Rédaction textes de camus

Publié le 16 mai 2020 il y a 3A par Marc#8147 - Fin › 19 mai 2020 dans 3A
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Sujet du devoir

 

c. Rédigez une réponse complète à la question suivante : en quoi ces articles de Camus le

présentent-ils comme un homme qui fait acte de désobéissance ? Pour répondre à cette

question vous allez rédiger un texte argumentatif de type dissertation (à plan thématique

donc, si vous vous souvenez de vos leçons). Ce texte devra contenir un paragraphe

d’introduction (avec brève présentation de Camus, contexte d’écriture de ses articles, reprise

de la question pour la problématique et présentation du plan, deux paragraphes de développement (Sans sous-parties obligatoires donc. Lepremier paragraphe portera sur un des deux articles et le second paragraphe portera sur

l’autre article ; je vous laisse le choix de l’ordre. Chaque paragraphe devra faire au moins

300 mots et devra citer les textes de Camus dans une proportion raisonnable) et une

conclusion (réponse à la question qui résume et synthétise les arguments utilisés pendant le

développement. Si vous vous sentez en forme, proposez une ouverture en lien avec Camus

ou son œuvre littéraire

Où j'en suis dans mon devoir

Besoin d'aide pour trouver ce que je peux aborder dans le sujet. Le 2 textes sont ceux qu'il a publié en 39 et 45

Il est difficile aujourd'hui d'évoquer la liberté de la presse sans être taxé d'extravagance, accusé

d'être Mata-Hari, de se voir convaincre d'être le neveu de Staline.

 Pourtant cette liberté parmi d'autres n'est qu'un des visages de la liberté tout court et l'on

comprendra notre obstination à la défendre si l'on veut bien admettre qu'il n'y a point d'autre façon

de gagner réellement la guerre.[...]

 Un des bons préceptes d'une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en

lamentations inutiles en face d'un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n'est

plus aujourd'hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher

comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème

n'intéresse plus la collectivité. Il concerne l'individu.

 Et justement ce qu'il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels,

au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais

encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l'ironie et

l'obstination. La lucidité suppose la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la

fatalité. Dans le monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre elle-

même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou arrêtée par des moyens

humains. Il suffit de connaître l'histoire des dernières années de la politique européenne pour être

certains que la guerre, quelle qu'elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut

la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et

lutte pour ce qu'il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne

publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.

 En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d'opposer quelques refus.

Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu'un esprit un peu propre accepte d'être malhonnête.

Or, et pour peu qu'on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s'assurer de

l'authenticité d'une nouvelle. C'est à cela qu'un journaliste libre doit donner toute son attention. Car,

s'il ne peut dire tout ce qu'il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu'il ne pense pas ou qu'il

croit faux. Et c'est ainsi qu'un journal libre se mesure autant à ce qu'il dit qu'à ce qu'il ne dit pas.

Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l'on sait la maintenir. Car elle

prépare l'avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal indépendant donne l'origine de

ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives,

pallie par des commentaires l'uniformisation des informationset, en bref, sert la vérité dans la

mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu'elle soit, lui permet du moins de refuser

ce qu'aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge.

 Nous en venons ainsi à l'ironie. On peut poser en principe qu'un esprit qui a le goût et les moyens

d'imposer la contrainte est imperméable à l'ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu'un

exemple parmi d'autres, utiliser l'ironie socratique. Il reste donc que l'ironie demeure une arme sans

précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu'elle permet, non plus de

rejeter ce qui est faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en 1939, ne se fait

pas trop d'illusions sur l'intelligence de ceux qui l'oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde

l'homme. Une vérité énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même vérité

dite plaisamment ne l'est que cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les

possibilités de l'intelligence humaine. Elle explique également que des journaux français comme Le

Merle ou Le Canard enchaîné puissent publier régulièrement les courageux articles que l'on sait. Unjournaliste libre, en 1939, est donc nécessairement ironique, encore que ce soit souvent à son corps

défendant. Mais la vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu'elles ont peu d'amants.

 Cette attitude d'esprit brièvement définie, il est évident qu'elle ne saurait se soutenir efficacement

sans un minimum d'obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d'expression. Ce ne sont pas

les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites

obtiennent généralement en France l'effet contraire à celui qu'on se propose. Mais il faut convenir

qu'il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée,

l'inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher.

L'obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au

service de l'objectivité et de la tolérance.

 Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu'au sein de la servitude. Et

après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien

maintenir dans sa sphère tout ce qu'il croit vrai et juste, s'il voulait aider pour sa faible part au

maintien de la liberté, résister à l'abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette

guerre serait gagnée, au sens profond du mot.

 Oui, c'est souvent à son corps défendant qu'un esprit libre de ce siècle fait sentir son ironie. Que

trouver de plaisant dans ce monde enflammé ? Mais la vertu de l'homme est de se maintenir en face

de tout ce qui le nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans la double expérience de

1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la

générosité. Mais celles-ci ne s'expriment que dans des coeurs déjà libres et dans les esprits encore

clairvoyants. Former ces coeurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c'est la tâche à la fois modeste et

ambitieuse qui revient à l'homme indépendant. Il faut s'y tenir sans voir plus avant. L'histoire

tiendra ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits.

Albert Camus, 1939. Cet article, censuré, n’a jamais été publié.

Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au

formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au

sujet de la bombe atomique.

On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes que n'importe

quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un

ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations

élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers,

les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous

résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de

sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou

l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.

En attendant, il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui

se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve

depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapabled'aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au

meurtre organisé, personne sans doute, à moins d'idéalisme impénitent, ne songera à s'en étonner.

Les découvertes doivent être enregistrées, commentées selon ce qu'elles sont, annoncées au monde

pour que l'homme ait une juste idée de son destin. Mais entourer ces terribles révélations d'une

littérature pittoresque ou humoristique, c'est ce qui n'est pas supportable.

Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu'une angoisse nouvelle nous est

proposée, qui a toutes les chances d'être définitive. On offre sans doute à l'humanité sa dernière

chance. Et ce peut-être après tout le prétexte d'une édition spéciale. Mais ce devrait être plus

sûrement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de silence.

Au reste, il est d'autres raisons d'accueillir avec réserve le roman d'anticipation que les journaux

nous proposent. Quand on voit le rédacteur diplomatique de l'Agence Reuter* annoncer que cette

invention rend caducs les traités ou périmées les décisions mêmes de Potsdam*, remarquer qu'il est

indifférent que les Russes soient à Koenigsberg ou la Turquie aux Dardanelles, on ne peut se

défendre de supposer à ce beau concert des intentions assez étrangères au désintéressement

scientifique.

Qu'on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d'Hiroshima et par l'effet de

l'intimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d'une aussi grave nouvelle

autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d'une véritable société

internationale, où les grandes puissances n'auront pas de droits supérieurs aux petites et aux

moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l'intelligence humaine, ne

dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État.

Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la

paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit

monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la

raison.

Albert Camus, éditorial du journal Combat du 8 août 1945.




2 commentaires pour ce devoir


Entrechat#5522
Entrechat#5522
Posté le 17 mai 2020

Acte de désobéissance:

- le premier texte a été censuré et n'a pas pu paraître. Premier signe d'un acte de désobéissance. La presse de l'époque en effet n'était pas libre. Or ici Camus fait acte de liberté en expliquant comment résister:

"au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l'ironie et l'obstination. "

-  dans le deuxième texte, contrairement à la réaction quasi générale de joie devant la mise en oeuvre de la première bombe atomique, Camus condamne la barbarie de cette action et déplore le désastre humain.

 

Marc#8147
Marc#8147
Posté le 17 mai 2020

Merci =) 


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