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Publié le 10 sept. 2016 il y a 7A par Anonyme - Fin › 13 sept. 2016 dans 7A
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Sujet du devoir

Texte A - Marivaux : Le Jeu de l'amour et du hasard (1730), Acte III, scène 8.
Dorante / Silvia
[Promis en mariage par leurs pères, Dorante et Silvia ont pris l'identité de leurs valets pour mieux s'observer. Dorante s'est démasqué alors que Silvia poursuit le rôle de Lisette pour voir si l'amour vaincra le préjugé.]
[...]
SILVIA. [...] — Que vous importent mes sentiments ?
DORANTE. — Ce qu'ils m'importent, Lisette ? peux-tu douter encore que je ne t'adore ?
SILVIA. — Non, et vous me le répétez si souvent que je vous crois; mais pourquoi m'en persuadez-vous, que voulez-vous que je fasse de cette pensée-là, Monsieur ? Je vais vous parler à cœur ouvert. Vous m'aimez, mais votre amour n'est pas une chose bien sérieuse pour vous; que de ressources n'avez-vous pas pour vous en défaire ! La distance qu'il y a de vous à moi, mille objets1 que vous allez trouver sur votre chemin, l'envie qu'on aura de vous rendre sensible2, les amusements d'un homme de votre condition, tout va vous ôter cet amour dont vous m'entretenez impitoyablement; vous en rirez peut-être au sortir d'ici, et vous aurez raison. Mais moi, Monsieur, si je m'en ressouviens, comme j'en ai peur, s'il m'a frappée, quel secours aurai-je contre l'impression qu'il m'aura faite ? Qui est-ce qui me dédommagera de votre perte ? Qui voulez-vous que mon cœur mette à votre place ? Savez-vous bien que si je vous aimais, tout ce qu'il y a de plus grand dans le monde ne me toucherait plus ? Jugez donc de l'état où je resterais, ayez la générosité3 de me cacher votre amour : moi qui vous parle, je me ferais un scrupule de vous dire que je vous aime, dans les dispositions où vous êtes. L'aveu de mes sentiments pourrait exposer4 votre raison, et vous voyez bien aussi que je vous les cache.
DORANTE. — Ah ! ma chère Lisette, que viens-je d'entendre : tes paroles ont un feu5 qui me pénètre, je t'adore, je te respecte; il n'est ni rang, ni naissance, ni fortune qui ne disparaisse devant une âme comme la tienne. J'aurais honte que mon orgueil tînt encore contre toi, et mon cœur et ma main t'appartiennent.
SILVIA. — En vérité, ne mériteriez-vous pas que je les prisse, ne faut-il pas être bien généreuse6 pour vous dissimuler le plaisir qu'ils me font, et croyez-vous que cela puisse durer ?
DORANTE. — Vous m'aimez donc ?
SILVIA. — Non, non; mais si vous me le demandez encore, tant pis pour vous.


Texte C - Musset : On ne badine pas avec l'amour (1834), Acte III, scène 3.
Camille (cachée) / Perdican / Rosette
[Une jeune aristocrate, Camille, et son cousin Perdican s'affrontent sur leur conception de l'amour. Enfants, ils se sont aimés. Elle a été influencée par le pessimisme des religieuses de son couvent et le juge incapable d'une passion sincère. Par vengeance, Perdican badine et place Camille en situation d'entendre la déclaration d'amour qu'il adresse à une jeune paysanne, Rosette.]
CAMILLE, cachée, à part. — Que veut dire cela ? Il la fait asseoir près de lui ? Me demande-t-il un rendez-vous pour y venir causer avec une autre ? Je suis curieuse de savoir ce qu'il lui dit.
PERDICAN, à haute voix, de manière que Camille l'entende. — Je t'aime, Rosette ! toi seule au monde tu n'as rien oublié de nos beaux jours passés; toi seule tu te souviens de la vie qui n'est plus1; prends ta part de ma vie nouvelle; donne-moi ton cœur, chère enfant; voilà le gage de notre amour.
Il lui pose sa chaîne sur le cou.
ROSETTE. — Vous me donnez votre chaîne d'or ?
PERDICAN. — Regarde à présent cette bague. Lève-toi, et approchons-nous de cette fontaine. Nous vois-tu tous les deux, dans la source, appuyés l'un sur l'autre ? Vois-tu tes beaux yeux près des miens, ta main dans la mienne ? Regarde tout cela s'effacer. (Il jette sa bague dans l'eau.) Regarde comme notre image a disparu; la voilà qui revient peu à peu; l'eau qui s'était troublée reprend son équilibre; elle tremble encore; de grands cercles noirs courent à sa surface; patience, nous reparaissons; déjà je distingue de nouveau tes bras enlacés dans les miens; encore une minute, et il n'y aura plus une ride sur ton joli visage; regarde ! c'était une bague que m'avait donnée Camille2.
CAMILLE, à part. — Il a jeté ma bague dans l'eau.
PERDICAN. — Sais-tu ce que c'est que l'amour, Rosette ? Écoute ! le vent se tait; la pluie du matin roule en perles sur les feuilles séchées que le soleil ranime. Par la lumière du ciel, par le soleil que voilà, je t'aime ! Tu veux bien de moi, n'est-ce pas ? On n'a pas flétri ta jeunesse ? on n'a pas infiltré dans ton sang vermeil les restes d'un sang affadi3 ? Tu ne veux pas te faire religieuse; te voilà jeune et belle dans les bras d'un jeune homme. ô Rosette, Rosette ! sais-tu ce que c'est que l'amour ?
ROSETTE. — Hélas ! monsieur le docteur4, je vous aimerai comme je pourrai.

Texte C - Giraudoux : Intermezzo (1933), Acte III, scène 3.
Isabelle / Le Contrôleur
[Une petite ville provinciale vit une « fantaisie », un « intermède », ou « Intermezzo ». Est-ce la faute de la jeune institutrice, Mademoiselle Isabelle, attirée par l'au-delà et qui rencontre un spectre ?
Le timide Contrôleur des Poids et Mesures, n'écoutant que son cœur, décide de la sauver et vient présenter sa demande en mariage.]
[...]
La porte s'ouvre doucement et donne passage au Contrôleur. Il est en jaquette. Il tient dans ses mains, qui sont gantées beurre frais1, son melon2 et une canne à pomme d'or. Isabelle s'est tournée vers lui.

LE CONTRÔLEUR. — Pas un mot, Mademoiselle ! Je vous en supplie, pas un mot ! Pour le moment, je ne vous vois pas, je ne vous entends pas. Je ne pourrais supporter à la fois ces deux voluptés, primo : être dans la chambre de Mademoiselle Isabelle; secundo : y trouver Mademoiselle Isabelle elle-même. Laissez-moi les goûter l'une après l'autre.
ISABELLE. — Cher Monsieur le Contrôleur...
LE CONTRÔLEUR. — Vous n'êtes pas dans votre chambre, et moi j'y suis. J'y suis seul avec ces meubles et ces objets qui déjà m'ont fait tant de signes par la fenêtre ouverte, ce secrétaire qui reprend ici son nom, qui représente pour moi l'essence du secret, - le pied droit est refait, mais le coffre est bien intact, - cette gravure de Rousseau à Ermenonville, - tu as mis tes enfants à l'Assistance publique, décevant Helvète3, mais à moi tu souris, - et ce porte-liqueurs où l'eau de coing impatiente attend l'heure du dimanche qui la portera à ses lèvres... Du vrai baccarat4... Du vrai coing... Car tout est vrai, chez elle, et sans mélange.
ISABELLE. — Monsieur le Contrôleur, je ne sais vraiment que penser.
LE CONTRÔLEUR. — Car tout est vrai, chez Isabelle. Si les mauvais esprits la trouvent compliquée, c'est justement qu'elle est sincère... Il n'y a de simple que l'hypocrisie et la routine. Si elle voit les fantômes, c'est qu'elle est la seule aussi à voir les vivants. C'est qu'elle est dans le département la seule pure. C'est notre Parsifal5.
ISABELLE. — Puis-je vous dire que j'attends quelqu'un, Monsieur le Contrôleur ?
LE CONTRÔLEUR. — Voilà, j'ai fini. Je voulais me payer une fois dans ma vie le luxe de me dire ce que je pensais d'Isabelle, de me le dire tout haut ! On ne se parle plus assez tout haut. On a peur sans doute de savoir ce qu'on pense. Eh bien, maintenant, je le sais.
ISABELLE. — Moi aussi, et j'en suis touchée.
LE CONTRÔLEUR.— Ah I vous voici, Mademoiselle Isabelle ?
ISABELLE. — Soyons sérieux ! Me voici.
[...]:

 

 

 

 


1. En quoi la situation de communication est-elle comparable dans ces quatre extraits de pièces ? Le titre des pièces l’éclaire-t-elle ? 




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