Corpus : Le roman et ses personnages. Vision de l'homme et du monde

Publié le 26 avr. 2018 il y a 6A par Anonyme - Fin › 29 avr. 2018 dans 5A
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Sujet du devoir

Texte 1
Perceval vient en aide à une damoiselle, son château est menacé par un chevalier cruel :
Aguingueron.
Perceval demande ses armes. On l’habille, on le fait monter à cheval, la porte s’ouvre. Il
sort sous les clameurs des habitants, priant pour sa réussite. Les assiégeants le voient venir et
le montrent à Aguingueron assis devant sa tente.
- Valet ! Qui t’envoie ici ? Viens-tu quérir la paix ou la bataille ? , clame, méprisant,
Aguingueron.
- Et toi d’abord, que fais-tu ici ? C’est à toi de répondre le premier, pourquoi as-tu tué les
chevaliers et ravagé la terre de cette damoiselle ? Je veux qu’aujourd’hui même on vide le
château et qu’on lui rende sa terre.
L’autre dans son orgueil lui répond :
- Au diable de telles paroles et celui qui les dit ! Il n’en ira pas comme tu crois. Je ne rendrai
rien et épouserai la damoiselle, de gré ou de force.
Perceval en a assez. Il abaisse sa lance et les deux adversaires se précipitent l’un sur l’autre
de toute la vitesse de leur cheval. Ils sont en colère, leurs bras sont robustes : les lances
volent en éclat. Malgré son bouclier, Aguingueron est blessé au bras et à l’épaule ; il sent une
douleur aigue et tombe de son cheval. Perceval, qui reste sur le sien, est embarrassé un
instant puis saute à terre, tire l’épée et fond sur son adversaire. Impossible de vous raconter
toutes les passes une par une mais la bataille fut longue et ardente. Enfin Aguingueron s’abat
sur le sol et Perceval se jette furieusement sur lui.
- Pitié, crie le chevalier, ne sois pas cruel épargne-moi. Je reconnais hautement que tu es un
bon chevalier et que tu as eu le dessus. Je parlerai à mes troupes qui partiront sur le champ et
tu pourras m’envoyer dire la victoire à un de tes amis, je m’en remettrai à ce qu’il décidera
pour moi.
- Je sais où tu iras, à ce château, tu diras à la belle que jamais plus en toute ta vie tu ne lui
nuiras et tu te mettras à sa merci.
- Mais c’est ma mort ! Elle me fera tuer : c’est son désir le plus cher. J’étais de ceux qui ont
tué son père.
- Alors tu iras en la prison du roi Arthur. Tu le salueras pour moi et tu diras à Keu que je
reviendrai venger la damoiselle qu’il frappa quand je suis passé.
Ce message-là, le vaincu est tout prêt à le délivrer. Il part, après avoir ordonné d’emporter
son étendard et de lever le siège. Tous s’en vont, il n’y reste ni blond, ni brun.
Perceval revient au château en héros, la damoiselle se jette dans ses bras.
Chrétien de Troyes Perceval le Gallois (rédigé vers 1175-1181)

 

Texte 2
Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes,
les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut
jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque
côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins
qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de
quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes.
Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette
boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit
le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts
et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était en cendres : c'était un village
abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés
de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs
mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de
quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d'autres, à demi brûlées, criaient qu'on achevât
de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de
j a m b e s c o u p é s .
Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des
héros abares l'avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres
palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques
petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais mademoiselle Cunégonde.
Voltaire, Candide (1759), chapitre troisième (extrait)

 

Texte 3
Fabrice del Dongo, jeune Milanais fasciné par l’empereur Napoléon, a décidé de suivre
l’armée impériale pour réaliser ses rêves de grandeur et d’aventures. Ici, il assiste au
désastre que fut la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815.
Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment. Toutefois la peur ne
venait chez lui qu'en seconde ligne ; il était surtout scandalisé de ce bruit qui lui faisait mal
aux oreilles. L'escorte prit le galop ; on traversait une grande pièce de terre labourée, située
au-delà du canal, et ce champ était jonché de cadavres.
– Les habits rouges ! les habits rouges ! criaient avec joie les hussards1
de l'escorte.
Et d'abord Fabrice ne comprenait pas ; enfin il remarqua qu'en effet presque tous les cadavres
étaient vêtus de rouge. Une circonstance lui donna un frisson d'horreur ; il remarqua que
beaucoup de ces malheureux habits rouges vivaient encore, ils criaient évidemment pour
demander du secours, et personne ne s'arrêtait pour leur en donner. Notre héros, fort humain,
se donnait toutes les peines du monde pour que son cheval ne mît les pieds sur aucun habit
rouge. L'escorte s'arrêta ; Fabrice, qui ne faisait pas assez d'attention à son devoir de soldat,
galopait toujours en regardant un malheureux blessé.
– Veux-tu bien t'arrêter, blanc-bec ! lui cria le maréchal des logis. Fabrice s'aperçut qu'il était
à vingt pas sur la droite en avant des généraux, et précisément du côté où ils regardaient avec
leurs lorgnettes2
. En revenant se ranger à la queue des autres hussards restés à quelques pas
en arrière, il vit le plus gros de ces généraux qui parlait à son voisin, général aussi, d'un air
d'autorité et presque de réprimande ; il jurait. Fabrice ne put retenir sa curiosité ; et, malgré le
conseil de ne point parler, à lui donné par son amie la geôlière3
, il arrangea une petite phrase
bien française, bien correcte, et dit à son voisin :
– Quel est-il ce général qui gourmande4
son voisin ?
– Pardi, c'est le maréchal !
– Quel maréchal ?
– Le maréchal Ney, bêta ! Ah çà ! où as-tu servi jusqu'ici ?
Fabrice, quoique fort susceptible, ne songea point à se fâcher de l'injure ; il contemplait,
perdu dans une admiration enfantine, ce fameux prince de la Moskova5
, le brave des braves.
Tout à coup on partit au grand galop. Quelques instants après, Fabrice vit, à vingt pas en
avant, une terre labourée qui était remuée d'une façon singulière. Le fond des sillons était
plein d'eau, et la terre fort humide, qui formait la crête de ces sillons, volait en petits
fragments noirs lancés à trois ou quatre pieds de haut. Fabrice remarqua en passant cet effet
singulier ; puis sa pensée se remit à songer à la gloire du maréchal. Il entendit un cri sec
auprès de lui : c'étaient deux hussards qui tombaient atteints par des boulets ; et, lorsqu'il les
regarda, ils étaient déjà à vingt pas de l'escorte. Ce qui lui sembla horrible, ce fut un cheval
tout sanglant qui se débattait sur la terre labourée, en engageant ses pieds dans ses propres
entrailles ; il voulait suivre les autres : le sang coulait dans la boue.
« Ah ! m'y voilà donc enfin au feu ! se dit-il. J'ai vu le feu ! se répétait-il avec satisfaction.
Me voici un vrai militaire. » A ce moment, l'escorte allait ventre à terre, et notre héros
comprit que c'étaient des boulets qui faisaient voler la terre de toutes parts. Il avait beau
regarder du côté d'où venaient les boulets, il voyait la fumée blanche de la batterie à une
distance énorme, et, au milieu du ronflement égal et continu produit par les coups de canon,
il lui semblait entendre des décharges beaucoup plus voisines ; il n'y comprenait rien du tout.
Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839

 

 

Texte 4
Mobilisé en 1914, Ferdinand, le héros du roman, se retrouve sur le front.
Donc pas d'erreur. Ce qu'on faisait à se tirer dessus, comme ça, sans même se voir, n'était pas
défendu! Cela faisait partie des choses qu'on peut faire sans mériter une bonne engueulade.
C'était même reconnu, encouragé sans doute par les gens sérieux, comme le tirage au sort,
les fiançailles, la chasse à courre!... Rien à dire. Je venais de découvrir d'un coup la guerre
tout entière. J'étais dépucelé. Faut être à peut près seul devant elle comme je l'étais à ce
moment-là pour bien la voir la vache, en face et de profil. On venait d'allumer la guerre entre
nous et ceux d'en face, et à présent ça brûlait! Comme le courant entre les deux charbons,
dans la lampe à arc. Et il n'était pas près de s'éteindre le charbon! On y passerait tous, le
colonel comme les autres, tout mariole qu'il semble être, et sa carne ne ferait pas plus de rôti
que la mienne quand le courant d'en face lui passerait entre les deux épaules.
Il y a bien de façons d'être condamné à mort. Ah! combien n'aurais-je pas donné à ce
moment-là pour être en prison au lieu d'être ici, moi crétin! Pour avoir, par exemple, quand il
en était temps encore. On ne pense à rien! De la prison, on en sort vivant, pas de la guerre.
Tout le reste, c'est des mots.
Si seulement j'avais encore eu le temps, mais je ne l'avais plus! Il n'y avait plus rien à
voler! Comme il ferait bon dans une petite prison pépère, que je me disais, où les balles ne
passent pas! Ne passent jamais! J'en connaissais une toute prête, au soleil, au chaud! Dans un
rêve, celle de Saint-Germain précisément , si proche de la forêt, je la connaissais bien, je
passais souvent là, autrefois. Comme on change! J'étais un enfant alors, elle me faisait peur
la prison. C'est que je connaissais pas encore les hommes. Je ne croirai plus jamais à ce qu'ils
disent, à ce qu'ils pensent? C'est des hommes et d'eux seulement qu'il faut avoir peur,
toujours.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit (1932)

 

 

Texte 5
Il s’agit des mémoires d’un personnage fictif, Maximilien Aue, qui a participé aux
massacres de masse nazis comme officier SS, sans beaucoup d’états d’âme.
5
Titre princier du Maréchal Ney, qui fait référence à la campagne napoléonienne en Russie.
Je ne regrette rien: j'ai fait mon travail, voilà tout; quant à mes histoires de famille, que je
raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi; et pour le reste, vers la fin, j'ai sans
doute forcé la limite, mais là je n'étais plus tout à fait moi-même, je vacillais et d'ailleurs
autour de moi le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le.
Et puis, je n'écris pas pour nourrir ma veuve et mes enfants, moi, je suis tout à fait capable de
subvenir à leurs besoins. Non, si j'ai enfin décidé d'écrire, c'est bien sans doute pour passer le
temps, et aussi, c'est possible, pour éclaircir un ou deux points obscurs, pour vous peut-être
et pour moi-même. En outre je pense que cela me fera du bien. C'est vrai que mon humeur
est plutôt terne. La constipation, sans doute. Problème navrant et douloureux, d'ailleurs
nouveau pour moi; autrefois, c'était bien le contraire. Longtemps, j'ai dû passer aux cabinets
trois, quatre fois par jour; maintenant, une fois par semaine serait un bonheur. J'en suis réduit
à des lavements, procédure désagréable au possible, mais efficace. Pardonnez-moi de vous
entretenir de détails aussi scabreux. […]
Mes collègues me considèrent comme un homme calme, posé, réfléchi. Calme, certes; mais
très souvent dans la journée ma tête se met à rugir, sourdement comme un four crématoire. Je
parle, je discute, je prends des décisions, comme tout le monde; mais au comptoir, devant ma
fine, je m'imagine qu'un homme entre avec un fusil de chasse et ouvre le feu; au cinéma ou
au théâtre, je me figure une grenade dégoupillée roulant sous les rangées de sièges; sur la
place publique, un jour de fête, je vois la déflagration d'un véhicule bourré d'explosifs, la
liesse de l'après-midi transformée en carnage, le sang ruisselant entre les pavés, les paquets
de chair collés aux murs ou projetés à travers les croisées pour atterrir dans la soupe
dominicale, j'entends les cris, les gémissements des gens aux membres arrachés comme les
pattes d'un insecte par un petit garçon curieux, l'hébétude des survivants, un silence étrange
comme plaqué sur les tympans, le début de la longue peur. Calme? Oui, je reste calme, quoi
qu'il advienne, je ne donne rien à voir, je demeure tranquille, impassible, comme les façades
muettes des villes sinistrées, comme les petits vieux sur les bancs des parcs avec leurs cannes
et leurs médailles, comme les visages à fleur d'eau des noyés qu'on ne retrouve jamais.
Rompre ce calme effroyable, j'en serais bien incapable, même si je le voulais. Je ne suis pas
de ceux qui font un scandale pour un oui ou pour un non, je sais me tenir. Pourtant cela me
pèse à moi aussi. Le pire n'est pas forcément ces images que je viens de décrire; des
fantaisies comme celles-ci m'habitent depuis longtemps, depuis mon enfance sans doute, en
tout cas depuis bien avant que je ne me sois moi aussi retrouvé au cœur de l'équarrissoir. La
guerre, en ce sens, n'a été qu'une confirmation, et je me suis habitué à ces petits scénarios, je
les prends comme un commentaire pertinent sur la vanité des choses. Non, ce qui s'est révélé
pénible, pesant, ç'a été de ne s'occuper qu'à penser. Songez-y: vous-même, à quoi pensezvous,
au cours d'une journée? A très peu de chose, en fait. Etablir une classification
raisonnée de vos pensées courantes serait chose aisée: pensées pratiques ou mécaniques,
planifications des gestes et du temps (exemple: mettre l'eau du café à bouillir avant de se
brosser les dents, mais les tartines à griller après, parce qu'elles sont prêtes plus vite);
préoccupations de travail; soucis financiers; problèmes domestiques; rêveries sexuelles. Je
vous épargnerai les détails. Au dîner, vous contemplez le visage vieillissant de votre femme,
tellement moins excitante que votre maîtresse, mais autrement bien sous tous rapports, que
faire, c'est la vie, donc vous parlez de la dernière crise ministérielle. En fait vous vous
contrefoutez de la dernière crise ministérielle, mais de quoi d'autre parler? Eliminez ce type
de pensées, et vous conviendrez avec moi qu'il ne reste plus grand-chose.
Jonathan Littell (né en 1967), Les Bienveillantes (2006)

 

Question : Quelle image du héros et de la guerre apparaît-elle dans ces extraits de roman ?

 

Où j'en suis dans mon devoir

Je n'arrives pas du tout, j'ai besoin d'aide ( c'est un corpus sur 5 textes ) urgent . 

merci 




3 commentaires pour ce devoir


Anonyme
Posté le 27 avr. 2018

De l'aide s'îl vous plaît ?

Anonyme
Posté le 27 avr. 2018

Je veux bien t'aider mais je ne veux pas faire ton travail à ta place .

Il faut d'abord  que tu fasse une intro ( présentation des txts et problématique ) .

Poste déja ton introduction , je t'aiderai par la suite

Anonyme
Posté le 27 avr. 2018

L’introduction est bouclé il me faut seulement le plan du corpus


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