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Sujet du devoir
TEXTES
A. Jean Cocteau [1889- 1963], Le Rappel à l’ordre, © Comité Jean Cocteau, 1926.
B. Francis Ponge [1899- 1988], « Le pain », Le Parti pris des choses, © Éditions Gallimard, 1942.
C. Jacques Réda [1929], « La bicyclette », Retour au calme, © Éditions Gallimard, 1989.
Texte A
Jean Cocteau, Le Rappel à l’ordre
On a coutume de présenter la poésie comme une dame voilée, langoureuse, étendue sur un nuage. Cette dame a une voix musicale et ne dit que des mensonges. Maintenant, connaissez-vous la surprise qui consiste à se trouver soudain en face de son propre nom comme s’il appartenait à un autre, à voir, pour ainsi dire, sa forme et à entendre le bruit de ses syllabes sans l’habitude aveugle et sourde que donne une longue intimité? Le sentiment qu’un fournisseur, par exemple, ne connaît pas un mot qui nous paraît si connu, nous ouvre les yeux, nous débouche les oreilles. Un coup de baguette fait revivre le lieu commun. Il arrive que le même phénomène se produise pour un objet, un animal. L’espace d’un éclair, nous «voyons » un chien, un fiacre, une maison,« pour la première fois ». Tout ce qu’ils présentent de spécial, de fou, de ridicule, de beau nous accable. Immédiatement après, l’habitude frotte cette image puissante avec sa gomme. Nous caressons le chien, nous arrêtons le fiacre, nous habitons la maison. Nous ne les voyons plus. Voilà le rôle de la poésie. Elle dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement.
Inutile de chercher au loin des objets et des sentiments bizarres pour surprendre le dormeur éveillé. C’est là le système du mauvais poète et ce qui nous vaut l’exotisme. Il s’agit de lui montrer ce sur quoi son cœur, son œil glissent chaque jour, sous un angle et avec une vitesse tels qu’il lui paraît le voir et s’en émouvoir pour la première fois. Voilà bien la seule création permise à la créature. Car s’il est vrai que la multitude des regards patine les statues, les lieux communs, chefs-d’œuvre éternels, sont recouverts d’une épaisse patine qui les rend invisibles et cache leur beauté. Mettez un lieu commun(1) en place, nettoyez-le, frottez-le, éclairez-le de telle sorte qu’il frappe avec sa jeunesse et avec la même fraîcheur, le même jet qu’il avait à sa source, vous ferez œuvre de poète.
1. idée banale utilisée par tous.
Texte B
Francis Ponge, Le Parti pris des choses
Le pain
La surface du pain est merveilleuse d’abord à cause de cette impression quasi panoramique qu’elle donne : comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d’éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s’est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, — sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l’on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent: elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient moins friable… Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation.
Texte C
Jacques Réda, Retour au calme
La bicyclette
Passant dans la rue un dimanche à six heures, soudain,
Au bout d’un corridor fermé de vitres en losange,
On voit un torrent de soleil qui roule entre des branches
Et se pulvérise à travers les feuilles d’un jardin,
5
Avec des éclats palpitants au milieu du pavage
Et des gouttes d’or — en suspens aux rayons d’un vélo.
C’est un grand vélo noir, de proportions parfaites,
Qui touche à peine au mur. Il a la grâce d’une bête
En éveil dans sa fixité calme : c’est un oiseau.
10
La rue est vide. Le jardin continue en silence
De déverser à flots ce feu vert et doré qui danse
Pieds nus, à petits pas légers sur le froid du carreau.
Parfois un chien aboie ainsi qu’aux abords d’un village.
On pense à des murs écroulés, à des bois, des étangs.
15
La bicyclette vibre alors, on dirait qu’elle entend.
Et voudrait-on s’en emparer, puisque rien ne l’entrave,
On devine qu’avant d’avoir effleuré le guidon
Éblouissant, on la verrait s’enlever d’un seul bond
À travers le vitrage à demi noyé qui chancelle,
20
Et lancer dans le feu du soir les grappes d’étincelles
Qui font à présent de ses roues deux astres en fusion.
Après avoir pris connaissance de l’ensemble des textes, vous répondrez d’abord aux questions suivantes:
À laquelle de ces deux conceptions les poèmes qui vous sont proposés correspondent-ils ? Justifiez votre réponse par des exemples précis tirés des textes du corpus.
Où j'en suis dans mon devoir
pouvez vous maidez a repondre a cette question je nai pas compris jai vraiment besoin daide merci davance
ps: jai deja repondu a la premiere question
2 commentaires pour ce devoir
Tu as posé le même sujet il y a deux jours et je t'ai répondu.
Posté le 4 avr. 2017
Cocteau refuse d'idée d'une poésie qui voilerait les choses et proposerait sentiments et mensonges pour donner un exotisme de pacotille. Au contraire, il défend une poésie qui change notre regard, qui nous montre autrement les objets qui nous entourent et dont nous ne soupçonnions pas l'originalité ou la beauté. A la poésie du voile, il préfère celle du dévoilement qui redonne aux mots leurs sens profonds.
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À laquelle de ces deux conceptions les poèmes qui vous sont proposés correspondent-ils ?
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