Ecole des femmes Acte V

Publié le 3 avr. 2018 il y a 6A par Anonyme - Fin › 6 avr. 2018 dans 6A
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Sujet du devoir

Bonjour j'aurai besoin d'aide sur un livre qui est l'ecole des femmes de Moliere plus précisement l'acte 5

Voici l'acte:

ACTE V, SCÈNE PREMIÈRE
ARNOLPHE, ALAIN, GEORGETTE.
ARNOLPHE
Traîtres, qu’avez-vous fait par cette violence ?

ALAIN
Nous vous avons rendu, Monsieur, obéissance.

ARNOLPHE
De cette excuse en vain vous voulez vous armer.
1355 L’ordre était de le battre, et non de l’assommer ;
Et c’était sur le dos, et non pas sur la tête,
Que j’avais commandé qu’on fît choir la tempête.
Ciel ! dans quel accident me jette ici le sort ?
Et que puis-je résoudre à voir cet homme mort ?
1360 Rentrez dans la maison ; et gardez de rien dire
De cet ordre innocent que j’ai pu vous prescrire.
Le jour s’en va paraître, et je vais consulter
Comment dans ce malheur je me dois comporter.
Hélas ! que deviendrai-je ? et que dira le père,
1365 Lorsque inopinément il saura cette affaire ?
SCÈNE II
HORACE, ARNOLPHE.
HORACE
Il faut que j’aille un peu reconnaître qui c’est.

ARNOLPHE
Eût-on jamais prévu... Qui va là ? s’il vous plaît.

HORACE
C’est vous, Seigneur Arnolphe ?

ARNOLPHE
Oui ; mais vous...

HORACE
C’est Horace.
Je m’en allais chez vous, vous prier d’une grâce,
Vous sortez bien matin !

ARNOLPHE, bas
1370 Quelle confusion !
Est-ce un enchantement ? est-ce une illusion ?

HORACE
J’étais, à dire vrai, dans une grande peine ;
Et je bénis du Ciel la bonté souveraine,
Qui fait qu’à point nommé je vous rencontre ainsi.
1375 Je viens vous avertir que tout a réussi,
Et même beaucoup plus que je n’eusse osé dire ;
Et par un incident qui devait [1] tout détruire.
Je ne sais point par où l’on a pu soupçonner
Cette assignation qu’on m’avait su donner :
1380 Mais étant sur le point d’atteindre à la fenêtre
J’ai, contre mon espoir, vu quelques gens paraître,
Qui sur moi brusquement levant chacun le bras
M’ont fait manquer le pied et tomber jusqu’en bas ;
Et ma chute aux dépens de quelque meurtrissure,
1385 De vingt coups de bâton m’a sauvé l’aventure.
Ces gens-là, dont était je pense mon jaloux,
Ont imputé ma chute à l’effort de leurs coups,
Et comme la douleur un assez long espace
M’a fait sans remuer demeurer sur la place,
1390 Ils ont cru tout de bon qu’ils m’avaient assommé,
Et chacun d’eux s’en est aussitôt alarmé.
J’entendais tout leur bruit dans le profond silence [2] ,
L’un l’autre ils s’accusaient de cette violence,
Et sans lumière aucune en querellant le sort,
1395 Sont venus doucement tâter si j’étais mort.
Je vous laisse à penser si dans la nuit obscure,
J’ai d’un vrai trépassé su tenir la figure.
Ils se sont retirés avec beaucoup d’effroi ;
Et comme je songeais à me retirer moi,
1400 De cette feinte mort la jeune Agnès émue,
Avec empressement est devers moi venue :
Car les discours qu’entre eux ces gens avaient tenus,
Jusques à son oreille étaient d’abord [3] venus,
Et pendant tout ce trouble étant moins observée,
1405 Du logis aisément elle s’était sauvée.
Mais me trouvant sans mal elle a fait éclater
Un transport difficile à bien représenter.
Que vous dirai-je ? enfin cette aimable personne
A suivi les conseils que son amour lui donne,
1410 N’a plus voulu songer à retourner chez soi,
Et de tout son destin s’est commise à ma foi.
Considérez un peu par ce trait d’innocence
Où l’expose d’un fou la haute impertinence ;
Et quels fâcheux périls elle pourrait courir,
1415 Si j’étais maintenant homme à la moins chérir ?
Mais d’un trop pur amour mon âme est embrasée,
J’aimerais mieux mourir que l’avoir abusée.
Je lui vois des appas dignes d’un autre sort,
Et rien ne m’en saurait séparer que la mort.
1420 Je prévois là-dessus l’emportement d’un père :
Mais nous prendrons le temps d’apaiser sa colère.
À des charmes si doux je me laisse emporter,
Et dans la vie, enfin, il se faut contenter.
Ce que je veux de vous sous un secret fidèle,
1425 C’est que je puisse mettre en vos mains cette belle,
Que dans votre maison, en faveur de mes feux,
Vous lui donniez retraite au moins un jour ou deux.
Outre qu’aux yeux du monde il faut cacher sa fuite,
Et qu’on en pourra faire une exacte poursuite [4] ,
1430 Vous savez qu’une fille aussi de sa façon
Donne avec un jeune homme un étrange soupçon.
Et comme c’est à vous, sûr de votre prudence
Que j’ai fait de mes feux entière confidence ;
C’est à vous seul aussi comme ami généreux
1435 Que je puis confier ce dépôt amoureux.

ARNOLPHE
Je suis, n’en doutez point, tout à votre service.

HORACE
Vous voulez bien me rendre un si charmant office ?

ARNOLPHE
Très volontiers, vous dis-je, et je me sens ravir
De cette occasion que j’ai de vous servir.
1440 Je rends grâces au Ciel de ce qu’il me l’envoie,
Et n’ai jamais rien fait avec si grande joie.

HORACE
Que je suis redevable à toutes vos bontés !
J’avais de votre part craint des difficultés :
Mais vous êtes du monde, et dans votre sagesse
1445 Vous savez excuser le feu de la jeunesse,
Un de mes gens la garde au coin de ce détour [5] .

ARNOLPHE
Mais comment ferons-nous ? car il fait un peu jour ;
Si je la prends ici, l’on me verra, peut-être,
Et s’il faut que chez moi vous veniez à paraître,
1450 Des valets causeront. Pour jouer au plus sûr,
Il faut me l’amener dans un lieu plus obscur,
Mon allée [i] est commode, et je l’y vais attendre.

HORACE
Ce sont précautions qu’il est fort bon de prendre.
Pour moi je ne ferai que vous la mettre en main,
1455 Et chez moi sans éclat je retourne soudain.

ARNOLPHE,seul.
Ah fortune ! ce trait d’aventure propice,
Répare tous les maux que m’a faits ton caprice.
SCÈNE III
AGNÈS, ARNOLPHE, HORACE.
HORACE [6]
Ne soyez point en peine, où je vais vous mener,
C’est un logement sûr que je vous fais donner.
1460 Vous loger avec moi, ce serait tout détruire,
Entrez dans cette porte, et laissez-vous conduire.
Arnolphe lui prend la main sans qu’elle le connaisse [7] .

AGNÈS
Pourquoi me quittez-vous ?

HORACE
Chère Agnès, il le faut.

AGNÈS
Songez donc, je vous prie, à revenir bientôt.

HORACE
J’en suis assez pressé par ma flamme amoureuse.

AGNÈS
1465 Quand je ne vous vois point, je ne suis point joyeuse.

HORACE
Hors de votre présence on me voit triste aussi.

AGNÈS
Hélas ! s’il était vrai, vous resteriez ici.

HORACE
Quoi ! vous pourriez douter de mon amour extrême ?

AGNÈS
Non, vous ne m’aimez pas autant que je vous aime.
(Arnolphe la tire.)
Ah l’on me tire trop !

HORACE
1470 C’est qu’il est dangereux,
Chère Agnès, qu’en ce lieu nous soyons vus tous deux,
Et ce parfait ami de qui la main vous presse [8] ,
Suit le zèle prudent qui pour nous l’intéresse.

AGNÈS
Mais suivre un inconnu que...

HORACE
N’appréhendez rien,
1475 Entre de telles mains vous ne serez que bien.

AGNÈS
Je me trouverais mieux entre celles d’Horace.

HORACE
Et j’aurais...

AGNÈS à celui qui la tient.
Attendez.

HORACE
Adieu, le jour me chasse.

AGNÈS
Quand vous verrai-je donc ?

HORACE
Bientôt, assurément.

AGNÈS
Que je vais m’ennuyer jusques à ce moment !

HORACE
1480 Grâce au Ciel, mon bonheur n’est plus en concurrence [9] ,
Et je puis maintenant dormir en assurance.
SCÈNE IV
ARNOLPHE, AGNÈS.
ARNOLPHE, le nez dans son manteau.
Venez, ce n’est pas là que je vous logerai,
Et votre gîte ailleurs est par moi préparé,
Je prétends en lieu sûr mettre votre personne.
Me connaissez-vous ?

AGNÈS, le reconnaissant.
Hay.

ARNOLPHE
1485 Mon visage, friponne,
Dans cette occasion rend vos sens effrayés ;
Et c’est à contre-cœur qu’ici vous me voyez ;
Je trouble en ses projets l’amour qui vous possède,
(Agnès regarde si elle ne verra point Horace.)
N’appelez point des yeux le galant à votre aide,
1490 Il est trop éloigné pour vous donner secours ;
Ah, ah, si jeune encor, vous jouez de ces tours,
Votre simplicité, qui semble sans pareille,
Demande si l’on fait les enfants par l’oreille,
Et vous savez donner des rendez-vous la nuit,
1495 Et pour suivre un galant vous évader sans bruit.
Tudieu ? comme avec lui votre langue cajole [10] ;
Il faut qu’on vous ait mise à quelque bonne école.
Qui diantre tout d’un coup vous en a tant appris ?
Vous ne craignez donc plus de trouver des esprits ?
1500 Et ce galant la nuit vous a donc enhardie.
Ah, coquine, en venir à cette perfidie ;
Malgré tous mes bienfaits former un tel dessein,
Petit serpent que j’ai réchauffé dans mon sein,
Et qui dès qu’il se sent, par une humeur ingrate,
1505 Cherche à faire du mal à celui qui le flatte.

AGNÈS
Pourquoi me criez-vous ?

ARNOLPHE
J’ai grand tort en effet.

AGNÈS
Je n’entends point de mal dans tout ce que j’ai fait.

ARNOLPHE
Suivre un galant n’est pas une action infâme ?

AGNÈS
C’est un homme qui dit qu’il me veut pour sa femme ;
1510 J’ai suivi vos leçons, et vous m’avez prêché
Qu’il se faut marier pour ôter le péché.

ARNOLPHE
Oui, mais pour femme moi je prétendais vous prendre,
Et je vous l’avais fait, me semble, assez entendre.

AGNÈS
Oui, mais à vous parler franchement entre nous,
1515 Il est plus pour cela, selon mon goût, que vous ;
Chez vous le mariage est fâcheux et pénible,
Et vos discours en font une image terrible :
Mais las ! il le fait lui si rempli de plaisirs,
Que de se marier il donne des désirs.

ARNOLPHE
Ah, c’est que vous l’aimez, traîtresse.

AGNÈS
1520 Oui je l’aime.

ARNOLPHE
Et vous avez le front de le dire à moi-même ?

AGNÈS
Et pourquoi s’il est vrai, ne le dirais-je pas ?

ARNOLPHE
Le deviez-vous aimer [11] ? impertinente.

AGNÈS
Hélas !
Est-ce que j’en puis mais ? Lui seul en est la cause,
1525 Et je n’y songeais pas lorsque se fit la chose.

ARNOLPHE
Mais il fallait chasser cet amoureux désir.

AGNÈS
Le moyen de chasser ce qui fait du plaisir ?

ARNOLPHE
Et ne saviez-vous pas que c’était me déplaire ?

AGNÈS
Moi, point du tout, quel mal cela vous peut-il faire ?

ARNOLPHE
1530 Il est vrai, j’ai sujet d’en être réjoui,
Vous ne m’aimez donc pas à ce compte ?

AGNÈS
Vous ?

ARNOLPHE
Oui.

AGNÈS
Hélas, non.

ARNOLPHE
Comment, non ?

AGNÈS
Voulez-vous que je mente ?

ARNOLPHE
Pourquoi ne m’aimer pas, Madame l’impudente ?

AGNÈS
Mon Dieu, ce n’est pas moi que vous devez blâmer ;
1535 Que ne vous êtes-vous comme lui fait aimer ?
Je ne vous en ai pas empêché, que je pense.

ARNOLPHE
Je m’y suis efforcé de toute ma puissance ;
Mais les soins que j’ai pris, je les ai perdus tous.

AGNÈS
Vraiment il en sait donc là-dessus plus que vous ;
1540 Car à se faire aimer il n’a point eu de peine.

ARNOLPHE
Voyez comme raisonne et répond la vilaine.
Peste, une précieuse en dirait-elle plus ?
Ah ! je l’ai mal connue, ou ma foi là-dessus
Une sotte en sait plus que le plus habile homme ;
1545 Puisque en raisonnement votre esprit se consomme [12] ,
La belle raisonneuse, est-ce qu’un si long temps
Je vous aurai pour lui nourrie à mes dépens ?

AGNÈS
Non, il vous rendra tout jusques au dernier double [13] .

ARNOLPHE
Elle a de certains mots où mon dépit redouble,
1550 Me rendra-t-il, coquine, avec tout son pouvoir
Les obligations que vous pouvez m’avoir ?

AGNÈS
Je ne vous en ai pas de si grandes qu’on pense.

ARNOLPHE
N’est-ce rien que les soins d’élever votre enfance ?

AGNÈS
Vous avez là dedans bien opéré vraiment,
1555 Et m’avez fait en tout instruire joliment ;
Croit-on que je me flatte, et qu’enfin dans ma tête
Je ne juge pas bien que je suis une bête ?
Moi-même j’en ai honte, et dans l’âge où je suis
Je ne veux plus passer pour sotte, si je puis.

ARNOLPHE
1560 Vous fuyez l’ignorance, et voulez, quoi qu’il coûte,
Apprendre du blondin quelque chose.

AGNÈS
Sans doute,
C’est de lui que je sais ce que je puis savoir [14] ,
Et beaucoup plus qu’à vous je pense lui devoir.

ARNOLPHE
Je ne sais qui [15] me tient qu’avec une gourmade
1565 Ma main de ce discours ne venge la bravade.
J’enrage quand je vois sa piquante froideur,
Et quelques coups de poing satisferaient mon cœur.

AGNÈS
Hélas, vous le pouvez, si cela vous peut plaire.

ARNOLPHE
Ce mot, et ce regard désarme [16] ma colère,
1570 Et produit un retour de tendresse et de cœur,
Qui de son action m’efface la noirceur [17] .
Chose étrange ! d’aimer, et que pour ces traîtresses
Les hommes soient sujets à de telles faiblesses,
Tout le monde connaît leur imperfection.
1575 Ce n’est qu’extravagance, et qu’indiscrétion ;
Leur esprit est méchant, et leur âme fragile,
Il n’est rien de plus faible et de plus imbécile,
Rien de plus infidèle, et malgré tout cela
Dans le monde on fait tout pour ces animaux-là.
1580 Hé bien, faisons la paix, va petite traîtresse,
Je te pardonne tout, et te rends ma tendresse ;
Considère par là l’amour que j’ai pour toi,
Et me voyant si bon, en revanche aime-moi.

AGNÈS
Du meilleur de mon cœur, je voudrais vous complaire,
1585 Que me coûterait-il, si je le pouvais faire ?

ARNOLPHE
Mon pauvre petit bec, tu le peux si tu veux [18] .
(Il fait un soupir.)
Écoute seulement ce soupir amoureux,
Vois ce regard mourant, contemple ma personne,
Et quitte ce morveux, et l’amour qu’il te donne ;
1590 C’est quelque sort qu’il faut qu’il ait jeté sur toi,
Et tu seras cent fois plus heureuse avec moi.
Ta forte passion est d’être brave* [i] et leste,
Tu le seras toujours, va, je te le proteste ;
Sans cesse nuit et jour je te caresserai,
1595 Je te bouchonnerai [19] , baiserai, mangerai ;
Tout comme tu voudras, tu pourras te conduire,
Je ne m’explique point, et cela c’est tout dire.
(À part.)
Jusqu’où la passion peut-elle faire aller ?
Enfin à mon amour rien ne peut s’égaler ;
1600 Quelle preuve veux-tu que je t’en donne, ingrate ?
Me veux-tu voir pleurer ? Veux-tu que je me batte ?
Veux-tu que je m’arrache un côté de cheveux ?
Veux-tu que je me tue ? Oui, dis si tu le veux,
Je suis tout prêt, cruelle, à te prouver ma flamme.

AGNÈS
1605 Tenez, tous vos discours ne me touchent point l’âme.
Horace avec deux mots en ferait plus que vous.

ARNOLPHE
Ah ! c’est trop me braver, trop pousser mon courroux ;
Je suivrai mon dessein, bête trop indocile,
Et vous dénicherez à l’instant de la ville ;
1610 Vous rebutez mes vœux, et me mettez à bout ;
Mais un cul de couvent [20] me vengera de tout.
SCÈNE V
ARNOLPHE, AGNÈS, ALAIN [21] .
ALAIN
Je ne sais ce que c’est, Monsieur, mais il me semble
Qu’Agnès et le corps mort s’en sont allés ensemble.

ARNOLPHE
La voici ; dans ma chambre allez me la nicher,
1615 Ce ne sera pas là qu’il la viendra chercher,
Et puis c’est seulement pour une demie-heure,
Je vais pour lui donner une sûre demeure
Trouver une voiture ; enfermez-vous des mieux,
Et surtout gardez-vous de la quitter des yeux :
1620 Peut-être que son âme étant dépaysée
Pourra de cet amour être désabusée.
SCÈNE VI
ARNOLPHE, HORACE.
HORACE
Ah ! je viens vous trouver accablé de douleur,
Le Ciel, Seigneur Arnolphe, a conclu [22] mon malheur,
Et par un trait fatal d’une injustice extrême
1625 On me veut arracher de la beauté que j’aime.
Pour arriver ici mon père a pris le frais [23] ,
J’ai trouvé qu’il mettait pied à terre ici près,
Et la cause en un mot d’une telle venue,
Qui, comme je disais, ne m’était pas connue,
1630 C’est qu’il m’a marié sans m’en récrire rien [24] ,
Et qu’il vient en ces lieux célébrer ce lien.
Jugez, en prenant part à mon inquiétude,
S’il pouvait m’arriver un contre-temps plus rude ;
Cet Enrique, dont hier je m’informais à vous,
1635 Cause tout le malheur dont je ressens les coups ;
Il vient avec mon père achever ma ruine,
Et c’est sa fille unique à qui l’on me destine.
J’ai dès leurs premiers mots pensé m’évanouir,
Et d’abord sans vouloir plus longtemps les ouïr ;
1640 Mon père ayant parlé de vous rendre visite
L’esprit plein de frayeur je l’ai devancé vite :
De grâce, gardez-vous de lui rien découvrir
De mon engagement, qui le pourrait aigrir,
Et tâchez, comme en vous il prend grande créance,
1645 De le dissuader de cette autre alliance.

ARNOLPHE
Oui-da.

HORACE
Conseillez-lui de différer un peu,
Et rendez en ami ce service à mon feu.

ARNOLPHE
Je n’y manquerai pas.

HORACE
C’est en vous que j’espère.

ARNOLPHE
Fort bien

HORACE
Et je vous tiens mon véritable père ;
1650 Dites-lui que mon âge... ah ! je le vois venir,
Écoutez les raisons que je vous puis fournir.
Ils demeurent en un coin du théâtre.
SCÈNE VII
ENRIQUE, ORONTE, CHRYSALDE, HORACE, ARNOLPHE.
ENRIQUE, à Chrysalde.
Aussitôt qu’à mes yeux je vous ai vu paraître,
Quand on ne m’eût rien dit j’aurais su vous connaître ;
Je vous vois tous les traits de cette aimable sœur [25] ,
1655 Dont l’hymen [26] autrefois m’avait fait possesseur ;
Et je serais heureux, si la Parque cruelle
M’eût laissé ramener cette épouse fidèle,
Pour jouir avec moi des sensibles douceurs
De revoir tous les siens après nos longs malheurs :
1660 Mais puisque du destin la fatale puissance
Nous prive pour jamais de sa chère présence,
Tâchons de nous résoudre, et de nous contenter
Du seul fruit amoureux qui m’en est pu rester,
Il vous touche de près. Et sans votre suffrage
1665 J’aurais tort de vouloir disposer de ce gage ;
Le choix du fils d’Oronte est glorieux de soi,
Mais il faut que ce choix vous plaise comme à moi [27] .

CHRYSALDE
C’est de mon jugement avoir mauvaise estime,
Que douter si j’approuve un choix si légitime.

ARNOLPHE, à Horace.
1670 Oui, je vais vous servir de la bonne façon [28] .

HORACE
Gardez encore un coup...

ARNOLPHE
N’ayez aucun soupçon.

ORONTE, à Arnolphe.
Ah ! que cette embrassade est pleine de tendresse.

ARNOLPHE
Que je sens à vous voir, une grande allégresse.

ORONTE
Je suis ici venu...

ARNOLPHE
Sans m’en faire récit,
Je sais ce qui vous mène.

ORONTE
1675 On vous l’a déjà dit ?

ARNOLPHE
Oui.

ORONTE
Tant mieux.

ARNOLPHE
Votre fils à cet hymen [29] résiste,
Et son cœur prévenu n’y voit rien que de triste,
Il m’a même prié de vous en détourner ;
Et moi tout le conseil que je vous puis donner,
1680 C’est de ne pas souffrir que ce nœud se diffère,
Et de faire valoir l’autorité de père ;
Il faut avec vigueur ranger [30] les jeunes gens,
Et nous faisons [31] contre eux à leur être indulgents.

HORACE
Ah traître !

CHRYSALDE
Si son cœur a quelque répugnance,
1685 Je tiens qu’on ne doit pas lui faire violence [32] ;
Mon frère, que je crois, sera de mon avis.

ARNOLPHE
Quoi ? se laissera-t-il gouverner par son fils ?
Est-ce que vous voulez qu’un père ait la mollesse
De ne savoir pas faire obéir la jeunesse ?
1690 Il serait beau vraiment, qu’on le vît aujourd’hui
Prendre loi de qui doit la recevoir de lui.
Non, non, c’est mon intime, et sa gloire est la mienne,
Sa parole est donnée, il faut qu’il la maintienne,
Qu’il fasse voir ici de fermes sentiments,
1695 Et force de son fils tous les attachements.

ORONTE
C’est parler comme il faut, et dans cette alliance,
C’est moi qui vous réponds de son obéissance.

CHRYSALDE, à Arnolphe.
Je suis surpris, pour moi, du grand empressement
Que vous me faites voir pour cet engagement,
1700 Et ne puis deviner quel motif vous inspire...

ARNOLPHE
Je sais ce que je fais, et dis ce qu’il faut dire.

ORONTE
Oui, oui, Seigneur Arnolphe, il est...

CHRYSALDE
Ce nom l’aigrit,
C’est Monsieur de la Souche, on vous l’a déjà dit.

ARNOLPHE
Il n’importe.

HORACE
Qu’entends-je ?

ARNOLPHE, se retournant vers Horace.
Oui c’est là le mystère,
1705 Et vous pouvez juger ce que je devais faire.

HORACE
En quel trouble...
SCÈNE VIII
GEORGETTE, HENRIQUE, ORONTE, CHRYSALDE, HORACE, ARNOLPHE.
GEORGETTE
Monsieur, si vous n’êtes auprès,
Nous aurons de la peine à retenir Agnès,
Elle veut à tous coups s’échapper, et peut-être
Qu’elle se pourrait bien jeter par la fenêtre.

ARNOLPHE
1710 Faites-la-moi venir, aussi bien de ce pas
Prétends-je l’emmener, ne vous en fâchez pas,
Un bonheur continu rendrait l’homme superbe,
Et chacun a son tour, comme dit le proverbe.

HORACE
Quels maux peuvent, ô Ciel égaler mes ennuis ?
1715 Et s’est-on jamais vu dans l’abîme où je suis ?

ARNOLPHE, à Oronte.
Pressez vite le jour de la cérémonie,
J’y prends part, et déjà moi-même je m’en prie.

ORONTE
C’est bien là notre dessein [33] .
SCÈNE IX
AGNÈS, ALAIN, GEORGETTE, HENRIQUE, ORONTE, CHRYSALDE, HORACE, ARNOLPHE.
ARNOLPHE
Venez, belle, venez,
Qu’on ne saurait tenir, et qui vous mutinez,
1720 Voici votre galant, à qui pour récompense
Vous pouvez faire une humble et douce révérence [34] .
(À Horace)
Adieu, l’événement trompe un peu vos souhaits ;
Mais tous les amoureux ne sont pas satisfaits.

AGNÈS
Me laissez-vous, Horace, emmener de la sorte ?

HORACE
1725 Je ne sais où j’en suis, tant ma douleur est forte.

ARNOLPHE
Allons, causeuse, allons.

AGNÈS
Je veux rester ici.

ORONTE
Dites-nous ce que c’est que ce mystère-ci,
Nous nous regardons tous sans le pouvoir comprendre.

ARNOLPHE
Avec plus de loisir je pourrai vous l’apprendre,
Jusqu’au revoir.

ORONTE
1730 Où donc prétendez-vous aller ?
Vous ne nous parlez point, comme il nous faut parler.

ARNOLPHE
Je vous ai conseillé malgré tout son murmure,
D’achever l’hyménée [35] .

ORONTE
Oui, mais pour le conclure
Si l’on vous a dit tout, ne vous a-t-on pas dit
1735 Que vous avez chez vous celle dont il s’agit ?
La fille qu’autrefois de l’aimable Angélique
Sous des liens secrets eut le seigneur Enrique.
Sur quoi votre discours était-il donc fondé ?

CHRYSALDE
Je m’étonnais aussi de voir son procédé.

ARNOLPHE
Quoi...

CHRYSALDE
1740 D’un hymen [36] secret ma sœur eut une fille,
Dont on cacha le sort à toute la famille.

ORONTE
Et qui sous de feints noms pour ne rien découvrir,
Par son époux aux champs fut donnée à nourrir.

CHRYSALDE
Et dans ce temps le sort lui déclarant la guerre,
1745 L’obligea de sortir de sa natale terre.

ORONTE
Et d’aller essuyer mille périls divers
Dans ces lieux séparés de nous par tant de mers.

CHRYSALDE
Où ses soins ont gagné ce que dans sa patrie
Avaient pu lui ravir l’imposture et l’envie [37] .

ORONTE
1750 Et de retour en France, il a cherché d’abord
Celle à qui de sa fille il confia le sort.

CHRYSALDE
Et cette paysanne a dit avec franchise,
Qu’en vos mains à quatre ans elle l’avait remise.

ORONTE
Et qu’elle l’avait fait sur votre charité [38] ,
1755 Par un accablement d’extrême pauvreté.

CHRYSALDE
Et lui plein de transport, et l’allégresse en l’âme [39]
A fait jusqu’en ces lieux conduire cette femme.

ORONTE
Et vous allez, enfin, la voir venir ici
Pour rendre aux yeux de tous ce mystère éclairci.

CHRYSALDE
1760 Je devine à peu près quel est votre supplice,
Mais le sort en cela ne vous est que propice ;
Si n’être point cocu vous semble un si grand bien,
Ne vous point marier en est le vrai moyen.

ARNOLPHE, s’en allant tout transporté et ne pouvant parler.
Oh !

ORONTE
D’où vient qu’il s’enfuit sans rien dire ?

HORACE
Ah mon père
1765 Vous saurez pleinement ce surprenant mystère.
Le hasard en ces lieux avait exécuté
Ce que votre sagesse avait prémédité.
J’étais par les doux nœuds d’une ardeur mutuelle [40] ,
Engagé de parole avecque cette belle ;
1770 Et c’est elle en un mot que vous venez chercher,
Et pour qui mon refus a pensé vous fâcher.

ENRIQUE
Je n’en ai point douté d’abord que je l’ai vue,
Et mon âme depuis n’a cessé d’être émue.
Ah ! ma fille, je cède à des transports si doux.

CHRYSALDE
1775 J’en ferais de bon cœur, mon frère, autant que vous.
Mais ces lieux et cela ne s’accommodent guères ;
Allons dans la maison débrouiller ces mystères,
Payer à notre ami ses soins officieux,
Et rendre grâce au Ciel qui fait tout pour le mieux.

Les Questions :

1)Quelle sont les trois péripeties  de cet acte ?

2)Montrez en vous appuyant sur le texte que l'évolution du personnage d'Agnès est terminée.Pour ce faire vous examinerez dans la scène 4 de l'acte V:

-la capacité  à argumenter

-la prise de conscience (la  lucidité)

-l'affirmation de ces sentiments.

(C'est les deux questions que je n'arrive pas)

3)Montrez en vous appuyant sur le texte que le personnage d'Arnolphe a lui aussi évolué comme Agnès,il a découvert l'amour sans pourtant se défaire de sa violence et de son ridicule (scène 4).

(C'est l'autre question que j'arrive pas)

Où j'en suis dans mon devoir

1)Les trois premier péripeties sont dans un premier temps dans la scène 2 ou HOorace qui a déjoué  la ruse d'Arnolphe  lui confie son projet d'enlever Agnès et lui demande son aide.

Dans seconde chance ou Horace confie à Arnolphe confie à Arnolphe le projet de son père de lui marier et lui demande son aide (scène 6)

La derniere peripeties est la vérité sur la naissance d'Agnès.

2)

3)

J'aurai vraiment besoin d'aide pour ses questions merci d'avance




2 commentaires pour ce devoir


tam35
tam35
Posté le 4 avr. 2018

Je crois qu’il y a la correction de ce devoir sur internet 

Anonyme
Posté le 5 avr. 2018

Tu pourrai m'envoyer un lien car je n'est pas trouver s'il te plait 


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