1ere stmg devoir français

Publié le 7 déc. 2015 il y a 8A par Anonyme - Fin › 10 déc. 2015 dans 8A
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Sujet du devoir

Objet d’étude : L’argumentation

questions:

Pourquoi peut-on dire, après la lecture des textes A, B et C, que la guerre fait perdre à l’homme une
partie de son humanité ? Vous répondrez à cette question en mettant en valeur les procédés utilisés
par ces auteurs .
2 Quels sentiments les auteurs de ces quatre documents cherchent-ils à provoquer chez le lecteur ou
l’observateur à propos de la guerre ?
3 Par quels procédés Jacques Tardi dénonce-t-il la guerre ?


Corpus de textes :
Texte A : Henri Barbusse, Le Feu (1916)
Texte B : Erich Maria Remarque, À l’ouest rien de nouveau (1929)
Texte C : René Char, Feuillets d’Hypnos, Fragment « 128 »
Document D : Jacques Tardi, illustration pour Voyage au bout de la nuit (1988)

Texte A : Henri Barbusse, Le Feu (1916):
Henri Barbusse (1873-1935) a participé à la première guerre mondiale. Blessé sur le front, il écrit Le Feu lors
de sa convalescence. Ce passage est situé à la fin du roman, dans le chapitre 24. Le narrateur s’éveille d’une
nuit où il n’a cessé de pleuvoir. Il découvre alors que tout autour de lui est inondé. Les hommes sont couverts
de boue, certains sont noyés, « il n’y a plus de tranchées ». Les obus et l’inondation ont totalement déformé
le paysage.
C’est maintenant un surnaturel champ de repos. Le terrain est partout taché d’êtres qui dorment, ou qui,
s’agitant doucement, levant un bras, levant la tête, se mettent à revivre, ou sont en train de mourir.
La tranchée ennemie achève de sombrer en elle-même dans le fond de grands vallonnements et d’entonnoirs1
marécageux, hérissés de boue, et elle y forme une ligne de flaques et de puits. On en voit, par
places, remuer, se morceler et descendre les bords qui surplombaient encore. À un endroit, on peut se
pencher sur elle.

Dans ce cycle vertigineux de fange, pas de corps. Mais là, pire qu’un corps, un bras, seul, nu et pâle
comme la pierre, sort d’un trou qui se dessine confusément dans la paroi à travers l’eau. L’homme a été
enterré dans son abri et n’a eu que le temps de faire jaillir son bras.
De tout près, on remarque que des amas de terre alignés sur les restes des remparts de ce gouffre étranglé
sont des êtres. Sont-ils morts, dorment-ils ? On ne sait pas. En tout cas, ils reposent.
Sont-ils Allemands ou Français ? On ne sait pas.
L’un d’eux a ouvert les yeux et nous regarde en balançant la tête. On lui dit :
- Français ?
Puis :
- Deutsch ?
Il ne répond pas, il referme les yeux et retourne à l’anéantissement. On n’a jamais su qui c’était.
On ne peut déterminer l’identité de ces créatures : ni à leur vêtement couvert d’une épaisseur de fange ;
ni à la coiffure : ils sont nu-tête ou emmaillotés de laine sous leur cagoule fluide et fétide ; ni aux armes :
ils n’ont pas leur fusil, ou bien leurs mains glissent sur une chose qu’ils ont traînée, masse informe et
gluante, semblable à une espèce de poisson.
Tous ces hommes à face cadavérique, qui sont devant nous et derrière nous, au bout de leurs forces, vides
de paroles comme de volonté, tous ces hommes chargés de terre, et qui portent, pourrait-on dire, leur
ensevelissement, se ressemblent comme s’ils étaient nus. De cette nuit épouvantable il sort d’un côté ou
d’un autre quelques revenants revêtus exactement du même uniforme de misère et d’ordure.
C’est la fin de tout.


Texte B : Erich Maria Remarque, À l’ouest rien de nouveau (1929)
Erich Maria Remarque est un écrivain allemand (1898-1970). Il a lui-même participé à la première  guerre mondiale.

Son roman, écrit à la première personne, À l’ouest rien de nouveau, paru en 1929, est largement
inspiré de sa propre expérience. Dans ce passage, le narrateur, Paul Baümer, jeune soldat allemand, s’égare
dans les bois à l’arrière du front. Il se réfugie dans un trou d’obus, lorsqu’une fusillade se déclenche entre
Français et Allemands, juste au-dessus de lui. À ce moment-là, un Français roule lourdement dans son abri.
Paul l’attaque et lui donne trois coups de poignard. L’homme s’effondre et agonise pendant des heures auprès
de Paul qui essaie, tant bien que mal, de soulager ses dernières souffrances. Le jeune homme est tenaillé par
le remords d’avoir tué ce soldat au corps à corps et de l’entendre gémir et souffrir pendant des heures qui lui
paraissent interminables.
À trois heures de l’après-midi, il est mort. Je respire mais pour peu de temps. Le silence me paraît
bientôt plus pénible à supporter que les gémissements. Je voudrais encore entendre son râle saccadé,
rauque, parfois sifflant doucement et puis de nouveau rauque et bruyant.
Ce que je fais n’a pas de sens. Mais il faut que j’aie une occupation. Ainsi, je déplace encore une fois le
mort pour qu’il soit étendu commodément. Je lui ferme les yeux. Ils sont bruns ; ses cheveux sont noirs,
un peu bouclés sur les côtés. (…)
Mon état empire toujours ; je ne puis contenir mes pensées (…) Certainement le mort aurait pu vivre
encore trente ans, si j’avais mieux retenu mon chemin. (…)
Le silence se prolonge. Je parle, il faut que je parle. C’est pourquoi, je m’adresse à lui en lui disant :
« Camarade, je ne voulais pas te tuer. Si, encore une fois, tu sautais dans ce trou, je ne le ferais plus, à
condition que tu sois aussi raisonnable. Mais d’abord, tu n’as été pour moi qu’une idée, une combinaison
née dans mon cerveau et qui a suscité une résolution ; c’est cette combinaison que j’ai poignardée. À
présent, je m’aperçois pour la première fois que tu es un homme comme moi. J’ai pensé à tes grenades,
à ta baïonnette et à tes armes ; maintenant c’est ta femme que je vois, ainsi que ton visage et ce qu’il y a
en nous de commun. Pardonne-moi camarade. Nous voyons les choses toujours trop tard. Pourquoi ne
nous dit-on pas sans cesse que vous êtes de pauvres chiens comme nous, que vos mères se tourmentent
comme les nôtres et que nous avons tous la même peur de la mort, la même façon de mourir et les
mêmes souffrances ? Pardonne-moi camarade, comment as-tu pu être mon ennemi ? Si nous jetions ces
armes et cet uniforme, tu pourrais être mon frère, tout comme Kat et Albert2. Prends vingt ans de ma vie,
camarade et lève-toi… Prends-en davantage, car je ne sais pas ce que, désormais, j’en ferai encore ». (…)

Tant que j’ignore son nom, je pourrai peut-être encore l’oublier ; le temps effacera cette image. Mais son
nom est un clou qui s’enfoncera en moi et que je ne pourrai plus arracher. Il a cette force de tout rappeler,
en tout temps ; cette scène pourra toujours se reproduire et se présenter devant moi. Sans savoir
que faire, je tiens dans ma main le portefeuille. Il m’échappe et s’ouvre. Il en tombe des portraits et des
lettres. Je les ramasse pour les remettre en place ; mais la dépression que je subis, toute cette situation
incertaine, la faim, le danger, ces heures passées avec le mort ont fait de moi un désespéré. (…) Ce mort
est lié à ma vie ; c’est pourquoi je dois tout faire et tout promettre, pour me sauver ; je jure aveuglément
que je ne veux exister que pour lui et pour sa famille. Les lèvres humides, c’est à lui que je m’adresse et,
ce faisant, au plus profond de moi-même réside l’espoir de me racheter par là et peut-être ici encore d’en
réchapper, avec aussi cette petite ruse qu’il sera toujours temps de revenir sur ces serments. J’ouvre le
livret et je lis lentement : « Gérard Duval, typographe. »
J’inscris avec le crayon du mort l’adresse sur une enveloppe et puis, soudain, je m’empresse de remettre
le tout dans sa veste.
J’ai tué le typographe Gérard Duval. Il faut que je devienne typographe, pensé-je tout bouleversé, que je
devienne typographe, typographe…

Texte C : René Char, Feuillets d’Hypnos, Fragment « 128 » (1946)


René char (1907-1988) est un poète français résistant. Il fait paraître son recueil de poèmes Feuillets d’Hypnos
en 1946. Un grand nombre de ces courts poèmes en prose évoquent, comme celui-ci, les actions des
résistants.
Le boulanger n’avait pas encore dégrafé les rideaux de fer de sa boutique que déjà le village était assiégé,
bâillonné, hypnotisé, mis dans l’impossibilité de bouger. Deux compagnies de S.S. et un détachement
de miliciens le tenaient sous la gueule de leurs mitrailleuses et de leurs mortiers. Alors commença
l’épreuve.
Les habitants furent jetés hors des maisons et sommés de se rassembler sur la place centrale. Les clés
sur les portes. Un vieux, dur d’oreille, qui ne tenait pas compte assez vite de l’ordre, vit les quatre murs et
le toit de sa grange voler en morceaux sous l’effet d’une bombe. Depuis quatre heures j’étais éveillé. Marcelle
était venue à mon volet me chuchoter l’alerte. J’avais reconnu immédiatement l’inutilité d’essayer
de franchir le cordon de surveillance et de gagner la campagne.
Je changeai rapidement de logis. La maison inhabitée où je me réfugiai autorisait, à toute extrémité, une
résistance armée efficace. Je pouvais suivre de la fenêtre, derrière les rideaux jaunis, les allées et venues
nerveuses des occupants. Pas un des miens n’était présent au village. Cette pensée me rassura. À quelques
kilomètres de là, ils suivraient mes consignes et resteraient tapis. Des coups me parvenaient, ponctués
d’injures. Les S.S. avaient surpris un jeune maçon qui revenait de relever des collets. Sa frayeur le désigna
à leurs tortures. Une voix se penchait hurlante sur le corps tuméfié : « Où est-il ? Conduis-nous », suivie de
silence. Et coups de pied et coups de crosse de pleuvoir. Une rage insensée s’empara de moi, chassa mon
angoisse. Mes mains communiquaient à mon arme leur sueur crispée, exaltaient sa puissance contenue.
Je calculais que le malheureux se tairait encore cinq minutes, puis, fatalement, il parlerait. J’eus honte de
souhaiter sa mort avant cette échéance. Alors apparut jaillissant de chaque rue la marée des femmes, des
enfants, des vieillards, se rendant au lieu de rassemblement, suivant un plan concerté. Ils se hâtaient sans
hâte, ruisselant littéralement sur les S.S., les paralysant « en toute bonne foi ». Le maçon fut laissé pour
mort. Furieuse, la patrouille se fraya un chemin à travers la foule et porta ses pas plus loin. Avec une prudence
infinie, maintenant des yeux anxieux et bons regardaient dans ma direction, passaient comme un jet
de lampe sur ma fenêtre. Je me découvris à moitié et un sourire se détacha de ma pâleur. Je tenais à ces
êtres par mille fils confiants dont pas un ne devait se rompre.
J’ai aimé farouchement mes semblables cette journée-là, bien au-delà du sacrifice.

Merci a ceux qui auront la gentillesse de m'aider :)




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