Selon vous, réécrire est-ce chercher à dépasser son modèle ?

Publié le 4 janv. 2016 il y a 8A par Anonyme - Fin › 7 janv. 2016 dans 8A
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Sujet du devoir

Au sens large du terme, la réécriture est une appropriation et une transformation de sources préexistantes. Un écrivain est avant tout un lecteur, c’est-à-dire que lorsqu’il écrit, il est imprégné des textes de ceux qui l’ont précédé. On peut de ce fait dire que chaque texte est le fruit d’une réécriture mais certains auteurs ont la volonté d’écrire en s’inspirant ou en reprenant un texte source, ou hypotexte, ils s’efforcent alors de varier, à un degré plus ou moins élevé, la proximité entre le modèle original et leur propre texte. La réécriture a-t-elle pour but de dépasser son modèle ? Dans un premier temps, nous verrons en quoi et comment la réécriture cherche à surpasser son modèle, dans un second temps nous verrons que ce n’est pas l’unique objectif de la réécriture.

 

 

Tour d’abord, la réécriture est une manière plus ou moins efficace d’améliorer un texte d’origine, on peut vouloir réécrire un texte afin de l’améliorer, notamment en le développant. C’est le cas de La Fontaine qui reprend les fables d’Esope mais les améliore, par exemple dans « Le Chêne et le Roseau », Esope écrit une fable en prose et qui reste assez vague, il nous livre une morale explicite "Tu vois bien qu'il est plus à propos de céder à un ennemi puissant, que de lui résister avec une témérité qui a toujours de mauvaises suites. », dans le texte de La Fontaine qui est en vers, la fable est plus précise et la morale est implicite. De plus, La Fontaine personnifie le roseau et le chêne ce qui donne à la fable la dimension d’un récit.

Ensuite, réécrire peut-être un moyen d’approfondir certains aspects d’un texte, c’est le cas dans la réécriture de La Marmite de Plaute : L’Avare de Molière. Molière réécrit en ajoutant une dimension psychologique aux personnages. Molière ajoute la thématique du mariage qui lui permet également d’approfondir celle de l’avarice. Le personnage principal de Plaute, Euclion, est un homme pauvre qui a trouvé un trésor dans une marmite, ainsi, Plaute a écrit une comédie assez simple alors que Molière a peint l’avarice dans le milieu bourgeois du XVIIème, il en montre toutes les conséquences dévastatrices pour la personne, ceci lui permet une nouvelle fois d’analyser une nouvelle fois la thématique de l’avarice.

Enfin, la réécriture peut reprendre les bases d’un texte pour lui donner un nouveau sens, comme dans Le chêne et le roseau de Jean Anouilh, qui reprend le texte de La Fontaine mais transforme la morale. En effet, Anouilh dans sa réécriture va condamner l’attitude du roseau et insiste sur le fait devant l'adversité perd toute grandeur morale. Au contraire, chez La Fontaine, le lecteur qui s'attendait à ce que le chêne sorte glorieux et grandit de cette expérience est surpris par l'inversion de la situation : c'est le roseau qui résiste au vent, il ne cède pas et n'est pas déraciné. La morale surprenante de La Fontaine pourrait se traduire ainsi : « La loi du plus fort n'est pas toujours la meilleure ».

 

Deuxièmement, nous verrons que la réécriture n’a pas comme unique objectif de surpasser son modèle, en effet, la réécriture peut avoir comme objectif d’actualiser un texte, il s’agit de conserver l’essence d’un texte mais d’en transformer certains détails afin de le rendre plus accessible aux contemporains, on peut prendre l’exemple d’Antigone de Anouilh, une réécriture de Sophocle. Le dramaturge Anouilh reprend une grande partie des éléments de l’œuvre de Sophocle : ainsi, on retrouve les mêmes personnages principaux, Anouilh a également recours à un chœur, cher aux tragédiens de l'Antiquité grecque. Mais Anouilh écrit avant tout une tragédie moderne dont la première représentation aura lieu pendant la Seconde Guerre Mondiale, et plus précisément pendant l'occupation allemande et le régime de Vichy. Effectivement, la tragédie est toute entière étudiée pour évoquer le conflit. La mort des deux frères se veut un symbole pour schématiser l'inutilité de cette guerre qui n'apportera rien d'autre que le chaos. Les personnages prennent également une valeur symbolique : Créon et ses lois empreintes d'injustices, rappellent Pétain, soumis à Hitler et sa politique de stigmatisation des juifs ; Antigone, quant à elle, représente la Résistance ; Ismène représente la peur qui étreint tout le pays ; les gardes, la police et autres fonctionnaires suivant les ordres sans se poser de questions.

Ensuite, la réécriture peut être une manière de rendre un hommage, l’auteur propose ainsi une variante de l’œuvre ou du mythe qu’il admire, par exemple, « Dom Juan aux enfers » de Baudelaire, qui rend hommage au mythe de Dom Juan. « Don Juan aux enfers » est le quinzième poème de Spleen et Idéal de Charles Baudelaire paru dans Les Fleurs du mal en 1857. Peignant en cinq quatrains tour à tour Don Juan, Sganarelle, son valet, Don Luis, Elvire, son amante, et la statue de pierre de la pièce de Molière, Baudelaire poursuit le mythe littéraire de Don Juan en y incluant de nouveaux aspects, tels que sa descente aux enfers.

Enfin, la réécriture peut être une parodie, l’auteur peut chercher à dénigrer un texte, en en proposant une version ridicule, c’est le cas du premier chapitre de Candide de Voltaire comme réécriture de la Genèse, plus précisément l’expulsion du Jardin d’Eden. Ainsi, ce chapitre est une parodie de la Genèse et donc on critique clairement la religion : l'expulsion du paradis terrestre par "un grand coup de pied dans le derrière". On retrouve une version burlesque du mythe religieux. Toute la dernière partie du texte est comparée à la chassée d'Adam du Paradis terrestre dans la Bible. Cunégonde, dans ce cas, est comparée à la pomme et au serpent du jardin de l'Éden, elle est donc le sujet de la provocation et de la tentation de Candide.

 

 

En conclusion, certes la réécriture vise à faire mieux que l’original, cependant, cette amélioration n’est pas l’unique objectif : les motifs de l’écrivain sont variés, de l’hommage à la parodie. Sachant l’influence des auteurs de l’histoire vis-à-vis de leurs successeurs, on peut se demander si, dans une certaine mesure, toute écriture nouvelle ne trouve pas son influence dans des textes anciens.

Où j'en suis dans mon devoir

Dissertation entière, note au devoir : 16/20

Je suis en 1èreL, ce sujet m'a été donné en littérature pour l'objet d'étude sur la réécriture.




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