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Publié le 4 janv. 2017 il y a 7A par Anonyme - Fin › 6 janv. 2017 dans 7A
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Sujet du devoir

L’histoire est connaissance mutilée. Un historien ne dit pas ce qu’a été l’Empire romain ou la Résistance française en 1944, mais ce qu’il est encore possible d’en savoir. Il va assurément de soi qu’on ne peut pas écrire l’histoire d’événements dont il ne reste aucune trace, mais il est curieux que cela aille de soi : ne prétend-on pas cependant que l’histoire est ou doit être reconstitution intégrale du passé ? N’intitule-t-on pas des livres « Histoire de Rome » ou « La Résistance en France » ? L’illusion de reconstitution intégrale vient de ce que les documents, qui nous fournissent les réponses, nous dictent aussi des questions ; par là, non seulement ils nous laissent ignorer beaucoup de choses, mais encore ils nous laissent ignorer que nous les ignorons. Car c’est presque un effort contre nature que d’aller imaginer que puisse exister une chose dont rien ne nous dit qu’elle existe.

La connaissance historique est taillée sur le patron de documents mutilés ; nous ne souffrons pas spontanément de cette mutilation et nous devons faire un effort pour la voir. Nous ne refusons pas le titre de fait historique à quelques événements, sous prétexte que les causes en demeurent inconnaissables. L’histoire ne comporte pas de seuil de connaissance ni de minimum d’intelligibilité et rien de ce qui a été, du moment que cela a été, n’est irrecevable pour elle. L’histoire n’est donc pas une science ; elle n’en a pas moins sa rigueur, mais cette rigueur se place à l’étage de la critique. »

Paul Veyne, Comment on écrit l’histoire.




2 commentaires pour ce devoir


willffy
willffy
Posté le 4 janv. 2017

L’histoire est connaissance mutilée.

 

Un historien ne dit pas ce qu’a été l’Empire romain ou la Résistance française en 1944, mais ce qu’il est encore possible d’en savoir. Il va assurément de soi qu’on ne peut pas écrire l’histoire d’événements dont il ne reste aucune trace, mais il est curieux que cela aille de soi : ne prétend-on pas cependant que l’histoire est ou doit être reconstitution intégrale du passé ? N’intitule-t-on pas des livres « Histoire de Rome » ou « La Résistance en France » ? L’illusion de reconstitution intégrale vient de ce que les documents, qui nous fournissent les réponses, nous dictent aussi des questions ; par là, non seulement ils nous laissent ignorer beaucoup de choses, mais encore ils nous laissent ignorer que nous les ignorons. Car c’est presque un effort contre nature que d’aller imaginer que puisse exister une chose dont rien ne nous dit qu’elle existe.

La connaissance historique est taillée sur le patron de documents mutilés ; nous ne souffrons pas spontanément de cette mutilation et nous devons faire un effort pour la voir. Nous ne refusons pas le titre de fait historique à quelques événements, sous prétexte que les causes en demeurent inconnaissables. L’histoire ne comporte pas de seuil de connaissance ni de minimum d’intelligibilité et rien de ce qui a été, du moment que cela a été, n’est irrecevable pour elle. L’histoire n’est donc pas une science ; elle n’en a pas moins sa rigueur, mais cette rigueur se place à l’étage de la critique. »


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