étude critique de document

Sujet du devoir

Sujet : Croissance économique et immigration en France à la fin du XIXè siècle

Consigne : montrez que ce document met en évidence les caractéristiques générales de l’immigration en France à l’époque et qu’il en montre également les limites. Portez un regard critique.

«Dans la journée du 16 août dernier et principalement dans la journée du lendemain, 17,
des collisions sanglantes ont eu lieu aux salins du Midi, sous les murs de la ville d'Aigues
Mortes et dans cette ville, entre des ouvriers français et italiens au service de la Compagnie
des salins du Midi. Dans ces bagarres auxquelles ont participé, à certains moments, des
habitants d'Aigues-Mortes, des ouvriers sans travail, des vagabonds, huit personnes ont
trouvé la mort, et une cinquantaine ont été atteintes de blessures plus ou moins graves.
Comment se sont produits ces déplorables événements?

Dans la matinée du 16 août, plusieurs querelles futiles se produisirent parmi les ouvriers.
Vers une heure de l'après-midi, de nombreux Italiens, armés de bâtons, de pelles et d
couteaux vinrent assaillir des ouvriers français inférieurs en nombre. Cinq Français furent
blessés. Les Français se replièrent sur Aigues-Mortes, où ils apportèrent la nouvelle de cette
agression. Le bruit courut que trois Français étaient morts; de là une violente surexcitation
dans la population et un désir de vengeance et de représailles. Bientôt, on court sus aux
Italiens qui s'y trouvaient; la foule augmente des ouvriers sans travail, qui abondent dans la
ville. Des vociférations et des cris de mort sont poussés.

[Le lendemain] vers dix heures, une bande de trois cents individus environ, armés de gour
dins et de branches d'arbres, de manches de pelles, s'était formée, parcourant la ville et la
place. Elle a arb ré deux drapeaux rouges, chante La Marseillaise et vocifère. Cette foule
armée prend le chemin des salins de la Goujouse où travaillent un grand nombre d'Italiens.
La gendarmerie est impuissante à maîtri er les agresseurs, comme sont impuissantes les
autorités administratives et judiciaires. Des pierres énormes sont lancées de tous côtés sur
les Italiens et à chaque pas, ces malheureux laissent des victimes sans défense sur le sol.
Des forcenés les achèvent à coup de matraque. Vers six heures du soir, 250 hommes de
ligne et l'artillerie à cheval font leur entrée dans la ville. Le 18, l'émeute est définitivement
domptée.»

Extrait du rapport du procureur général de Nîmes Léon Nadal au garde des Sceaux (24 octobre 1893)
Cité dans Gérard Noiriel, Le Massacre des Italiens, Aigues-Mortes, 17 août 1893, Fayard, 2010.

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