origine le message de leur auteur ? Bien sûr, on ne peut nier que processus artistique, « l'art pour l'art » et la conception d'un message de l'artiste est possible, et même tout à fait concevable si on regarde la qualité des poèmes tels que celui de Paul Éluard, comme Liberté. Pour autant, s'il est possible d'expliquer, de chercher à comprendre, de sans cesse penser au message délivré par l'artiste, une œuvre d'art n'attire l'attention du spectateur que sur le message et non sur la qualité technique. En fait, il paraît évident qu'un message ne devient qu'une continuité du processus artistique, et il deviendrait facile de constater que l'objectif recherché par les artistes en premier lieu est la réception par son public. Mais quelle est la première chose qui fascine les sociétés, tant occidentales qu'orientales ? La qualité technique de l’œuvre, et au-delà de la maîtrise apparente de l'artiste des procédés de création, ce sont l'Harmonie, la Perfection, l'Ordre, qui impressionnent ; et ce sont-là les composantes principales de ce qui se rapproche le plus du Beau, qui deviendrait donc la raison d'être de l'Art et donc son origine. Parce que c'est le Beau, et donc ce qui touche l'âme du public, de l'âme qui observe la beauté de l'objet de sa critique, qui sera vu en premier, en dépit des intentions de l'artiste lui-même.

 

De plus, l’œuvre d'art, et donc l'Art en général, a deux vies : l'une, dans les mains de l'Artiste, son créateur, c'est-à-dire celui qui va le façonner grâce au progrès technique, et le public, qui va recevoir l’œuvre et construire une nouvelle réalité de cette œuvre selon leur imagination. Si un public peut penser d'une œuvre qu'elle respecte l'idéal de Beauté, un autre, peut-être plus instruit, peut-être moins, pourrait critiquer l'art et la technique de cette même œuvre. Prenons, par exemple, une œuvre que l'on nommera « A » traitant d'une bataille durant le Moyen-Âge, qui serait présentée dans une exposition. Comment se fait-il qu'un individu puisse apprécier la beauté des courbes du cheval se cabrant au milieu du tableau alors que l'individu à sa droite, passant par là, n'observera qu'une vulgaire scène de bataille médiévale ? Comment est-il possible que deux individus puissent s'opposer sur une œuvre née d'une technique particulière, alors que le deuxième individu pourrait s'extasier devant une œuvre « B » du même artiste et présentant la même particularité technique, œuvre qui déplairait au premier individu ? Cela montre donc deux choses : d'une part, l'avis du public diffère selon sa sensibilité et ses expériences personnelles. Et d'autre part, cela soulève une question non négligeable : si un même courant artistique – c'est-à-dire une suite d’œuvres présentant une particularité technique commune – peut autant diviser les hommes, pourquoi en serait-il autrement pour les messages ? Il faudrait rappeler que le but du message est de transmettre une idée d'un individu à un autre individu, de faire entendre des mots, des concepts, des pensées. Il s'agit de rassembler aussi tout un groupe de personnes pensant comme nous, il s'agit surtout de les faire réagir à nos propos et à la manière dont on les traite... Alors pourquoi l'Art divise-t-il autant le public ? Il semblerait que la réponse se trouve au cœur même de la question : la raison pour laquelle l'Art peut diviser est le public lui-même. Chacun possède sa sensibilité, ses idées, ses valeurs, ses normes, chacun a son avis sur une question. Et c'est pourquoi le message devient donc un contre-exemple de ce qu'est « l'art pour l'art », parce qu'il peut donc détourner l'Art de son but initial. Si le message est mauvais, l'Art ne recherche plus le Beau, mais aurait comme autre finalité le désordre et le chaos ; si un premier individu voit dans une œuvre d'Art l'ode à la liberté, d'autres pourraient très bien constater une volonté de promouvoir l'anarchie. Kant, éminent philosophe allemand du siècle des Lumières, aurait donc raison lorsqu'il dit qu'il nous est impossible de juger l'Art dans son entièreté. Les messages, à ce moment-là, rendraient l'Art tout à fait ambigu.

 

En plus de le rendre ambigu, le message peut emprisonner l'Art, volontairement ou non ; l'emprisonner revenant à lui donner une nature complètement différente de celle qui était attribuée au départ. Si l'Art est créé uniquement pour faire passer un message, une idée, cela reviendrait à dénaturer cet Art en le dépossédant de son indépendance. En effet, cela pourrait amener de nombreuses personnes à juger l'Art uniquement par rapport à un contexte, un lieu, une idée reçue et non pour ses vraies qualités techniques et pour sa vraie beauté. Puisque le processus de création de l'art équivaut, d'une certaine manière, à la conquête de la perfection et de la Beauté, intégrer à la conception d'une œuvre un message différent de cette beauté et de l'harmonie pourrait dénaturer l'Art tel que le conçoivent les intellectuels comme Théophile Gautier, ce dernier reconnaissant que l'Art se suffit à lui-même ; y rechercher un autre but, pour lui, ôterait le statut d'Art à n'importe quelle œuvre. Un message, une idée, un concept, derrière la technique artistique, n'aurait donc selon lui aucune valeur. De même, Edgar Allan Poe, un brillant poète, écrivait pour l'amour de la poésie et ne voyait aucune utilité à rendre clair un message précis et utile, car pour lui, le véritable artiste est celui qui crée l'art pour aucune raison particulière sinon l'amour de ce qu'il crée. L'art n'est fait que pour être Art, et donc, une œuvre d'art perdrait automatiquement son statut s'il fallait la reconsidérer non plus comme œuvre d'art mais bien comme objet d'une pensée.

 

Pourtant, si d'un côté, il semble légitime de penser que la raison d'exister d'un art se suffit à lui-même, c'est-à-dire que l'art est une raison suffisante pour s'exprimer, il ne faut pas oublier que l'art, de par sa nature, est une terre d'expression dont l'artiste est le forgeron, le maître incontesté. Comme le dit Théophile Gautier, l'art est peu utile, et il semblerait donc que ses fondations soient faibles, peut-être fragilisées par le simple fait que d'admettre la création de l'art dans le but de le faire uniquement exister soit un peu faible, voire peu légitime. Quelle fierté peut en tirer un artiste s'il n'est pas utile ? C'est tout du moins ce que semblent dire Platon et Aristote qui comparent les artistes à des charlatans, à des illusionnistes. L’art, pour montrer le Beau, voit donc ses raisons d'exister s'effondrer comme un simple château de cartes. Selon Platon, il semble évident que le plus utile entre un charpentier et un peintre sera le premier. Pour autant, les historiens affirmeront le contraire, puisqu'ils sont le symbole d'une civilisation entière au travers de leurs œuvres. Platon ne s'égarerait-il donc pas en affirmant que l'illusionnisme de l'Art est vain ? Et Théophile Gautier, lui, ne se tromperait-il pas en affirmant que l'Art n'a aucun message, aucune utilité ? Pour le premier, la Beauté est vaine, mais reste un message d'harmonie et de perfection. Et puisque cette vision peut changer au cours des époques, le Beau dans l'Art devient donc un message en soi. Ce qui nous amène à penser que Théophile Gautier a faux en estimant que l'utilité de l'art dénature l'art. Il devient plus clair et plus juste de penser à raison que la Beauté de l'art est en elle-même un message primaire et nécessaire. Par conséquent, la recherche du Beau dans l'art est une évidence et donc, seule, deviendrait vaine et peu intéressante, même si l'on pourrait éventuellement reconsidérer l'utilité de la recherche de la perfection technique et artistique.

 

D'ailleurs, même si cela paraît tellement évident qu'on peut même l'oublier, il est nécessaire qu'une œuvre d'art soit pourvue d'un sens et surtout d'une profondeur. Une œuvre qui ne paraît pas profonde, indépendamment de sa qualité, ne marquera pas les esprits. Une œuvre sans profondeur est une œuvre qui paraît plate, inachevée, et elle perd donc de sa qualité. Hors, le message que l'art peut délivrer est en partie une solution à ce problème. Le message transmis dans l'art est utile et nécessaire pour toucher la sensibilité et la conscience du public. L'art semble alors lié au message que les artistes veulent transmettre, car sans l'art, il est peu aisé de marquer durablement les esprits et de faire passer un message efficacement, tandis que le message peut aider dans une certaine mesure l'art à se développer et à s'affirmer, puisque la première relation entre l'art et l'Homme vient de l'émotion et des idées qui germent de ces dernières.

 

Enfin, la conception naturelle de l'art en fait un lieu, un monde, où l'expression se doit d'être libre et sans contrainte. Au-delà de tous les concepts de Beauté et d'utilité, on peut éclaircir la troisième finalité, et non des moindres, de l'art, à savoir la Liberté. Lors des guerres, qu'est-ce qui permettait aux artistes de se sentir libre là où la tyrannie régnait partout ? Qu'est-ce qui fait de Guernica, une œuvre tellement appréciée et tellement marquante, qu'est-ce qui différencie cette peinture d'un chef-d’œuvre d'Eugène Delacroix ou d'Otto Dix ? C'est le message et ce sont les intentions de l'auteur, de l'artiste, de l'homme derrière le pinceau, qui change. C'est la volonté de faire passer un message qui rend l'Art si précieux et si utile, autant à nos sociétés actuelles qu'à nos sociétés passées. En effet, la Liberté, cette capacité – qui est aussi un droit – à décider de notre existence, cette capacité à diriger ce qui nous anime et à faire ce que l'on souhaite dans les mesures du possible, est un pilier fondamental de l'art. Bien qu'il ne soit pas destiné à la propagande et à l'abus, le principe de l'expression reste de s'exprimer, et donc faire passer des idées, peu importe que ce soit avec un poème, une peinture, une sculpture ou une musique. L'art a pour principe d'être Libre, c'est-à-dire de pouvoir servir à quiconque veut s'en servir, peu importe la raison. Et parlons de l'Artiste : l'Artiste est un homme qui se sert de l'Art comme voix, quand bien même il n'aurait pas les moyens de s'exprimer autrement. L'Artiste est un homme, qui se soumet de lui-même à son public, mais il ne faut pas oublier un détail : l'artiste est maître de son œuvre et de ce qu'il veut exprimer. Si on doit soumettre un Art à un jugement, à une multitude de jugements, et si l'artiste doit abandonner son art et son expression pour se conformer à des normes, tout autant techniques que morales et sociétaires, une question devient essentielle dans la place du message dans l'art : n'est-ce pas à ce moment là, priver tout un monde de libertés, dont la liberté fondamentale de s'exprimer ? Or, puisque la liberté fondamentale de s'exprimer est aussi le pilier principal de l'Art, l'expression et la diffusion de messages semble une part indéniable de ce même art.

 


L'art est un monde à part. Et c'est pourquoi, pour répondre à cette question, on pourrait s'attendre à voir se diviser les avis, parce que si dans un premier temps on peut admettre que l'art, ce monde façonné par l'imagination et la sensibilité de chaque individu, cherche le Beau et pourrait voir l'insertion de messages, que l'on peut détourner ou tout simplement qui pourraient desservir les œuvres voire la volonté de l'Artiste. Pourtant, d'un autre côté, les fondements même de l'art prouvent la nécessité de la cohabitation entre idées, expression et art, car il n'existe rien de plus ennuyeux qu'une œuvre d'art sans profondeur et sans aura qui saurait charmer son public, et rien de plus libre que l'art lui-même."

Où j'en suis dans mon devoir

J'ai terminé mon devoir mais je souhaiterais avoir des commentaires assez pertinents sur ma façon d'écrire et surtout sur l'organisation des idées que je mets en lumière, la qualité de l'argumentation ainsi que celle de l'introduction (qui est à mon goût un peu faible bien que faisant 200 mots.).

Comme vous avez pu le constater, j'ai fait un plan en 2 parties :

I - Le message ne doit pas être la raison d'être principale de l'art

A - La première approche de l'Art, « pour l'art », est la Beauté, et non le message. (le message détourne l’œuvre d'art : l'art « pour l'art » aurait donc pour réel but la Beauté

B -  Le message peut desservir « l'art pour l'art » (utilisé de mauvaise manière, interprétations différentes de l'interprétation de l'Artiste lui-même...)

C - Un Art créé uniquement pour faire passer un message reviendrait à rendre dépendant l'Art d'un contexte, d'une idée, et donc le dénaturerait.

II - Pour autant, l'Art et l'expression d'un message ne peuvent vraiment être détachées.

A - L'art juste pour faire beau est un peu « vain », peu utile, d'autant que le Beau est déjà un message

B - Il n'y a rien de plus ennuyant qu'une œuvre sans profondeur

C - L'Art, par sa simple conception, devrait laisser libre l'Artiste de pouvoir faire ce qu'il veut. Hors, si des normes et des jugements lui imposent de créer quelque chose, il n'est plus artiste mais devient ouvrier.

 

Qu'en pensez-vous ?




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