Discours du 13mai1791, de Robespierre

Publié le 24 nov. 2010 il y a 13A par Anonyme - Fin › 26 nov. 2010 dans 13A
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Sujet du devoir

URGENT!!! Vous étudierez la rhétorique de ce discours.

[...]Dès le moment où dans un de vos décrets, vous aurez prononcé le mot esclaves, vous aurez prononcé et votre propre déshonneur et le renversement de la Constitution.
Je me plains au nom de l'Assemblée elle-même, de ce que, non content d'obtenir d'elle tout ce qu'on désire, on veut encore la forcer à l'accorder d'une manière déshonorante pour elle et qui démente tout ces principes.
Si je pouvais soupçonner que, parmi les adversaires des hommes de couleur, il se trouvât quelque ennemis secret de la liberté et de la Constitution, je croirais que l'on a cherché à se ménager un moyen d'attaquer toujours avec succès vos décrets pour affaiblir vos principes, afin qu'on puisse vous dire un jour, quand il s'agira de l'intérêt direct de la métropole: vous nous alléguez sans cesse la Déclaration des droits de l'homme, les principes de la liberté, et vous y avez si peu cru vous-mêmes que vous avez décrété constitutionnellement l'esclavage. L'intérêt suprême de la nation et des colonies est que vous demeuriez libres et que vous ne renversiez pas de vos propres mains les bases de la liberté. Périssent les colonies, s'il doit vous en coûter votre bonheur, votre gloire, votre liberté. Je le répète: périssent les colonies si les colons veulent, par des menaces, nous forcer à décréter ce qui convient le plus à leurs intérêts. Je déclare au nom de l'assemblée, au nom de ceux des membres de cette Assemblée qui ne veulent pas renverser la Constitution, au nom de la nation entière qui veut être libre, que nous ne sacrifierons aux députés des colonies, ni la nation, ni les colonies, ni l'humanité entière.[...]

Où j'en suis dans mon devoir

Je n'arrive pas à trouvé la rhétorique de ce discours malgré 10 000 relectures. Quelqu'un pourrait il m'aider ? svp Merci par avance



3 commentaires pour ce devoir


Anonyme
Posté le 25 nov. 2010
Chère Coliine,

Tout d'abord, il s'agit de savoir ce que votre professeur a en tête lorsqu'il ou elle vous demande d'étudier la « rhétorique » de ce discours.

La première chose à faire est d'aller voir ce que veut dire rhétorique : c'est, en principe, l'art de bien parler. Synonyme : éloquence. Par extension, c'est aussi « l'art de persuader ».

Justement, Saint-Just a dit de Robespierre qu'il avait « gouverné par la persuasion » (vous êtes trop jeune pour le savoir, mais c'est la façon de gouverner la plus difficile au monde).

Ce que vous devez donc faire, c'est montrer de quoi il veut ici persuader son auditoire et comment il le fait.

Pour y arriver, il vous faut comprendre de quoi il est question. Je suppose qu'on vous l'a expliqué. Sinon, ce qu'on vous demande ne rime pas à grand-chose.

Donc : Vous êtes en 1791. L'Assemblée Nationale (elle s'appelle la Législative = celle qui a fait des lois nouvelles) a discuté et adopté une Constitution. Elle n'est pas terriblement bonne. Il y en aura une bien meilleure deux ans plus tard. Mais, telle qu'elle est, elle constitue un progrès sur ce qu'il y avait avant. Entre autres choses, cette Constitution proclame l'égalité des droits entre tous les hommes (sans trop s'attarder sur les détails concrets, mais enfin, elle va dans ce sens là. « Liberté, Égalité, Fraternité » n'est-ce pas).

Or, il y a des députés qui sont « planteurs » aux colonies et qui y exploitent des esclaves (des Africains capturés dans leurs pays, amenés enchaînés par bateaux entiers et vendus sur les marchés coloniaux comme bétail, à des gens qui les font travailler pour rien et ont droit de vie et de mort sur eux). Ces coloniaux veulent bien tout ce qu'on veut pour la France, mais ne veulent pas de la liberté ni de l'égalité pour leurs esclaves, dans les colonies (territoires conquis par la France) où ils sont propriétaires de vastes plantations de coton, de sucre, etc. : ils ne veulent pas voir réduire leurs bénéfices en étant obligés de payer le travail de leurs esclaves.

Dans ce but, ils lancent des discussions à l'Assemblée, pour faire infléchir la Constitution dans ce sens : o.k. pour la liberté en France, mais gardons l'esclavage aux colonies.

Que fait Robespierre dans ce discours ? Il s'adresse aux Législateurs (à ceux qui ont créé et voté cette Constitution). Et il leur dit : « Attention ! On veut vous faire défaire votre ouvrage. Mais si vous le faites, vous vous déshonorerez. Parce qu'UN PRINCIPE EST UN PRINCIPE, et si nous voulons la liberté et l'égalité pour nous, nous devons la vouloir aussi pour les autres. Sinon, nous sommes des faux-culs et des hypocrites. On va vous dire que si vous persistez à vouloir appliquer la Constitution Française aussi aux Noirs esclaves, vous condamnez à mort vos colonies, parce que sans l'esclavage elles ne seront plus rentables. Eh bien, qu'elles périssent, si c'est à ce prix-là qu'elles doivent vivre. »

Si vous faites bien attention, vous verrez qu'il ne prend même pas la peine de répondre aux colons qui ont lancé la discussion. Il s'adresse uniquement aux représentants du peuple, à ceux qui ont fait une Constitution parce que les Français en voulaient une. Il leur rappelle ainsi que les colons NE SONT PAS le peuple français mais une « faction », c'est-à-dire des gens qui ne pensent et n'agissent que dans leur intérêt particulier. Eux (les Législateurs) ne sont pas là pour s'occuper d'intérêts particuliers mais de l'intérêt général. Et l'intérêt général interdit qu'on déshonore le peuple français en proclamant la liberté dans la métropole et l'esclavage dans les colonies. Il les met en face de leurs responsabilités.

De fait, il réussira dans son entreprise de persuasion : les députés refuseront de suivre les riches colons dans leurs manoeuvres égoïstes et contraires aux droits humains. Ils finiront par voter l'abolition de l'esclavage. (Que Napoléon rétablira plus tard et qui sera une seconde fois aboli au 19e siècle.)

C'est là l'éloquence de Robespierre : la faculté qu'il a eue, jour après jour, pendant cinq ans, de persuader les gens de se conduire bien plutôt que de se conduire mal. Croyez que ce n'a pas été chose facile, parce que parmi ces députés – ils étaient un peu plus de 700 - il y en avait qui étaient mous, pas très courageux et toujours prêts à prendre la tangente. Il fallait sans arrêt les remettre dans le droit chemin par des arguments et des raisonnements imparables. C'est très dur, très fatigant, toujours à recommencer. C'est pourquoi on peut dire que c'est la façon de gouverner la plus difficile qui existe. Mais c'est aussi la seule tout à fait honorable.

Chère Coliine, quand vous lisez Robespierre, essayez de comprendre ce qu'il veut dire au juste – c'est toujours important – et fichez-vous du reste.

P.S. On dit « je n'arrive pas à trouver » (avec r).

Bonne chance et bon courage.

Catherine


Anonyme
Posté le 25 nov. 2010
Chère Coliine,

Je repense à un passage de Jaurès qui s'applique parfaitement à votre sujet de devoir et que vous pouvez citer. Le voici :

« C'est une erreur de croire que Robespierre était une sorte de rhéteur épris d'idées générales et capable seulement de phrases et de théories. La forme de ses discours où il procède souvent par allusion, où il enveloppe volontiers de formules générales un exposé très substantiel et des indications ou des accusations très précises, a contribué à ce malentendu. En fait, il se tenait au courant de tous les détails de l'action révolutionnaire dans le pays tout entier et aux armées; et avec une tension d'esprit incroyable, avec un souci minutieux du réel, il essayait de se représenter l'exacte valeur des hommes que la Révolution employait. Toujours aux Jacobins il est prêt à redresser, par les renseignements les plus précis, les vagues allégations et accusations d'une démagogie querelleuse... Quelle âpre et dure vie d'aller tous les soirs, dans une assemblée populaire souvent houleuse et défiante, rendre compte du travail de la journée, dissiper les préventions, animer les courages, calmer les impatiences, désarmer les calomnies... » Jean JAURÈS, Histoire socialiste.

Et, bien sûr, quand un mot vous pose problème ou si vous n'êtes pas sûre de son sens exact : DICTIONNAIRE ! (ou Google). Vous gagnerez un temps fou.

Catherine
Anonyme
Posté le 25 nov. 2010
Merci Beaucoup =)

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