Français devoir 4 ; 2NDE CNED

Publié le 24 févr. 2011 il y a 13A par Anonyme - Fin › 3 mars 2011 dans 13A
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Sujet du devoir

J'ai trois textes et on me demande :


Texte A. Victor Hugo, Les Contemplations (1856)

Victor Hugo, en réglant ses comptes avec l’enseignement qu’il a subi, rêve d’un avenir meilleur.


« À propos d’Horace »

J’étais alors en proie à la mathématique.
Temps sombre ! Enfant ému du frisson poétique,
Pauvre oiseau qui heurtais du crâne mes barreaux,
On me livrait tout vif aux chiffres, noirs bourreaux ;
On me faisait de force ingurgiter l’algèbre ;
On me liait au fond d’une Boisbertrand1 funèbre ;
On me tordait, depuis les ailes jusqu’au bec,
Sur l’affreux chevalet des X et des Y ;
Hélas, on me fourrait sous les os maxillaires
Le théorème orné de tous ses corollaires ;
Et je me débattais, lugubre patient
Du diviseur prêtant main-forte au quotient.
De là mes cris.

1. Auteur d’un cours d’algèbre (1811).


Un jour, quand l’homme sera sage,
Lorsqu’on n’instruira plus les oiseaux par la cage,
Quand les sociétés difformes sentiront
Dans l’enfant mieux compris se redresser leur front,
Que, des libres essors ayant sondé les règles,
On connaîtra la loi de croissance des aigles,
Et que le plein midi rayonnera pour tous,
Savoir étant sublime, apprendre sera doux.
Alors, tout en laissant au sommet des études
Les grands livres latins et grecs, ces solitudes
Où l’éclair gronde, où luit la mer, où l’astre rit,
Et qu’emplissent les vents immenses de l’esprit,
C’est en les pénétrant d’explication tendre,
En les faisant aimer, qu’on les fera comprendre.
Homère emportera dans son vaste reflux
L’écolier ébloui ; l’enfant ne sera plus
Une bête de somme attelée à Virgile ;
Et l’on ne verra plus ce vif esprit agile
Devenir, sous le fouet d’un cuistre ou d’un abbé,
Le lourd cheval poussif du pensum embourbé.


Victor Hugo, Les Contemplations, I, 13 (v. 161-192).
Texte B. Jules Vallès, Le Bachelier (1881)

Voici la dédicace et la première page du roman autobiographique de J. Vallès, Le Bachelier.

À CEUX
qui
nourris de grec et de latin
sont morts de faim,
Je dédie ce livre.
JULES VALLÈS
Paris


En route

J’ai de l’éducation.
« Vous voilà armé pour la lutte - a fait mon professeur en me disant adieu. - Qui triomphe au collège entre en vainqueur
dans la carrière. »
Quelle carrière ?
Un ancien camarade de mon père qui passait à Nantes, et est venu lui rendre visite, lui a raconté qu’un de leurs condisciples
d’autrefois, un de ceux qui avaient eu tous les prix, avait été trouvé mort, fracassé et sanglant, au fond d’une carrière de
pierre, où il s’était jeté après être resté trois jours sans pain.
Ce n’est pas, dans cette carrière qu’il faut entrer : je ne pense pas ; il ne faut pas y entrer la tête la première, en tout cas.
Entrer dans la carrière veut dire : s’avancer dans le chemin de la vie ; se mettre, comme Hercule, dans le carrefour2.
Comme Hercule dans le carrefour, je n’ai pas oublié ma mythologie. Allons ! c’est déjà quelque chose.
Pendant qu’on attelait les chevaux, le proviseur est arrivé pour me serrer la main comme à un de ses plus chers alumni. Il
a dit alumni.

2. Comme Hercule dans le carrefour : allusion à une scène de la mythologie. Hercule, à peine sorti de l’enfance, arrive au croisement de deux routes : il doit choisir entre
celle du Vice et celle de la vertu. Il pend la route de la vertu.


Troublé par l’idée du départ, je n’ai pas compris tout de suite. M. Ribal, le professeur de troisième, m’a poussé le coude.
« Alumn-us, alumn-i », m’a-t-il soufflé tout bas en appuyant sur le génitif3 et en ayant l’air de remettre la boucle de son
pantalon.
- J’y suis ! Alumnus…, cela veut dire « élève », c’est vrai ;
Je ne veux pas être en reste de langue morte4 avec le proviseur ; il me donne du latin, je lui rends du grec :
- Xa&rio )tw& mou& paidagwgw& (ce qui veut dire merci, mon cher maître).
Je fais en même temps un geste de tragédie, je glisse, le proviseur veut me retenir, il glisse aussi ; trois ou quatre personnes
ont failli tomber comme des capucins de cartes5.
Le proviseur (impavidum ferient ruinæ6) reprend le premier son équilibre, et revient vers moi, en marchant un peu sur les
pieds de tout le monde. Il me reparle, en ce moment suprême, de mon éducation.
« Avec ce bagage-là, mon ami… »
Le facteur7 croit qu’il s’agit de mes malles.
« Vous avez des colis ? »
Je n’ai qu’une petite malle, mais j’ai mon éducation.



Texte C. M. Tournier, article du journal Le Monde (8-9 octobre
1978)

« Il y a deux éléments dans l’éducation : l’information et l’initiation. Jusqu’au XVIIIe siècle, l’éducation – essentiellement
morale, humaniste et religieuse – donnait le pas à l’initiation sur l’information. Voltaire et Diderot ont dénoncé cette éducation
par trop désintéressée et aristocratique. Depuis, la part initiatique de l’éducation ne cesse de reculer. On a abandonné
le grec et le latin. La littérature est considérée comme un ornement inutile. L’histoire et la géographie menacent d’être
reléguées à leur tour. Il ne s’agit plus que de fournir à l’enfant des connaissances qui lui serviront dans la vie, c’est-à-dire
qui l’asserviront à la fonction qu’on lui assignera. On veut fabriquer un instrument utile au corps social. C’est doublement
aberrant. D’abord parce qu’il n’y a pas de véritable éducation sans une part totalement inutile, invendable, irrécupérable.
Cet absolu doit être particulièrement préservé chez l’enfant qui est destiné à des tâches répétitives. Je pense que l’enseignement
du grec, du latin et de la poésie française est plus urgent chez les enfants destinés à devenir grutiers ou garçons
bouchers que chez ceux à qui on prépare une carrière d’avocat ou de médecin.
Ensuite, il y a bon nombre de professions – les plus brillantes peut-être – pour lesquelles les exercices mathématiques sont
non seulement inutiles mais sans doute néfastes. Toutes celles qui reposent sur la recherche d’une certaine qualité et non
sur la manipulation de symboles quantitatifs abstraits. La radio, la télévision, la presse, la publicité, l’édition, les industries
textiles, le droit, la diplomatie, les échanges commerciaux, toutes les carrières politiques, je cite pêle-mêle, eh bien ! ces
professions sont résolument antimathématiques. Il y a cependant des professions où une base scientifique est indispensable,
mais où elle doit être dominée par autre chose qui n’est pas scientifique, et l’équilibre est très difficile à obtenir, comme
par exemple la médecine et l’architecture.
On tremble en pensant aux ravages que provoquerait un juge qui n’aurait de culture que mathématique ou un médecin
qui ne connaîtrait que la biologie. Non, le fétichisme des mathématiques et des sciences physiques tel qu’il est pratiqué
actuellement dans notre enseignement est une aberration. Si les enfants ne lui opposaient pas une résistance instinctive
et massive, on verrait sortir des écoles et des universités des masses uniformisées de petits Diafoirus polytechniciens aussi
inutilisables que les Diafoirus jargonnant le latin de cuisine de Molière.
…Je suis un rationaliste intégral. Je crois à la toute-puissance de l’intelligence. J’adhère sous réserve au spinozisme qui
m’enseigne que je m’identifie à Dieu créant le monde dans la seule mesure où je pense et où je comprends. Seulement, la
science n’embrasse qu’une toute petite partie du réel, son réel à elle, qui est fait de concepts abstraits, vidés de leur contenu

3. En appuyant sur le génitif : en insistant sur le complément du nom. Le mot latin signifiant élève est donné au nominatif (ou sujet : alumnus) et au génitif (alumni),
selon le procédé couramment utilisé dans l’enseignement du latin.
4. Je ne veux pas être en reste de langue morte : je veux, moi aussi, prouver ma capacité à utiliser une langue qui n’est plus parlée.
5. Des capucins de cartes : allusion à un jeu pratiqué par les enfants de l’époque. On dirait aujourd’hui : « tomber comme un château de cartes ».
6. Impavidum ferient ruinoe : citation extraite d’une ode du poète latin Horace : « les ruines du monde le frapperont sans l’effrayer ». Au sens figuré, l’expression s’utilise
pour souligner la grandeur et la solidité d’une personne.
7. Facteur : employé chargé du transport des marchandises à domicile.

pour pouvoir être manipulés comme des outils de laboratoire. Or les notions les plus importantes dans la vie de l’esprit et
dans la vie tout court lui échappent complètement. Sur la beauté, le bonheur, la mort, l’amour, le plaisir et la douleur, aucune
discipline scientifique n’a rien à nous dire. Prenons le cas de la santé et de la maladie. Ce ne sont pas des concepts scientifiques.
La biologie ne peut que les ignorer. Pour elle, un dosage de sucre ou d’urée dans le sang est toujours un dosage. Si
le médecin fait la différence entre dosage normal et dosage pathologique et entreprend de guérir, c’est parce qu’il est plus
qu’un biologiste, c’est parce que la médecine n’est pas une science, mais un art doublé d’une technique scientifique. »

Michel TOURNIER
Propos recueillis par le journal Le Monde
(8-9 octobre 1978)


Questions :
1. Ces trois textes abordent différents aspects de l’éducation ou de l’enseignement. Précisez, texte par texte, les thèmes évoqués,
le propos ou les thèses en présence.
2. Identifiez le(s) registre(s) employés dans chacun des textes du corpus.

Où j'en suis dans mon devoir

J'ai du mal avec tout ça en français, je ne sais pas comment m'y prendre ni quoi dire, si quelqu'un pouvait m'aider... Merci :)



3 commentaires pour ce devoir


Anonyme
Posté le 25 févr. 2011
Hey,
Pour la question 1, il te suffit de lire les textes et de trouver de quoi ils parlent exactement. Pour la 2, si tu connais bien les registres à apprendre, tu s'aura les reconnaître.
C'est en quoi exactement que tu as du mal ?
Anonyme
Posté le 25 févr. 2011
Hello :)
C'est justement ça mon problème, je ne sais pas quoi dire, quels sujets reprendre, puis je suppose qu'il faut pas mal détailler en citant des exemples...
Pour les registres je devrais me débrouiller je pense.
Anonyme
Posté le 25 févr. 2011
Je pense qu'ils on tous le thème commun de l'éducation, l'instruction etc...
Après comme exemple tu reprends dans les textes des 'phrases' comme "Lorsqu’on n’instruira" dans le 2ème texte (il y'a d'autres phrases dedans qui en parle), ajoute le numéro de ligne où tu a récupérer chacune de tes phrases et c'est bon :).
Bon courage en tout cas :)

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