DM : Un peu d'histoire : la naissance du concept de sélection naturelle

Pendant très longtemps, la Bible fut la seule référence pour expliquer la création de la Terre, l'apparition de l'Homme et de toutes les autres espèces vivantes : "Dieu créa l'Univers, (...) l'homme, (...) la femme ". C'est la théorie créationniste.

Georges Cuvier (1769-1832), zoologiste français fondateur de l’anatomie comparée et de la paléontologie, est l'un des scientifiques à s'être penché sur l'histoire de la Terre et de la Vie. S'appuyant sur la Bible, il n'imagine pas qu'il puisse exister une autre théorie que le créationnisme et soutient l'idée que les espèces ont toujours été les mêmes et n'ont subi aucune évolution depuis leur création. Cependant devant la découverte de restes fossiles d'espèces éteintes, il imagine toutefois une petite nuance : il n'y aurait pas eu une création unique mais plusieurs, successives, suite à la disparition de certains êtres vivants causée par des catastrophes planétaires de type inondations ou séismes (les "déluges" mentionnés dans la Bible).

Pour Cuvier notre faune actuelle n'est donc constituée que de survivants de la faune originelle (fixité des espèces).

Au fur et à mesure des découvertes scientifiques, cette explication du monde a été de plus en plus remise en question par certains opposants (Jean Baptiste Lamarck (1744-1829) pour le plus connu) jusqu'à voler en éclat avec Charles Darwin (1809-1882) et sa théorie de l'évolution annonçant au monde entier

que l'homme descendrait du singe !
Cela leur valut de nombreuses critiques et caricatures...

caricatures de J.B. Lamarck et de Charles DarwinC'est pas sorcier "théorie de l'évolu on" (déposée sur le réseau ou sur Youtube) :

Après lecture des extraits d'ouvrages scien ques proposés au dos et visionnage des 10 premières minutes de l'émission

1/ Expliquer ce que remet en cause Lamarck dans son oeuvre "philosophie zoologique" parue en 1809 et résumer son idée principale.

2/ En quoi Darwin est-il d'accord avec Lamarck ? Sur quoi n'est-il pas d'accord ?
Résumer l'idée principale émise par Darwin dans son oeuvre "de l'origine des espèces" parue en 1859.

3/ De quelle façon Lamarck et Darwin expliquent-ils l'évolu on de la taille du cou des girafes ?
Indiquer alors les principales di érences entre les deux théories Lamarckienne (transformiste) et Darwiniste (évolu oniste).

Une histoire amusante imaginée par Richard Dawkins (biologiste britannique défenseur de la théorie darwinienne) : Deux brontosaures voient un tyrannosaure royal avancer dans leur direction et se mettent à courir aussi vite qu'ils le peuvent. Puis l'un des deux dit à l'autre : « Pourquoi nous fatiguons-nous au juste ? Nous n'avons de toute façon pas la moindre chance d'arriver à courir plus vite qu'un tyrannosaure ! » Et l'autre lui répond cyniquement : « Je ne cherche pas à courir plus viteque le tyrannosaure. Je cherche juste à courir plus vite que toi ! » L'idée est de rappeler à travers cette histoire que le processus concerne davantage une compétition à l'intérieur de chaque espèce qu' une compétition entre espèces.

Jean Bap ste Lamarck naturaliste francais

(1744-1829)

Un peu d'histoire : extraits de textes historiques sur l'évolu on

"On a appelé espèce, toute collec on d'individus semblables qui furent produits par d'autres individus pareils à eux. Ce e dé ni on est exacte; car tout individu jouissant de la vie, ressemble toujours, à très-peu près, à celui ou à ceux dont il provient. Mais on ajoute à ce e dé ni on, la supposi on que les individus qui composent une espèce ne varient jamais dans leur caractère spéci que, et que conséquemment l'espèce a une constance absolue dans la nature. C'est uniquement ce e supposi on que je me propose de comba re, parce que des preuves évidentes obtenues par l'observa on constatent qu'elle n'est pas fondée." (...)

"Quan té de faits nous apprennent qu'à mesure que les individus d'une de nos espèces changent de situa on, de climat, de manière d'être ou d'habitude, ils en reçoivent des in uences qui changent peu à peu la consistance et les propor ons de leurs par es, leur forme, leurs facultés, leur organisa on même ; en sorte que tout en eux par cipe, avec le temps, aux muta ons* qu' ils ont éprouvées.

Dans le même climat, des situa ons et des exposi ons très di érentes, font d' abord simplement varier les individus qui s' y trouvent exposés ; mais, par la suite des temps, la con nuelle di érence des situa ons des individus dont je parle, qui vivent et se reproduisent successivement dans les mêmes circonstances, amène en eux des di érences qui deviennent, en quelque sorte, essen elles à leur être ; de manière qu' à la suite de beaucoup de généra ons qui se sont succédées les unes aux autres, ces individus, qui appartenaient originairement à une autre espèce, se trouvent à la n transformés en une espèce nouvelle, dis ncte de l' autre."

* muta ons : à prendre dans le sens de transforma ons. Lamarck, Philosophie Zoologique,tome 1 (1809).

Dès l’introduc on de L’origine des espèces, Darwin écrit :

"On comprend facilement qu’un naturaliste qui aborde l’étude de l’origine des espèces et qui observe les a nités mutuelles des êtres organisés, leurs rapports embryologiques, leur distribu on géographique, leur succession géologique et d’autres faits analogues, en vienne à la conclusion que les espèces n’ont pas été créées indépendamment les unes des autres, mais que, comme les variétés, elles descendent d’autres espèces. Toutefois, en adme ant même que ce e conclusion soit bien établie, elle serait peu sa sfaisante jusqu’à ce que l’on ait pu prouver comment les innombrables espèces habitant la Terre, se sont modi ées de façon à acquérir ce e perfec on de forme et de coadapta on qui excite à si juste tre notre admira on. "

Au début du XIXe siècle, l’Angleterre est un pays d’éleveurs. Charles Darwin, en rela on avec un bon nombre d'entre eux fut frappé par la manière dont ces derniers pouvaient modi er les di érentes races domes ques en sélec onnant à chaque généra on les individus qu'ils considèrent les mieux adaptés à leurs besoins.

" Il est certain que plusieurs de nos éleveurs les plus éminents ont, pendant le cours d’une seule vie d’homme, considérablement modi é leurs bes aux et leurs moutons. Le pouvoir de sélec on, d’accumula on, que possède l’homme, est la clef de ce problème ; la nature fournit les varia ons successives, l’homme les accumule dans certaines direc ons qui lui sont u les. Dans ce sens, on peut dire que l’homme crée à son pro t des races u les (...)

Le principe de la sélec on permet à l’agriculteur, non seulement de modi er le caractère de son troupeau, mais de le transformer en èrement. C’est la bague e magique au moyen de laquelle il peut appeler à la vie les formes et les modèles qui lui plaisent." (...)

"Faut-il donc s'étonner, quand on voit que des varia ons u les à l'homme se sont certainement produites, que d'autres varia ons, u les à l'animal dans la grande et terrible bataille de la vie, se produisent dans le cours de nombreuses généra ons? Si ce fait est admis, pouvons-nous douter (il faut toujours se rappeler qu'il naît beaucoup plus d'individus qu'il n'en peut vivre) que les individus possédant un avantage quelconque, quelque léger qu'il soit d'ailleurs, aient la meilleure chance de vivre et de se reproduire? Nous pouvons être certains, d'autre part, que toute varia on, si peu nuisible qu'elle soit à l'individu; entraîne forcément la dispari on de celui-ci. J'ai donné le nom de sélec on naturelle ou depersistance du plus apte à ce e conserva on des di érences et des varia ons individuelles favorables et à ce e élimina on des varia ons nuisibles"

Charles Darwin naturaliste britannique (1809-1882)

Darwin "de l'origine des espèces" (1859)